La carte d’identité et le découpage administratif sont les armes non conventionnelles de Me Wade pour 2012 Par Mandiaye Gaye

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La carte d’identité et le découpage administratif sont les armes non conventionnelles de Me Wade pour 2012.

Nous avons tous remarqué et constaté aussi, qu’à l’approche de la présidentielle de 2012, la peur et le doute semblent habiter et créer le désarroi dans le camp du pouvoir. Sachant que les solutions frauduleuses appliquées dans le passé ne pourront plus prévaloir et prospérer, il va falloir donc  pour le camp présidentiel, en trouver d’autres imparables, selon eux. Au vu de la situation qui prévaut actuellement dans le pays, il y a bien une volonté manifeste du pouvoir à manœuvrer, pour fausser par tous les moyens, les prochaines consultations électorales. Et pour y arriver, le pouvoir a pensé et pris à son niveau personnel,  la décision unilatérale de  faire une restriction ou plutôt une discrimination à l’endroit des jeunes, arrivés à l’âge de voter, pour leur inscription, sur les listes électorales. En plus de l’élément indispensable pour l’inscription qui est la carte d’identité, le pouvoir a visé aussi le découpage ou plutôt saucissonnage administratif bidon, comme second élément, qui sera couplé au premier, pour constituer une parade qui, pensent-ils, leur garantirait une victoire sans coup férir.

La carte d’identité nationale numérisée (CINN) étant devenue obligatoire pour tout citoyen sénégalais âgé de 15 ans et plus, elle doit être dès lors, non seulement gratuite, mais doit être délivrée avec diligence et dans les plus brefs délais, à tous les citoyens qui en font la demande et qui en ont bien le droit. C’est une obligation régalienne qui ne doit souffrir d’aucun manquement de la part des autorités de l’Etat. Or présentement, tel n’est pas malheureusement le cas dans la République du Sénégal. C’est de l’anachronisme propre à un Etat de non droit pour ne pas dire précolonial où le droit du citoyen est foulé aux pieds allégrement. Compte tenu de la période pré-électorale et de la révision générale des inscriptions sur les listes électorales, l’Etat devrait déployer tous les moyens nécessaires, pour faciliter aux citoyens concernés, les conditions à disposer de toutes leurs pièces d’état civil indispensables, pour s’inscrire convenablement, sans aucune difficulté, sur les listes. Mais Hélas !

En vérité, quand un Etat est dans l’incapacité de remplir et de respecter ses obligations régaliennes les plus élémentaires vis-à-vis de ses citoyens, à savoir : leur établir une carte d’identité nationale numérisée, aux fins de leur identification en tant que citoyen, peut-il légalement exiger d’eux en retour, ce document indispensable et obligatoire,  dont elle, l’autorité compétente ne s’est pas acquittée ? Surtout que dans les règles  sa délivrance est une obligation. Voilà un réel problème de sécurité élémentaire  qui se pose à l’Etat du Sénégal, supposé être celui de droit, que notre pays sous l’alternance n’arrive même plus à satisfaire. Et pourtant l’identification par l’établissement d’une CINN est une obligation absolue qui incombe à l’Etat, comme l’est également du reste, celui d’un bulletin de naissance, à chaque Sénégalais. A notre souvenance, depuis et même avant notre indépendance, le problème d’établissement d’une carte d’identité ne s’est jamais posé à nous, et cependant, nous étions à l’époque beaucoup moins outillés  que maintenant dans tous les domaines.

Nous sommes aujourd’hui, à l’ère du numérique où tout peut se faire en temps réel  et à l’instant même. L’Etat du Sénégal, parfaitement au fait du calendrier républicain est conscient que nous sommes de surcroit en année électorale et de révision générale des listes électorales. Ce qui veut dire que toutes ces dépenses sont bien prévues  et devraient être prises en charge dans le  principe, par le Budget de l’Etat. Mais voilà que nous découvrons avec amertume des manquements –délibérés- injustifiables et  relatifs à la confection des CINN.  Il est inadmissible, à l’heure où il est parfaitement aisé de faire une photo à la minute, comme il est possible également de participer à des milliers de Km d’ici, à une conférence, tout en restant chez-soi –la téléconférence-, donc avec toutes ces possibilités que nous offre le numérique, que l’on nous sorte des histoires à dormir debout à ce sujet. Par conséquent, l’établissement d’une carte d’identité numérisée soi-disant, se fait maintenant partout dans le monde moderne où l’Etat est sérieux et, est celui de droit véritable mais non virtuel. Dans ces véritables  Etats modernes et de droit et où les autorités sont  au diapason de la numérisation comme technologie de pointe, non seulement tous les citoyens sont dotés de la CINN pour une raison évidente qui tient à leur droit de citoyen, mais aussi à la sécurisation et la protection. Il s’y ajoute encore, que cela s’y fait dans un court délai et gratuitement, parce que le système et la technique sont devenus ordinaires et leur coût relativement faible, aujourd’hui.

Il est peut être inutile de le rappeler, parce que cela est connu de tout le monde, à savoir  que notre Constitution est une pâte à modeler entre les mains de Me Wade, président de la République. Et qu’il en est de même aussi, de toutes les lois de la république. Elles sont toutes modifiées à chaque fois que ce dernier en éprouve le besoin, pour une raison politique partisane et strictement personnelle.

Alors c’est dans le même rythme que la Constitution subit les assauts répétés de Me Wade pour s’aménager des plages politiques qui l’avantagent par rapport à ses adversaires dans la compétition, afin de gagner et de conserver le pouvoir le plus longtemps possible, que les lois aussi subissent le même sort quand celles-ci ne lui conviennent plus. Tout ceci est fait dans le but de venir en appoint et de renforcer ses pouvoirs personnels, déjà exorbitants,  qui sont essentiellement fondés sur les violations récurrentes de nos lois. C’est ainsi que nos lois sont devenues de simples brouillons que le président de la République peut modifier à tout moment, pour un oui ou un non, par de simples décrets. Et les veilles de consultations électorales sont particulièrement les moments privilégiés par  le maître, pour buffer et remplacer, tout aspect qui pourrait gêner en quoi que ce soit sa réélection ou celle des candidats de son parti.

C’est aussi pour les mêmes raisons politiques, que le découpage administratif est concocté avec précipitation, à l’approche de la présidentielle de 2012, comme ce fut celui des locales de 2009. Dans cette opération, aucune des raisons qui peuvent motiver et justifier valablement un découpage, et moins encore, qui président à l’objet, selon la loi de la décentralisation, ne se présente dans les cas visés. Ce découpage ne vise et n’a qu’un seul objectif, c’est celui d’enlever de façon illégale des élus du peuple par le suffrage universel, pour les remplacer par une délégation spéciale installée par le président de la République, parce que ceux-là qui sont en fonction, appartiennent simplement à l’opposition. C’est manifestement, une violation flagrante des règles de la démocratie et de la souveraineté du peuple, par le fait de vouloir substituer son propre choix, à celui du suffrage universel.

En vérité, la rétention par la confection sélective des CINN et leur distribution parcimonieuse et partisane, comme le découpage administratif, prévu et décidé arbitrairement à pied levé par le président de la République, sous la dictée de son ministre chargé de la décentralisation, ne sont rien d’autre qu’une machination politique ou plutôt politicienne, pour fausser l’équilibre entre les protagonistes, et truquer  la prochaine élection présidentielle. Cette manœuvre cousue de fil blanc doit être claire aux yeux de tous les citoyens, qu’elle tend à détourner notre vigilance et détermination.  A cet effet, Il ne faut surtout pas perdre de vue, que  Me Wade a une peur bleue de notre jeunesse, parce que convaincu de l’avoir trahie depuis l’an 2000. Il redoute effectivement, que celle-ci ne soit pas la lame de fond de sa prochaine défaite, au cas où sa candidature illégale serait malgré tout acceptée par le Conseil constitutionnel. Ceci est une préoccupation majeure que Me Wade tente de dissimiler à travers des manœuvres de toutes sortes.

Toutes ces manœuvres du régime en place avec ses suppôts et souteneurs de tout bord ne tendent toutes, qu’à détourner  la jeunesse essentiellement et tous les citoyens conscients du mal que Wade nous a causés et qui ont décidé fermement de l’enlever de la tête de notre pays dans tous les cas.

Alors, ce combat est tout à fait citoyen. A ce titre, il est celui de toutes les forces patriotique de notre peuple sans exclusive. Et de ce point de vue, il ne devrait point être question de le laisser entre les seules mains ou à la charge d’une seule composante quelle qu’elle soit de notre société. Il nous appartient à nous tous, en tant que forces patriotiques et en ordre de bataille décisive, de nous y mettre pour imposer, à un Etat hors-la-loi, de se conformer strictement aux lois de la République et à la Constitution en vigueur. Par conséquent toutes les forces démocratiques, tous les patriotes qui aiment ce pays, toutes catégories sociales de tous les âges, hommes comme femmes doivent se mobiliser, pour que force reste à la loi.

A cet effet, l’instauration d’une campagne au plan international doit être un volet supplémentaire à adjoindre à celle nationale, pour dénoncer avec vigueur les pratiques frauduleuses et autres velléités d’un Etat qui fait fi des institutions de la République. Un Etat dont toute la pratique repose sur la manipulation des institutions et tendant à fausser à tous les coûts l’équilibre, la transparence, la démocratie, l’équité, etc., du processus électoral fiable.

Pour parvenir à ses fins, comme dit plus haut, le pouvoir a choisi  et tente d’éliminer la frange la plus importante, la plus massive numériquement et la plus déterminée à mettre fin au calvaire de notre peuple, engendré par le régime libéral, et qu’il subit depuis l’alternance. Les énormes difficultés dressées par le pouvoir contre la jeunesse sénégalaise, pour empêcher son inscription massive sur les listes électorales, traduisent de manière incontestable, qu’elle constitue l’obstacle n°1 à franchir pour gagner. Et toutes ses idées machiavéliques parmi tant d’autre, pour demeurer encore au pouvoir, se heurteraient  de manière frontale à une barrière infranchissable que constitue une jeunesse dépitée et longtemps trahie, par un homme qui se prend pour le plus rusé du monde.

Au demeurant, cette équation de la réélection de Me Wade en 2012, est celle que la jeunesse en tant qu’avant-garde et fer de lance du peuple doit résoudre, en grande partie. Elle doit se mobiliser dans un parfait ordre de bataille, en compagnie de toutes les autres couches de la société sénégalaise, acquise à la cause du peuple, pour que le droit citoyen soit rétabli entièrement, sans aucune restriction.

Faut-il le rappeler ? Oui certainement. Alors, aucune société humaine ne peut exister en dehors de la politique, si nous admettons toutefois que la politique c’est l’art de diriger la cité ou autrement dit de gouverner un Etat. Par conséquent, c’est la manière de faire la politique qui nous pose problème.

A mon humble avis, le mouvement  ?Y EN A MARRE” aurait mieux à faire de se joindre à tous ceux visent comme lui, le même objectif, à savoir : faire partir ce régime et changer en mieux la situation du pays par des conditions de vie meilleure, pour le peuple sénégalais. Et dans cette perspective, il ne devrait pas y avoir pour un tel combat d’exclusion à priori de qui que ce soit. C’est une erreur de jeunesse qui pourrait avoir des conséquences graves, en retardant la victoire. Je pense aussi que le seul discours ne suffit pas comme une arme imparable ou un programme politique, fut-il le pertinent et le plus percutant, celui-ci a des limites évidentes qui ne tarderont pas à se faire jour. Et avant ?Y EN A MARRE” il y en a eu d’autres qui sont volatilisé dans la nature. Ceci est un conseil d’ami, la méthode du : « seul envers et contre tous » n’a jamais prospéré. Pour  être fort, nous devons être plusieurs, variés en genres et en compétences, afin de pouvoir résoudre et surmontés toutes les sortes d’obstacles dressés sur notre chemin au cours d’un combat, qui n’est pas une simple promenade de santé. Tout ceci, pour dire simplement que l’union fait la force, surtout quand elle est très large et homogène.

 

Mandiaye Gaye

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