La restauration de la conscience historique africaine par Cheikh Anta Diop. Par Ahmadou Diop

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La restauration de la conscience historique africaine par Cheikh Anta Diop. Une œuvre salutaire, historique.

Extrait de mon ouvrage : « Sénégal », paru chez EDILIVRE-Avril 2012.

« Il a rétabli la vérité historique et rendu à l’Afrique sa dignité bafouée. Un bilan colossal aussi majestueux de ce génie hors pair, ce prodigieux fils d’Afrique, courageux, intelligent a hissé le continent noir en avant par sa ténacité, sa lucidité, ses recherches scientifiques, malgré les contestations et les dénégations émanant d’un certain dilettantisme qui crut détenir la science par des canulars les plus spectaculaires et les plus abjects. En effet, ce qui est fabuleux dans l’œuvre de ce savant noir, en l’occurrence, Cheikh Anta Diop, c’est que l’Afrique humiliée, bafouée profondément dans sa chair et dans son âme, se défend elle-même et heureusement, par la voix de son fils et au nom de la science, cette même science prétendument inventée par une Europe, invincible et investie apparemment d’une mission civilisatrice se voit démentir aux yeux du monde par un nègre de la savane qu’on déclarait inapte à toute création. Il a démystifié et démythifié l’homme blanc et rétabli l’histoire scientifique d’une Afrique, mère de toutes les civilisations. C’est ça la réalité historique et le charisme du grand penseur hors pair.

Dés lors, point n’est besoin de s’étonner des basses œuvres de certains larbins locaux, confinés au rôle de relais de l’occident, compte tenu de son engagement politique et de ses recherches scientifiques pour l’Afrique et qui dérangent tout un monde. Son modèle de stratégie de développement pour l’Afrique est toujours d’actualité. Cet intellectuel très engagé a toujours prôné l’édification d’un Etat fédéral continental africain. C’est la seule voie pour assurer sa sécurité et son avenir.
C’est une tâche primordiale à laquelle il faut s’atteler immédiatement. Pour cela, l’utilisation de nos langues négro africaines demeure un impératif plus que nécessaire pour atteindre cet objectif.

C’est un visionnaire pour qui le développement de l’Afrique est une priorité absolue. Le moteur du développement repose essentiellement sur le monde rural, la véritable force vive de la nation. Tout le reste n’est que mystification et trahison. Tout un symbole.
De nos jours, les mêmes clichés, les mêmes stéréotypes d’antan n’ont guère changé, au contraire, on ne montre que les aspects les plus négatifs de la société africaine, telles les guerres, la pauvreté, les conflits divers sur fond de tribalisme ethnique sans aucune analyse objective sur le terrain.

Dans Nations Nègres et Culture, Cheikh Anta Diop dénonça avec véhémence les mensonges et les falsifications historiques africaines des valeurs de l’Egypte pharaonique. La conférence scientifique qu’il organisa au Caire en Egypte en 1974 eut un énorme succès auprès de l’Afrique et de la diaspora noire. Comme Cheikh Anta Diop a triomphé, il est catalogué d’afro centriste, c’est-à-dire qu’il fait un racisme à rebours. Voilà donc l’argumentaire de l’Europe ne tenant que sur du fil, tendant à avoir toujours le dernier mot. Son travail remarquable sur les langues africaines est une œuvre salvatrice indéniable. La profondeur de sa pensée et de ses recherches scientifiques, la lutte pour l’indépendance réelle et la création d’un Etat fédéral continental africain dont il traça les grandes lignes à un moment où certains de nos intellectuels de l’époque égarés par un opportunisme malveillant teinté de trahison grotesque chantaient pour plaire à une certaine Europe engluée dans ses contradictions les plus insolubles les plus graves. Une Afrique fédérée et puissante est la seule donne salutaire.
La conscience historique africaine est une nécessité obligatoire si nous voulons la Renaissance noire, nous devons être maîtres de notre destin. L’ennemi des africains, c’est leurs propres élites qui les trahissent. Elles préfèrent servir bassement les intérêts vils de l’oppresseur pour mieux se servir eux-mêmes comme des gloutons et remplir les poches de leurs amis immédiats sous des pirouettes qui ne sont rien d’autre que du colonialisme édulcoré à dessein de sauver leurs fauteuils, en terrorisant les populations, comme système de gouvernance.
Quand paraît en 1954 « Nations Nègres et culture » de Cheikh Anta Diop. L’écrivain noir, Aimé Césaire écrit à propos de « Nations Nègres et culture [Le livre] le plus audacieux qu’un Nègre ait jusqu’ici écrit et qui comptera à n’en pas douter dans le réveil de l’Afrique » (Discours sur le Colonialisme, Paris, Présence Africaine, 1955). Le pari de Césaire, le visionnaire, était juste car comme on l’écrit sur la couverture, « avec vingt-cinq ans de recul on s’aperçoit que les grands thèmes développés dans “Nations Nègres et Culture”, non seulement n’ont pas vieilli, mais sont maintenant accueillis et discutés comme des vérités scientifiques, alors qu’à l’époque ces idées paraissant si révolutionnaires que très peu d’intellectuels africains osaient y adhérer.
L’indépendance de l’Afrique / la création d’un Etat Fédéral continental africain /l’origine africaine et négroïde de l’humanité et de la civilisation /l’origine nègre de la civilisation égypto-nubienne / l’identification des grands courants migratoires et la formation des ethnies africaines etc., tels sont quelques thèmes principaux explorés par Cheikh Anta Diop, l’historien africain le plus considérable de ce temps. »
Pendant plus de quatre siècles d’esclavage abominable durant lesquels l’Afrique est vidée de ses hommes et de ses femmes les plus valides avec un chiffre impressionnant de 200 millions de déportés arbitrairement dans des conditions inhumaines vers l’Europe et les Etats-Unis, travaillant par la force sans salaire, ni respect aucun, régissant la société humaine, avec des viols de femmes, engendrant la naissance d’enfants laissés à la condition de leurs parents esclaves, c’est-à-dire au mépris de leur propre sang, sans compter les brimades de toutes sortes, qui ont permis à cette même Europe son développement industriel, les chemins de fer, les banques etc.
Colonisation= chosification disait Aimé Césaire, alors que le tenant de la négritude, le poète Léopold Sédar Senghor, devenu président de la République du Sénégal, en 1960, écrivit que « la colonisation est un mal nécessaire. »
Dans l’Afrique précoloniale, les sociétés africaines avaient une organisation sociologiquement et politiquement équivalente, voire même supérieure à celle de l’Europe versant dans la barbarie la plus totale. Voir le livre de « Nations Nègres et cultures » de Cheikh Anta Diop, le célèbre Egyptologue de toute l’histoire de l’humanité.
Plus de cinquante ans après les supposées indépendances, jalonnées de dettes insurmontables, totalement impossibles à rembourser, peut-on parler véritablement de liberté, d’indépendances réelles en Afrique noire au sud du Sahara, puisque cette même colonisation impliquait d’abord la liberté et la démocratie, du moins c’était le but affiché de cette entreprise destinée à civiliser le continent noir, le terreau de la barbarie aux yeux de l’occident qui s’autoproclamait le centre du monde justifiant une mission dite civilisatrice, salvatrice ?
Nous ne le dirons jamais assez, la seule force de l’Afrique réside indiscutablement dans son unité géo-politico économique supra continentale africaine, c’est-à-dire la création d’Etats fédérés à l’échelle continentale africaine, avec un gouvernement central démocratique fort et réellement indépendant, est la seule capable de freiner l’arrogance extérieure. Pour toutes ces raisons, les thèses développées dans « Nations Nègres et cultures » ne vieilliront jamais, au contraire, elles deviennent plus que jamais non seulement impératives, mais demeureront des vérités scientifiques éternelles. L’Afrique, à l’instar de l’Europe, doit absolument maîtriser la science indispensable à son développement pour combler l’énorme retard qu’elle a subi depuis plusieurs siècles ; elle doit donc se hisser sur la scène internationale par son propre apport qu’elle aura défini politiquement et économiquement. Ceci n’est possible que dans une Afrique totalement affranchie, c’est-à-dire qu’elle sera indépendante pour inverser le cours de l’histoire et prendre librement son propre destin en main. Le blanc a compris depuis fort longtemps que pour diviser un peuple, il faut l’assujettir, l’avilir, le transformer radicalement, le faire douter de lui-même, l’apprivoiser, pour le rendre docile et corvéable à merci, il faut employer la manière forte, la fin justifie les moyens, c’est-à-dire qu’il faut absolument désagréger sa société et corrompre ses élites, et couper le cordon ombilical qui le lie avec le peuple, afin de la rendre stérile et inefficace, en prenant soin, comme condition sine qua non, pour faire table rase avec son passé rétrograde, en développant tout un arsenal de mesures tendant à imposer dans son subconscient les langues colonialistes lesquelles sont les seules et les plus aptes à supporter la science. Aucun peuple ne peut s’épanouir réellement sans l’intégration de sa propre culture et de ses valeurs constituant le ciment de ses fondements historiques. Pour cela, il n’est donc pas surprenant de voir nos propres élites épouser fièrement et sans vergogne aucune les langues étrangères du colonisateur et qui continuent de diriger avec les langues de l’oppresseur les organisations internationales financées par les puissances occidentales dont le but est tout simplement de pérenniser les langues du colonisateur au détriment de nos langues africaines. Aussi longtemps que nos élites continuent sur cet élan qui n’est aucunement salutaire, mais une trahison flagrante, l’Afrique reculera davantage et perdra à coup sûr son âme qu’elle continuera de payer plus cher demain.
Personne d’autre que Cheikh Anta Diop ne saurait donc mieux illustrer et résumer l’aliénation à outrance et la docilité de nos élites « blanches » à peau noire.
« Comble de cynisme : on présentera la colonisation comme un devoir d’humanité, en invoquant la mission civilisatrice de l’Occident auquel incombe la charge d’élever l’Africain au niveau des autres hommes. Désormais le capitalisme est à l’aise. Il pourra exercer les plus féroces exploitations à l’abri de prétextes moraux.
Tout au plus reconnaîtra-on au nègre des dons artistiques liés à la sensibilité d’animal inférieur. Telle est l’opinion du Français, Gobineau précurseur de la philosophie des nazis qui, dans son livre célèbre De l’inégalité des races humaines, décrète que le sens de l’art est inséparable du sang des nègres ; mais il réduit à une manifestation inférieure de la nature humaine : en particulier le sens du rythme est lié aux aptitudes émotionnelles du Nègre.
Un tel climat d’aliénation a fini par agir profondément sur la personnalité du Nègre, en particulier du Nègre instruit qui a eu l’occasion de prendre conscience de l’idée que le reste du monde se fait de lui et de son peuple. Il arrive très souvent que le Nègre intellectuel perde confiance en ses propres possibilités et en celles de sa race à un point tel que, malgré la valeur des démonstrations exposées au cours de cette étude, il ne sera pas étonnant que certains d’entre eux nous, après en avoir pris connaissance, éprouvent encore du mal à admettre que nous ayons vraiment assumé le premier rôle civilisateur du monde.
Il est fréquent que des Nègres d’une haute intellectualité restent victimes de cette aliénation au point de chercher de bonne foi à codifier d’une prétendue dualité du Nègre sensible et émotif, créateur d’art, et du blanc fait surtout de rationalité. C’est ainsi que s’exprime de bonne foi un poète nègre africain dans un vers d’une admirable beauté :
“L’émotion est nègre et la raison hellène”
(Léopold Sédar Senghor). »

Dés lors, point n’est besoin de la déliquescence de nos Etats indépendants ou supposés tels, après plus de cinq décennies durant lesquelles nos éminents dirigeants savamment domptés à la sauce occidentale, transmués en gardes-chiourmes dont le degré d’aliénation n’a d’égal que l’étroitesse de leur esprit phagocyté.
Théophile Obenga, l’un des prodigieux égyptologues de l’Afrique noire, nous apprend que Stèvie Wonder, l’américain noir, vit en Afrique, précisément au Ghana. Il entre sans visa au Ghana et en sort quand il veut. Voilà un noir qui a la conscience historique de sa race et qui connaît ses origines. Quelque chose qui nous rappelle les figures de proue du panafricanisme, Marcus Garvey, l’architecte du panafricanisme, Malcom X, Martin luther King, William Edward Du BOIS. Ce dernier vivant au Ghana jusqu’à sa mort est enterré au Ghana même. Un signal fort et un symbole pour l’Afrique et toute la Diaspora noire ! Extraordinaire ! L’Afrique peut compter sur Théophile Obenga, l’un des fiers fils du soleil ! C’est un colosse tout simplement ! Il a une maîtrise parfaite de l’histoire noire au verbe percutant, une lumière jaillissant dans nos tripes. Un exemple à suivre comme Cheikh Anta Diop. Voilà des valeureux fils d’Afrique qu’il faut absolument écouter. La conscience historique africaine est une nécessité obligatoire, si nous voulons la renaissance, nous devons connaître notre passé historique et nous devons être ensuite maîtres de notre destin, c’est à ce prix là, seulement à ce prix là que l’Afrique retrouvera sa dignité et la plénitude de son rayonnement qu’elle aura bâti.
D’une part, la psychanalyse de « Nations nègres et Cultures » fait apparaître non seulement un homme au subconscient à la fois fertile et libre, dans son essence, pour produire de tels cataclysmes insurmontables sans précédent dans la conscience du blanc qui se voit contester vigoureusement pour la première fois dans son histoire avec des arguments plus que plausibles, donnant le vertige au sens étymologique du terme, et qui nous amène à une évidence, c’est-à-dire d’un être non seulement doué, aux qualités prodigieuses infinies, particulièrement rares, mais aussi un être puissant au niveau de la faculté mentale que l’on ne saurait mesurer à sa juste valeur, Cheikh Anta Diop est une valeur sûre, un monument, un être exceptionnel en avance de plusieurs siècles sur ces contemporains parce que défendre de telles thèses soutenues avec une rigueur scientifique est indiscutablement la conséquence de recherches inlassables qui ne pouvaient qu’aboutir au résultat escompté, c’est-à-dire la vérité scientifique confisquée à l’homme noir pour mieux l’asservir afin qu’il continue à douter de lui même ; son sort était déjà scellé au lendemain de ces thèses remettant l’occident à sa place, aux yeux d’un monde occidental ébranlé et abasourdi face à un noir de la savane africaine plus fourni en matière grise et qui les dérange à plus d’un titre et qui leur fait avaler les contradictions d’une société jalouse, prétendument supérieure, alors que l’histoire a montré qu’il n’en était rien, dés lors, elle voyait en lui les germes d’une conscience historique menaçant les fondements de ses propres contestations, d’autre part, la qualité remarquable de cette œuvre majeure et l’intérêt qu’elle aura suscité demain dans la conscience noire, relève d’un travail de génie hors du commun surtout dans un climat ponctué aux relents racistes n’était pas donnée à n’importe qui.

Premièrement, nous accordons à juste raison les thèses défendues par Cheikh Anta Diop, c’est-à-dire l’antériorité des civilisations noires, plutôt que celles des autres, les falsificateurs qui justifient l’injustifiable et l’indéfendable, n’ont d’ailleurs aucun fondement scientifique historique. Deuxièmement, en quoi les appréciations des falsificateurs valent-elles plus que celles de Cheikh Anta Diop ? Autrement dit, la pensée occidentale ou plus exactement le paradigme supposé cartésien de l’eurocentrisme, s’autorise une supériorité imaginaire sous des canulars, bien entendu, authentiquement antiscientifiques, et qu’il fallait à tout prix, contre vents et marées, admettre ces faux postulats contre la race nègre. Nous nous autorisons donc à faire valoir l’antériorité des civilisations noires, une donnée scientifique que l’Europe ne pourrait jamais faire tomber d’ici l’extinction du soleil. De quelque manière que ce soit, elle ne pourrait prouver le contraire des thèses de Cheikh Anta Diop qu’elle sait parfaitement justes. Il ne s’agit nullement d’un quelconque afro centrisme à rebours, tant s’en faut, mais d’une vérité absolument scientifique que rien ni personne ne pourrait mettre en péril, au risque de jouer les ridicules. Quels que soient les tambours et les trompettes, nous défendrons avec force les thèses du plus grand Egyptologue de tous les temps, en l’occurrence, Cheikh Anta Diop ; peu importent donc qu’elles soient récusées par les tenants de la falsification historique, cela ne changerait en rien le cours de l’histoire. Pour nous, il a fait sauter le verrou, le verrou de l’écharde à la plaie qui admettait l’inconscient du subconscient de l’homme noir face à sa vraie histoire altérée d’un bout à l’autre de façon gratuite. La grandeur de cheikh Anta Diop réside donc dans sa capacité et dans sa rigueur à maîtriser son âme inébranlable à un moment où des opportunistes de tout bord, et non les moindres, trahissaient le continent africain, faisant les courbettes pour plaire, lui, il se dresse, la tête haute, face au blanc, en lui démontrant scientifiquement ses propres contradictions les plus farfelues. Voilà un digne fils d’Afrique qui sait ce qu’il dit, qu’il prouva sur le terrain même de l’adversaire sérieusement secoué dans sa chair. La démonstration magistrale qu’il a faite sur la parenté génétique de l’Egyptien pharaonique et les langues africaines constitue incontestablement une vérité scientifique qu’on ne saurait démentir dans le temps et dans l’espace. « Narmer (ou Menès), un Nègre typique, premier pharaon d’Egypte, qui unifia la Haute et Basse Egypte pour la première fois. Il n’est assurément ni aryen, ni indo-européen, ni sémite, mais indiscutablement un Noir, affirme Cheikh Anta Diop. »

Il est vrai qu’au lendemain de la publication de telles vérités scientifiques insoutenables, l’homme blanc, foudroyé de rage par le coup de pilon de l’enfant terrible de Caytou, est tétanisé dans sa chair et qui voit l’écroulement de sa propre civilisation prétendument fondée sur un écran de fumée, ne pouvait que réactiver ses plans machiavéliques habituels par personnes interposées, comme il l’a toujours fait, afin de stopper l’épidémie en Afrique, mais il n’en demeure pas moins vrai, qu’aujourd’hui, une telle oeuvre historique a déjà marqué les esprits féconds. Cheikh Anta Diop demeure plus que jamais le libérateur des esprits domptés, ghettoïsés, l’ouragan qui a balayé le paradigme condescendant de l’occident et les larbins connus de l’establishment – ces intellectuels « blancs » à peau noire – les doungourous [les camériers] manipulés, agenouillés, aliénés et parfaitement moulés à la carapace blanche, ne jurant que par la tête du maître blanc, faussement supérieur et dégradant d’une civilisation fondée sur les dissimulations et des coups bas.
Plus de cinquante ans après les indépendances nominales, l’Afrique des courbettes et des renégats recule au contraire et devient plus pauvre qu’elle ne l’était sous domination coloniale, alors qu’elle est immensément richesse à tout point de vue, parce que l’homme blanc a su placer ses pions et ses relais pour qu’elle devienne de plus en plus dépendante de l’Europe. Lors de la conférence de Brazzaville en 1958, quand la Guinée Conakry de Sékou Touré, avait le choix entre la Communauté et l’indépendance, ce dernier avait opté pour la seconde, préférant la liberté à l’esclavage. On sait ce qui s’est passé au Congo Léopoldville avec l’assassinat de Patrice Lumumba, le coup d’Etat de Nkrumah au Ghana, bref la liste est interminable. Cheikh Anta Diop est une icône. Les fils d’Afrique continueront le combat avec la force nécessaire pour restituer l’histoire vraie des initiateurs de toute civilisation laquelle a permis au monde d’être ce qu’elle est aujourd’hui. Une révolution des mentalités s’impose en Afrique par une décolonisation des esprits. Car le blanc a fait toujours douter dans la tête du Nègre toute capacité d’invention sur des bases purement idéologiques. Pour cela, nous devons prendre conscience en nous-mêmes, en nous appuyant sur la conscience historique de notre passé glorieux, car un peuple qui ne sait pas d’où il vient, reste fragile dans son subconscient. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, plus de cinquante ans après les indépendances africaines, les pillages organisés des richesses africaines continuent.
Au fond, rien n’a changé, seulement les méthodes sont édulcorées pour mieux camoufler les mêmes objectifs d’hier, c’est-à-dire l’asservissement permanent des noirs aussi longtemps que l’humanité existera. Voilà la réalité d’un monde cruel qui interpelle notre conscience si nous voulons éviter des lendemains pires que ne l’était celui d’hier. La cupidité sans limite de l’espèce humaine peut le conduire à faire n’importe quoi pour assouvir ses propres intérêts, fussent ils morbides et qui ne recule devant rien pour y parvenir et quel qu’en soit le prix à payer.

En Effet, aujourd’hui, les grands thèmes développés par le professeur Cheikh Anta Diop sont plus qu’actuels compte tenu de ses vérités purement scientifiques. Aujourd’hui comme hier, on peut dire que l’histoire a certainement donné raison à Cheikh Anta Diop face à ses adversaires chaussant les bottes du néocolonialisme français au premier rang desquels l’ancien poète Sénégalais, le gardien du temple de l’ancien maître, Léopold Sédar Senghor, transformé en homme blanc, défend l’indéfendable, donnant le vertige, jusqu’à dire que « la colonisation est un mal nécessaire », une insulte portée à la mémoire des africains. Le maître qui a vilipendé et continue de jeter en pâture la culture africaine et les africains depuis des siècles, avec un vocabulaire plus riche, plus violent que jamais, sur le lieu même du crime, les insultant en les dépossédant de façon récurrente de toute culture, jusqu’à les traiter de mentalité prélogique, alors que ce sont précisément ces mêmes africains noirs qui ont non seulement donné naissance à toute civilisation, mais ce sont également ces mêmes africains traînés à la boue, considérés comme des sous hommes, des malfrats qui ont pourtant civilisé historiquement cette Europe là, en lui apportant tous les éléments nécessaires à sa civilisation, tous les savants grecs, à savoir les plus importants tels Thalès, Pythagore, Archimède, Solon, Eratosthène sont allés puiser leur savoir à Alexandrie qui était le centre intellectuel du monde. Tous ces savants grecs dont on nous parle maintenant sont formés en dehors de la Grèce, en Egypte elle-même, affirme Cheikh Anta Diop « dans Nations Nègres et Culture », à un moment ou cette même Europe versait dans la barbarie la plus totale. On ne peut pas, quoiqu’on fasse, être plus dieu que le dieu qui t’a fait naître. Une mission est impossible et sans lendemain. Car combattre Dieu est un pari voué à l’échec. C’est ce que tente vainement l’Europe depuis des siècles. Ainsi, l’historiographie euro centriste continue d’exclure l’Afrique Noire de toute civilisation, de tout progrès. Alors, de telles idées indignes doivent être dénoncées avec la dernière énergie. Tous les écrits des africanistes sur la civilisation noire sont tous des charniers de mensonges les plus spectaculaires de toute l’histoire de l’humanité du début à la fin. Il n’y a aucun iota de vérité sur toutes leurs montagnes d’écrits concernant l’histoire de l’Afrique noire. Le contraire serait d’ailleurs étonnant.

La réalité est que les africains ne connaissent pas leur propre histoire qu’ils doivent réécrire eux-mêmes. Ils s’en sont capables parce que hautement formés sur les plus grandes universités. Aucun peuple n’attendra d’autres personnes pour relater sa propre histoire, surtout que la nôtre est belle, certainement plus glorieuse que celle que revendiquent les tenants de la civilisation gréco-romaine, elle-même allaitée par l’Egypte pharaonique antique noire. Qui a découvert alors la momification si ce n’était pas l’Égypte antique noire qu’on a voulu rattacher à une géographie orientaliste, imaginaire, pour des raisons purement idéologiques sans lendemain ? Pure affabulation.
Elle était bien l’œuvre d’africains d’Egypte antique noire. Les ouvrages africanistes réactionnaires font penser à une Afrique improductive, ce qui est abject, un paradigme occidental qui essaie de s’approprier faussement toute l’histoire mondiale. Un scandale qu’il faut absolument dénoncer par tous les moyens dont nous disposons. Tout un tas de vocabulaire dégradant reléguant le noir comme étant un être pitoyable, incapable de progrès, bref les mêmes discours racistes, les mêmes clichés du nègre de service de la négritude de Senghor qui chante et qui danse comme un enfant. Toute une batterie de missiles à l’égard du noir farfelu et pitre. Il est tant que nous refassions nous-mêmes notre propre histoire, sur des bases libres, en nous fondant sur notre paradigme historique.
Nous ne devons rien attendre de l’Europe qui a colonisé et exploité, asservi l’Afrique pendant plusieurs siècles, cette Europe là qui s’est enrichie sur notre dos pour faire leur révolution industrielle, ne nous aidera jamais, ne nous faisons pas d’illusions ; on ne peut accorder le moindre crédit à l’idée d’une amitié quelconque avec l’Afrique, adhérer à de telles thèse est une chimère ; ceux qui y croient sont dans l’utopie totale, donc il n’y a aucune vérité historique de ce qu’ils écrivent depuis des siècles. On ne peut pas aider quelqu’un qu’on a exploité quatre siècles. C’est un non sens. Le blanc ne reconnaîtra jamais l’apport de l’Afrique, sinon comment analyser le matraquage permanent dont sont victimes les noirs ? Alors que sans l’apport de celle-ci, le monde n’aurait aucun sens aujourd’hui, qu’on cesse donc de nous ridiculiser sur des bases purement racistes. Le monde occidental qui nous impose ses lois n’est pas une panacée, moins encore un modèle par rapport à nos anciennes sociétés historiques. La comparaison serait même grotesque. L’Europe le sait parfaitement même si elle ne le dit pas par orgueil et par commodité. Il nous faut traiter d’égal à égal avec l’Europe sur des bases voulues si nous voulons rebâtir un modèle africain à l’instar de l’Egypte antique noire.

Donc la dissolution arbitraire de la conscience historique africaine de façon à créer par la confusion historique de faux postulats incommensurables sur toute la planète, consistant à focaliser le débat à grande échelle sur plusieurs écoles anthropologiques frisant la démence la plus parfaite qui soit. Voilà l’expropriation historique dont sont victimes aujourd’hui les africains, qui sont pourtant les initiateurs historiques de toute civilisation au moment où l’Europe n’existait pas encore, où alors, quand elle a existé, elle versa dans la barbarie la plus totale, parce que la race n’est rien d’autre qu’une notion géographique, car l’homme blanc n’est devenu comme tel le jour où il a commencé à s’acclimater sous d’autre latitude, en perdant sa mélanine. Le colonialisme a forgé dans la conscience du subconscient africain à douter de lui-même. Il nous appartient donc de redresser non seulement la barre, en prenant conscience de notre glorieuse histoire depuis la nuit des temps, par un travail titanesque afin de rétablir la vérité historique, mais aussi réveiller cette vérité absolue qu’est l’histoire colossale de nos ancêtres qui sont les inventeurs de la conscience historique, en nous fondant strictement sur le terrain scientifique pour démontrer toute l’histoire sciemment confisquée par l’homme blanc. Si la race noire était restée en Afrique, il n’y aurait certainement pas d’autres races dans le monde. Les idéologues racistes tels Kant, Gobineau, voltaire et compagnie devraient faire preuve d’humilité avant d’arroser le monde d’ignominies ubuesques, fondement du paradigme intellectuel de l’Europe présentant l’africain comme étant un être antinomique à la science parce que inférieur à la race blanche.

Dans ces conditions, nous devons maîtriser les outils technologiques, en particulier l’objectif nucléaire étant donné les nombreuses richesses dans notre sous sol tels l’or, le diamant, l’uranium, le cuivre etc. pour mettre un terme à la honte du siècle. Le respect de l’Afrique viendra d’elle-même. Trop de compromis et de compromissions nous égarent indiscutablement. Nous devons restituer toute l’histoire africaine déformée par l’homme blanc qui se croit perpétuellement l’être supérieur qu’il n’est jamais, alors qu’il a crée toutes les violences imaginables et qui essaie de retourner l’histoire à sa faveur. Qui a crée l’apartheid, l’esclavage, les guerres, la colonisation, les plus atroces que l’humanité n’ait jamais connues sur terre ? Nous avons toutes les richesses et les réserves mondiales les plus importantes et pourtant nous sommes les plus pauvres. Un changement des mentalités doit être notre objectif si nous voulons sortir de la dépendance ».

Le combat continue !
Ahmadou Diop : Auteur chez Edilivre

6 Commentaires

  1. Tres riche contribution Mr Diop. Aujourdhui les Africains ont besoin de rehabiliter leurs grands esprits en l’instar de Cheikh Anta, Cheikh Ahmadou Bamba, Lumumba; tous ces heros qui, a travers notre histoire douloureuse, ont confronte l’oppresseur par leurs grandes ideologies. Le chemin semble vraiment long au vue de la psychologie collective africaine empoisonnee par les doctrines occidentales fallacieuses, non-conformes a nos systemes de valeurs, notre spiritualite, et nos langues. A mon humble avis, un debut de solution serait la promotion des veritables historiens Africains dans nos systemes educatifs, de maniere a pourvoir a nos jeunes une identite purement africaine. Encore une fois merci pour ce beau. travail intellectuel.

  2. C,est tres bien dit Mr Ahmadou Diop et avec des gens de votre trempe il n,est plus permis de pleurer le regrette Professeur Cheikh Anta Diop(paix sur lui) mais plutot de porter ses chaussures et suivre ce chemin qui,il nous a traces(et qui est le seul a nous conduire a la liberte, a l,epanoissement, a la connaissance, a la dignite…) et continuer le combat, comme vous l,aviez si bien dit a la fin de ce brillant article, Faites moi le plaisir de me donner vos cordonnees et je pense qu,il s,agit bien de « Baye Gaye » que j,ai perdu de vue depuis 1979 ainsi qu ,Elimane Merci beaucouop

  3. Et si on faisait un peu de politique fiction ? Sujet : Nous sommes en 2022? LE Présient Macky Sall vient juste de terminer son deuxième Mandat à la tête du Sénégal que déjà un collectif de Citoyens soucieux de la protection et de la sauvegarde des deniers publics porte plainte contre le tout nouveau ancien Président Macky Sall pour enrichissement illicite pour la période allant de 2000 à 2022. Selon monsieur Lamine Diop, le Président Macky Sall avait, dans sa déclaration de Patrimoine déposée au Conseil Constitutionnel fait part de sa fortune en biens immobiliers, par titres de propriétés foncière et de bons de placemants bacaires qui étaient évaluée à 8 milliards. Lors de sa deuxième déclaration de Patrimoine après sa deuxième élection en 2017, le Président Macky Sall a déclaré une fortune personnelle, de 5 milliards de francs cfa en argent liquide et de deux immeubles sis à Zuguinchor et deux autres dans le le quartier N’doyènne à grand M’bao/mer, non cumulable avec celle de sa femme Madame Marième Faye Sall compte tenu de leur statut matrimonial de la séparation des biens. Je sollicite une plaidoirie à charge et à décharge aux étudiants en droits, aux juristes du Sénégal et d’ailleurs ! Pour cette plaidoirie fictive, je suis prêt à offrir un terrain d’une superficie de 200 m2 d’une valeur de 2 millions à l’étudiant ou au juriste qui aura fait la meilleure plaidoirie fictive ! voici mon mail / [email protected]

  4. Mon cher frere,

    Un GRAND MERCI pour votre contribution qui a le merite de nous rappeler l’essence du travail scientifique remarquable du Savant Cheikh Anta Diop.

    Notre approche se doit d’etre pragmatique ; il faut maintenant passer a l’action!

    L’objectif etant de rendre accessible le travail de Cheikh Anta Diop au plus grand nombre en evitant d’en faire un probleme africain. Comme vous le savez sans doute, Cheikh Anta Diop n’a pas exclusivement reserve son oeuvre aux Africains. Il a corrige, de maniere claire et sans aucune equivoque possible, l’histoire de l’humanite precedemment ecrite et enseignee depuis toujours et jusqu’a present.

    Puisque nous savons, a quel dessein l’histoire de l’humanite a ete ainsi galvaudee, nous devons la reecrire ; d’abord pour nos enfants et dans leurs manuels scolaires et remonter progressivement… en l’elargissant a d’autres audiences.

    C’est cela le sens et la portee du travail de longue haleine qu’il nous reste a faire.

    Encore merci!

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