La Politique : Un Projet Individuel Ou De Societe ? par Mamadou Dieng

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En observant les comportements, les pratiques et les évènements qui caractérisent, quotidiennement, la scène politique sénégalaise, des questions peuvent nous tarauder l’esprit : A quoi sert la politique ? Pourquoi fait-on la politique ?
Etymologiquement, ne définit-on pas simplement la politique comme : « un art, une science pour gérer la cité ». Partant de ce postulat de base, il ressort que faire de la politique revient à avoir des idées, des connaissances, des stratégies, une vision pour une bonne organisation, le progrès, l’émergence, le développement d’une ville, d’un pays. De ce point de vue, pour satisfaire cette volonté, depuis des siècles, des idéologies ont vu le jour : socialisme, communisme, libéralisme, etc. Ces options politiques incarnées par des figures emblématiques qui ont marqué leur époque par leur clairvoyance d’esprit ont connu des fortunes diverses suivant les nations et les peuples.
Quoi qu’il en soit advenu de ces orientations qui rythmaient la vie politique d’antan, les options ont été souvent claires, leurs théoriciens bien formés et outillés, les partis politiques chargés de l’animation composés de militants bien au fait des lignes idéologiques.
Aujourd’hui, peut-on dire la même chose au Sénégal, au regard du déroulement des évènements politiques où, les violences physique et verbale, le folklore, la cupidité prennent le dessus sur tout ce qui doit faire la quintessence de cette « science de bien gérer la cité ». La multiplication des partis politiques (plus de 200) est-elle l’expression d’une démocratie achevée, d’une volonté d’expression de visions pertinentes et éclairées pour le développement ou un subterfuge pour être présent dans les lambris dorés du pouvoir politique par des stratégies de positionnement ? Les motifs d’adhésion à un parti et le choix d’un leader politique sont-ils fondés sur le partage d’un idéal commun de développement de société ? Quelles sont les réelles motivations à vouloir toujours transhumer dans le parti qui détient les rennes du pouvoir ?
 Au vue des constats, à l’écoute de certaines opinions et à l’analyse des faits, la politique semble avoir perdu de sa superbe, ses fondements cardinaux au contact des réalités sociologiques, économiques mais également, consécutivement à la défaillance de la plupart des élites qui n’ont pas su bien la préserver des ondes de choc reçues des mœurs et coutumes, tenir la dragée haute, redorer son blason. On dirait qu’elle a été extravertie, dévidée de sa substance, déviée de ses orientations premières de telle sorte que le mot « politique » équivaut dans l’entendement populaire à la roublardise, au deal, à la recherche du gain facile, aux passe-droits, à l’enrichissement illicite, à la corruption, à la machination, aux mensonges, bref aux vices et antivaleurs.
En effet, la politique est devenue un moyen rapide, ne nécessitant aucune compétence particulière ni background balèze, pour être investi d’un pouvoir, bénéficier d’une aura et disposer d’énormes capacités financières. Il suffit juste de savoir user de l’argument de la force physique ou occulte, d’occuper les médiats régulièrement, de badigeonner les murs ou de les inonder d’affiches, de pouvoir mobiliser quelques personnes, de chanter les louanges du chef suprême de la Nation pour être promu Maire, Député, Haut Conseiller de la République, Président de Conseil d’administration, Directeur Général et même Ministre des fois. Quelle dévalorisation de ces fonctions essentielles dans la bonne marche de la République !
Certes, aucun citoyen n’est au dessus de l’autre dans une République et qu’un pays a besoin de mobiliser tous ses fils autour d’objectifs communs de développement. Cependant, la gestion d’une commune, ville, d’un pays nécessitera absolument et éternellement des stratégies, une vision clairvoyante, un projet de société ou de territoire qui constitueront la politique de développement. Bien évidemment, tout cela restera adossé et aura comme source des connaissances et compétences avérées en diverses matières doublé, également, d’une bonne maîtrise des réalités locales et nationales.
En réalité, certaines pratiques et croyances sont lourdement ancrées et pourraient même être qualifiées de tares congénitales mais cela ne saurait suffire pour cautionner la dévalorisation, la banalisation, la précarisation de la pratique politique. La mise sur l’orbite de l’émergence, du progrès requiert un personnel politique consciencieux  des énormes défis à relever, bien formé, apte à conduire à bon port toutes les réformes requises et porteuses de croissance.
Pour cela, tous les citoyens sont interpellés, les autorités politiques, religieuses et coutumières, les partis politiques, les médiats, la société civile de faire en sorte que la formation, la compétence, l’éthique, le civisme, le patriotisme, entre autres, soient les seuls critères qui vaillent pour ceux qui ont ou auront en charge les destinées de nos cités, notre nation.
Face aux difficultés aigues et de multiples ordres à surmonter, redonner à la politique sa vocation première et toute sa noblesse s’impose par une ferme volonté des leaders, une exigence continuelle et affirmée des citoyens à la bonne gouvernance, l’engagement de citoyens intègres, compétents et déterminés pour apporter des solutions durables aux problèmes de leur ville et pays.
 
Mamadou DIENG
VISION GUEDIAWAYE

 

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