La tragédie familiale Par Soro Diop

Décidément, les Wade, c’est maintenant carrément une tragédie. Au naufrage des ambitions successorales du fils viennent s’ajouter le poids des convulsions nationales et ses ramifications chez les partenaires étrangers du Sénégal. La bouée de sauvetage hexagonale s’est trouée en pleine mer agitée par la tempête politique du 23 juin et celle sociale du 27 juin. Le projet de dévolution dynastique, populairement enterré au Sénégal – et de quelle manière ! – avait quelques minces chances de passer par une petite fenêtre que pouvaient entrebâiller les amis français de Wade, surtout après le chahut diplomatique de Benghazi. Mais, Alain Juppé, la voix diplomatique la plus officielle de la France, a fermé le trou, comme celui d’une jupe que les regards décents de sa vieille démocratie ne sauraient voir.

Que l’orchestre politico-médiatique des Wade ne vienne surtout pas nous asséner la martingale du patriotisme, le mantra nationaliste pour s’élever contre l’ingérence de la France, après qu’ils ont eu à lui faire la cour et ses courses jusqu’à Benghazi, oubliant ainsi que les jeux et les enjeux, c’est d’abord et surtout ici au Sénégal !  Le père a été rappelé à «l’ordre démocratique» par la France, tardivement il est vrai par rapport aux Yankees. Le fils, lui, a subi le «martinet» de son tonton Robert Bourgi qui n’a pas voulu bouger le plus doigt à minuit passée, alors que «Rome brûle» au Sénégal, pour un secours de l’Armée de nos ancêtres les Gaulois. Qu’il était pathétique le discours de Karim rapporté, hier, sur les ondes de la Rfm, par Robert Bourgi. Mais, c’est également navrant, bien navrant, pour ne pas dire insultant pour les Sénégalais, ce coup de fil d’après minuit pour solliciter l’aide de l’Armée française, celle-là dont on avait à grands coups médiatiques annoncé la fermeture des bases au Sénégal. Dans un pays respectueux de sa souveraineté, où les institutions judiciaires s’acquittent de leur mission régalienne, Karim Wade devait être entendu. Son appel à une Armée étrangère pour intervenir dans un pays souverain n’est pas loin d’une haute trahison.

Serigne Mbacké Ndiaye, lui, est le porte-parole du président de la République. Pitié pour le Président ! Pitié pour la République ! Quelques petites heures après avoir péremptoirement craché au micro que Karim Wade n’a jamais appelé Robert Bourgi pour demander l’intervention de l’Armée française, la voix de stentor de ce dernier déchirait les ondes de la Rfm pour apporter un cinglant démenti à son pseudo-démenti. C’est en passe de devenir une coutume chez ce porte-parole du Président Wade qui a tendance à confondre bavarder et communiquer. Quand comprendra-t-il donc cette vérité proverbiale : «Le silence est parfois d’or, quand la parole est d’argent» ?

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