Aussi savants que paraissaient les agents de renseignement et autres observateurs de la géopolitique, personne n’avait imaginé, ne serait qu’un instant, que ces gouvernements oligarchiques, qui ont inspiré Abdoulaye Wade et l’ont laissé croire qu’il pouvait se faire succéder par son fils, allaient finir ainsi dans le déshonneur: faibles et vulnérables devant la volonté de la rue. Zin El Abédine Ben Ali a fui sa Tunisie, comme un vulgaire voleur. Et le monde occidental, la France en premier, qui croyait voir en lui l’obstacle à l’orgue islamiste parle de lui comme un dictateur, un potentat, un voleur sans vergogne. Hosni Moubarak, le président égyptien, qui était considéré comme le meilleur allié de l’Occident et le seul «ami d’Israël» dans le monde arabe, est quant à lui peint sous les traits d’un monarque autocratique, coupé des réalités de son peuple et décidé à se faire succéder par son fils Gamal; un incapable notoire. Et si tout cela a été possible en un mois, ma conviction est qu’il ne faut jamais désespérer d’un peuple, aussi docile, aussi moutonnier qu’il puisse paraitre. Il suffit d’un fil conducteur pour mettre le feu au baril.
Avant que le vent de la Révolution ne souffle sur le monde arabe, la Tunisie était considérée comme la Suisse du Maghreb et les cartes postales en provenance de ce pays faisaient croire que personne n y avait faim. Du Caire aussi, rien d’inquiétant ne pointait à l’horizon et le «Commandeur des Croyants», Hosni Moubarak, paraissait protégé par les milles et unes prières dites en sa gloire par les Oulémas d’Al-Azar, le plus grand centre de l’islam sunnite. Avant eux d’autres dictateurs se croyaient sous la protection de forces mystiques avant de se rendre compte de l’évidence que la s
la saison des révoltes Par Babacar Touré
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