La classe politique après le maintien du mandat en cours : Avis et décisions

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Les responsables libéraux ont brillé par leur absence au cours des réactions de la classe politique suite à la déclaration du Président Macky Sall sur les conditions des réformes constitutionnelles qui seront soumises en référendum le 20 mars 2019. Ce «silence assourdissant» s’explique par les intérêts que nourrit le Président Wade pour le statut de chef de l’opposition. Il s’y ajoute qu’il sera difficile pour le Pds de faire la leçon à Macky Sall sur les circonstances de la réforme préconisée. Le Comité directeur qui se réunit aujourd’hui aura beaucoup de mal à appeler à voter «Non» au référendum.

Le parti démocratique sénégalais (Pds) reste encore aphone sur le débat relatif à la réforme constitutionnelle proposée par le Président Macky Sall. Le Comité directeur du parti devra se réunir aujourd’hui pour évoquer la question et définir une ligne de conduite. Il faut dire que les Libéraux n’avaient pas habitué leur monde à une telle circonspection sur des questions politiques aussi importantes. C’est qu’une consigne est passée par là. Déjà, au lendemain de l’allocution traditionnelle du chef de l’État lors de la soirée de la Saint Sylvestre, au cours de laquelle Macky Sall avait décliné les principaux axes de la réforme constitutionnelle envisagée, le Secrétaire général national du Pds, Me Abdoulaye Wade, avait retenu ses troupes, leur intimant l’ordre de ne pas brûler les propositions faites.

Le statut de chef de l’opposition vaut tous les sacrifices
En effet, Abdoulaye Wade est d’avis que certaines propositions de réformes lui paraissent opportunes. Me Wade a estimé que des propositions comme celle instituant le statut de l’opposition lui paraissaient intéressantes et d’ailleurs, il rappelle qu’il avait toujours prôné un tel dispositif. Du temps où il était au pouvoir, Abdoulaye Wade avait chargé le professeur de Droit public, El Hadji Mbodji, d’étudier la question de l’institutionnalisation d’un statut du chef de l’opposition et un système de financement des partis politiques. Seulement, Abdoulaye Wade n’avait jamais franchi le pas pour la mise en œuvre de telles conclusions.
L’intérêt que le Président Wade manifeste pour la nouvelle réforme constitutionnelle préoccupe donc les responsables de son parti. Certains d’entre eux estiment que l’attitude de leur Secrétaire général national est très «opportuniste», car cela lui permettrait de revenir dans le dispositif institutionnel. Un ancien ministre d’État de Abdoulaye Wade considère pour sa part, que s’il y a un statut de l’opposition qui sera dévolu au Pds, ce sera une veste taillée pour Abdoulaye Wade ou pour son fils Karim qui est le candidat déjà déclaré du Pds depuis belle lurette, pour une Présidentielle qui se tiendra en définitive en 2019. D’ailleurs, la conviction la mieux partagée est que Abdoulaye Wade voudrait le poste de chef de l’opposition pour Karim Wade, qui devra être élu Secrétaire général national du parti. Ce serait un procédé pour chercher à imposer la libération de son fils au régime de Macky Sall, qui serait gêné aux entournures en continuant à garder en prison le chef institutionnel de son opposition politique. C’est cette même logique qui avait été à l’origine de la désignation prématurée de Karim Wade comme candidat du Pds à l’élection présidentielle à venir.
La convoitise de ce strapontin va rendre délicate l’attitude du Pds vis-à-vis du référendum. En effet, il sera absurde d’appeler à voter contre le projet de réforme constitutionnelle et prétendre profiter des avantages et autres sinécures qu’il va produire à son adoption par le Peuple sénégalais.

Wade mauvais maître-ès réformes constitutionnelles
On peut également considérer que la position des Libéraux face aux réformes institutionnelles proposées par Macky Sall sera d’autant plus inconfortable qu’il sera difficile pour le Pds de reprocher à Macky Sall de prendre prétexte de l’avis du Conseil constitutionnel pour ne pas écourter son mandat de sept à cinq ans. En 2012, le Pds s’était arc-bouté sur la position du Conseil constitutionnel pour imposer la candidature controversée de Me Abdou­laye Wade à la Présidentielle.
Le Pds ne pourra pas non plus reprocher à Macky Sall la procédure utilisée. Le chef de l’État s’est strictement conformé à la procédure édictée par la Constitution de 2001, qui détermine les conditions de modification du mandat du président de la République. Or, le régime de Abdoulaye Wade avait eu à faire modifier la durée du mandat du président de la République par une simple procédure parlementaire en lieu et place d’un référendum prévu par la Cons­titution. Cela procédait d’une grave violation de la Cons­titution. Une autre incongruité était que le même Abdoulaye Wade avait institué un poste de vice-président de la République par la voie parlementaire.

Le Quotidien

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