La peine de mort : une exigence sociale ? (Par Dr. IBRAHIMA Seydi Ba).

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La peine de mort existe bien avant les religions révélées. La loi du talion est l’une des lois les plus anciennes consistant en la réciprocité du crime et de la peine symbolisée par l’expression « oeil pour oeil, dent pour dent ». Donc son usage est bien antérieure à l’islam. Par ricochet, l’application de la peine de mort qui est une de ses expressions les plus achevées devrait être appréhendée non pas par rapport à la charia mais plutôt à des soubassements purement humanistes. C’est ce qui apparaît d’ailleurs dans les réactions de beaucoup de sénégalais interrogés concernant la mort de Bineta CAMARA. Leurs réactions les unes aussi violentes que les autres ne sont pas souvent liées à leurs croyances religieuses mais surtout à la nature et à la gravité du meurtre. Musulmans, Chrétiens , Animistes ou Athées, les condamnations sont unanimes et le verdict sans appel: il doit être exécuté. Je partage l’idée selon laquelle  » la bonne approche est là catégorisation des homicides et la déclinaison des sanctions. » La peine de mort peut-être appliquée mais encore faudrait-il différencier la nature des homicides? Et d’ailleurs la responsabilité de la famille, de la société et de l’Etat ne saurait être exclue dans un certain nombre de crimes ou d’homicides. L’homme est le produit du milieu dans lequel il est socialisé. Un individu issu d’une famille à grande ferveur religieuse à plus de chance de résister à ses pulsions que quelqu’un dont la famille s’est disloquée dès le bas âge. Un homme qui a évolué dans des quartiers populaires où la promiscuité côtoie la misère et où les vols, les agressions et autres actes odieux sont devenus pratiques courantes, cet homme – là a plus de chance de succomber à des tentations dangereuses que quelqu’un qui a grandi dans une ville sainte comme Touba par exemple où même un certain port vestimentaire est prohibé. Un État qui garantit à ses fils le plein emploi, où la sécurité des citoyens est assurée enregistre moins de crimes qu’un autre dirigé par une caste de privilégiés qui ignorent les véritables préoccupations du peuple. Oui à la peine de mort mais à condition de catégoriser les types de meurtres et de prendre en compte les véritables soubassements de l’acte. Oui à la peine de mort à condition que tous les segments de la société prennent la juste mesure de leurs responsabilités dans l’éducation du citoyen. Dr. IBRAHIMA Seydi Ba./ Lycée Mboro.

1 COMMENTAIRE

  1. LA LOI DU TALION SOUVENT MAL COMPRISE !!! Oui, il faut nécessairement apporter la totalité du versets coranique pour comprendre que le Talion qui est le principe fondateur de tout droit pénal ne peut pas se concevoir sans la possibilité d’un pardon ou d’une réparation du préjudice ; le Coran est explicite : (178) Ô les croyants ! On vous a prescrit le talion au sujet des tués : homme libre pour homme libre, esclave pour esclave, femme pour femme. Mais celui à qui son frère aura pardonné en quelque façon doit faire face à une requête convenable et doit payer des dommages de bonne grâce. Ceci est un allégement de la part de votre Seigneur et une miséricorde. Donc, quiconque après cela transgresse, aura un châtiment douloureux. (179). C’est dans le talion que vous aurez la préservation de la vie, ô vous doués d’intelligence, ainsi atteindrez-vous la piété. (Cor. 2 : 178 – 179 – Al-Baqarah – La Vache). Toujours à propos du Talion, le Coran enseigne : (45). Et Nous y avons prescrit (dans la Thora) pour eux vie pour vie, oeil pour oeil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures tombent sous la loi du talion. Après, quiconque y renonce par charité, cela lui vaudra une expiation. Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont des injustes. (Cor. 5 : 45 – Al-Mahidah – La Table Servie) … Et dans une autre sourate, il est dit ceci : (40) La sanction d’une mauvaise action est une mauvaise action [une peine] identique. Mais quiconque pardonne et réforme, son salaire incombe à Allah. Il n’aime point les injustes !  (41) Quant à ceux qui ripostent après avoir été lésés, …ceux-là pas de voie (recours légal) contre eux ; (42) Il n’y a de voie [de recours] que contre ceux qui lèsent les gens et commettent des abus, contrairement au droit, sur la terre : ceux-là auront un châtiment douloureux. (43). Et celui qui endure et pardonne, cela en vérité, fait partie des bonnes dispositions et de la résolution dans les affaires. (Cor 42 : 40 – 43 – Ach-Chûrâ’ – La Concertation) …

    NE NOUS TROMPONS PAS DE COMBAT !!! Certes, notre pays a eu à appliquer la peine de mort, mais dans un cadre laïc, puisqu’il a toujours été mentionné dans notre Constitution que notre république est laïque  – c’est-à-dire qu’elle respecte toutes les religions, mais s’interdit de s’en inspirer ; elle n’attache donc aucune importance au Coran et à la Tradition du Prophète (PSL) – C’est triste, mais c’est cela la laïcité !!! Et très curieusement, c’est cette constitution même que nos religieux ont cautionnée depuis toujours. Et dans ce contexte, nos députés (Assemblée nationale) peuvent faire revenir la peine, s’ils pensent que c’est la seule alternative pour mettre fin à la folie meurtrière qui sévit actuellement dans notre pays. Et dans ce cas, s’ils sont cohérents ils ne doivent point nous apporter une argumentation religieuse pour justifier un projet de loi réinstaurant la peine de mort, puisque notre constitution a solennellement exclut Dieu dans la gestion de cité – et qu’on ne s’étonne donc pas que Dieu nous prive de son secours dans notre quête de paix, de sécurité et de justice. Oui, la peine de mort dans un contexte laïc ne pourra jamais être efficace ; on ne rien édifier de bien et de durable, en dehors de Dieu. Il est donc temps de rompre avec cette laïcité qui est véritablement à l’origine de tous nos maux.
    Et de rappeler aussi que dans notre pays, la Constitution interdit même la formation de partis politiques se réclamant d’une confession (religion), tels les partis ‘’démocrates-chrétiens’’ observés pourtant dans les ‘’grandes démocraties’’ (Allemagne, entre autres) ; dans notre pays, il est autorisé pour un parti politique de s’inspirer de Karl Marx et Lénine, mais il est par contre formellement interdit de s’inspirer du Prophète Mouhammad (PSL) qui notre modèle parfait et éternel maître à penser. Et il s’agit-là indéniablement d’une violation manifeste de la liberté d’opinion qui est le premier pilier des droits de l’Homme. Et à l’évidence, notre pays ne sera jamais une véritable démocratie tant que les dispositions restrictives imposant la laïcité ne seront pas abrogées. Oui, la laïcité ne se décrète pas ; c’est  une question de rapport de forces – Que les démocrates le reconnaissent !!!
    En vérité, l’attachement déclaré de notre pays aux valeurs de démocratie et de justice devrait nous imposer à mentionner explicitement dans notre constitution notre ancrage irréversible aux valeurs de l’Islam, la religion majoritaire qui garantit les droits fondamentaux des minorités dans les limites de l’acceptable (morale et éthique). Oui, si nous n’étions pas hypocrites, nous l’aurions mentionné explicitement et imposé à nos élus la prestation d’un serment devant le Coran (ou la Bible pour les chrétiens, comme cela se fait aux États-Unis) – un gage de bonne gouvernance irremplaçable ; et nous aurions toujours recherché la conformité de nos lois aux principes de l’Islam qui, du reste, ne sont guère différents de ceux des autres religions monothéistes (Christianisme, Judaïsme). Ainsi, nous ne serions plus interpellés par les occidentaux sur l’opportunité d’une dépénalisation de l’homosexualité et de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ; la prostitution serait pénalisée et tous les lieux de débauche fermés – quand ont sait que les conséquences redoutables de la généralisation de la turpitude freineront toutes nos velléités de développement. Malheureusement, nos hommes politiques ont délibérément opté d’ignorer Dieu dans leurs démarches ; ils ne croient qu’à leur expertise (raison), quoique se réclamant croyants (musulmans ou chrétiens) ; oui, ils ont mis ‘’Dieu entre parenthèses’’ et ont délibérément choisi les libres-penseurs (agnostiques et autres incrédules), comme guides, modèles et maîtres à penser. Comment pourraient-ils donc agencer une cité juste et nous faire accéder à l’émergence véritable ? Croient-ils vraiment que c’est Dieu qui donne vraiment la royauté à qui Il veut ? Ne sont-ils pas tous hypocrites ?
    Et pour ne pas conclure, de rappeler  qu’en Droit pénal, communément appelé « Charia », la sentence capitale (peine de mort, amputation de membre, flagellation etc.) annoncée dans un premier verset est toujours tempérée par le verset suivant, ou d’autres versets dans la même sourate ou d’autres, qui préconisent une compensation ou proposent la grâce aux repentants [(2. La Vache : 178-179 – Al-Baqarah) ; (5. La Table Servie : 33-34 … 38-40 – Al-Mâ’idah) ; (4. Les femmes : 15-16 – An-Nisâ’) ;  (24. La Lumière : 2-5 – An-Nûr)]. Ainsi, entre la peine capitale et la grâce, il y a une échelle de peines ; et suivant le contexte, le législateur peut choisir une peine suffisamment dissuasive, mais aussi tenant compte de la clémence et de la miséricorde de Dieu. Oui, Allah est Pardonneur et Très Miséricordieux’’ ; ‘’et à Lui appartient la royauté des cieux et de la terre ; Il châtie qui Il veut et pardonne qui Il veut – Allah est Omnipotent’’ ; (5. La Table Servie : 40 – Al-Mâ’idah) ! Et pourquoi donc vouloir être plus royaliste que le roi ?

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