La Centif démasque la mafia des urnes

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 EnQuête évoquait dans son édition du lundi 18 février, l’affaire du marché des urnes et cadenas de l’élection présidentielle de 2007, objet d’un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif).

Le rapport de cet organisme d’investigations financières indique clairement qu”’au vu des quantités importées, le fournisseur (Ndlr, Kafrosint) a reçu un payement supérieur au montant réel de sa créance sur le Ministère de l’Intérieur”, piloté à l’époque par Me Ousmane Ngom. Le Trésor, partie prenante de cette affaire, comme dans toutes commandes publiques, a versé à Nickel Print, la société intermédiaire qui a fait les commandes à Kafrosint, 4 chèques entre la date du 14 juin 2007 et 03 août 2007, la somme de 1,08 milliard.

Le document ajoute que le fournisseur aurait dû être payé sur la base de 18 250 urnes pour 47 000 francs l’unité, soit 857 millions de francs Cfa au lieu de 1,08 milliard de francs Cfa”.

La conclusion est sans appel, “le payement indu est de 223 250 000 francs Cfa”.

L’autre nébuleuse dans ce dossier, c’est la présence de la Compagnie d’équipements de services et de produits (CESP) établi à l’Avenue Cheikh Ahmadou Bamba face à l’Obélisque. Cette société a été payée en une seule fois, le 27 avril 2007, par virement de la BCEAO sur ordre du payeur général du Trésor pour un montant de 705 000 000 francs Cfa, correspondant à la commande toujours auprès de Kafrosint de 15 000 urnes à livrer à l’Etat du Sénégal. La Centif a pu entrer en possession de la facture proforma N°2006/1002 du 03 novembre 2006 adressée justement à la CESP par Kafrosint.

Mais là où le bât blesse concernant cette commande précise, c’est que CESP n’a importé que 6 720 urnes et leurs cadenas d’une valeur de 156 741 Euros, soit 102 815 998 de francs Cfa au total. Et autre curiosité, alors que la facture que la Centif a pu avoir auprès des services de Douanes confirme bien la somme de 102 millions de francs Cfa, “c’est le montant de 229 500 004 francs Cfa qui a été payé par CESP à Kafrosint à partir de son compte bancaire N°21501040176 domicilié à la Banque islamique du Sénégal (BIS)”.

Au total, la Centif indique que dans ce marché, la surfacturation a permis au concessionnaire du marché de réaliser une marge bénéficiaire brute de 122,59%, lui permettant de rétrocéder, sans motif apparent, des sommes représentant 20,9% du marché à Sy”. Une vraie bamboula à coup de centaines de millions de francs Cfa que la Centif a tenté de dénouer.

Un Dg peut en cacher un autre

Et c’est là que Mouhamadou Omar Sy résidant à la villa 75 de la Zone B entre en scène. Ce dernier, indique le rapport, “n’a été nommé suivant un acte notarié du 10 septembre 2006 co-gérant de Nickel Print (…) que pour une durée très courte”. Il n’a occupé ses fonctions de cogérant que pour une durée très courte, révoqué le 10 mai 2007 avec invalidation de sa signature sur le compte BHS demandée par l’associé unique de Nickel Print le 15 mai 2007”.

Or, pendant ce laps de temps, Mouhamadou Oumar Sy “a reçu dans son compte personnel N°K003901100106122748820039, ouvert dans les livres de la BHS, la somme de 226 millions de francs en deux remises de chèques tirés du compte de Nickel Print”. Une véritable aubaine pour quelqu’un “dont le compte personnel n’a reçu en quatre ans que trois versements d’espaces d’un total de 790 000 francs Cfa”, indiquent les enquêteurs.

Aussitôt cet argent dans son compte, Mouhamadou O. Sy l’a immédiatement retiré. Au profit de qui ? Ce qui est sûr, c’est que dans cette affaire, la Centif a été intriguée par les coups de fil persistants d’une haute autorité du ministère de l’Intérieur très lié à l’éphémère gérant de Nickel Print. En effet, lit-on dans le rapport, “cette autorité a eu à appeler avec insistance des responsables de cette banque pour s’enquérir de l’état des virements du Trésor au profit de Nickel Print”.

La main noire qui tire les ficelles

Les conclusions de la Centif sont claires : “la nominations de Mouha-madou O. SY comme cogérant de Nickel Print et la durée éphémère de son pouvoir de signature sur le compte bancaire de ladite société se présentent comme des composantes des manoeuvres de dissimilation de la personne qui a monté l’opération pour s’approprier in fine les sommes objet des remises de chèques… juste pour les recevoir”.

C’est dire qu’après avoir perçu les sous, l’intéressé a remis cette somme à cette “haute autorité”, à qui elle était destinée. Pour un partage du butin proportionnel au statut des différents acteurs de ce dossier. La Centif qui ne cite pas le nom de cette haute autorité, indique que “c’est une méthode utilisée par les blanchisseurs dans le but de masquer la destination finale des sommes transformées en argent liquide”.

Toutes choses qui font qualifier les faits de corruption, de faux, usage de faux, de blanchiment de deniers publics par entente sur marché public couronnés par un blanchiment par entente, association”. Il faut enfin savoir que lorsque le rapport est tombé sur la table des autorités, le pouvoir de l’époque l’a simplement étouffé, après une séance d’explication au sommet. Ce scandale étant tombé en période électorale, on a avancé le prétexte du risque de perdre l’élection présidentielle pour ranger le dossier dans les tiroirs. Et plus tard aux oubliettes…

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