L’Afrique de l’Ouest ne compte plus aucun cas d’Ebola

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Le Liberia a atteint avec succès l’échéance du jeudi 14 janvier 2016. C’est à cette date qu’a été révolue la période de quarante-deux jours – deux fois la durée d’incubation maximum de vingt-et-un jours pour la maladie – à l’issue de laquelle le pays a pu être déclaré par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) officiellement débarrassé d’Ebola. Le pays entre maintenant dans une période de « surveillance renforcée » pendant quatre-vingt-dix jours.
Le dernier kilomètre est toujours le plus difficile, mais l’espoir est grand de voir s’arrêter définitivement, en 2016, l’épidémie sans précédent qui a débuté en décembre 2013, et qui a entraîné 28 637 cas, dont 11 315 mortels. Reste aujourd’hui la menace résiduelle de petites flambées d’infections à l’occasion de la réactivation du virus chez des survivants qui l’hébergent encore en eux, notamment dans le sperme – où il peut y demeurer pendant neuf mois –, alors qu’ils paraissent en bonne santé.
Des risques de réémergence du virus chez les survivants
De fait, les Libériens ont déjà cru par deux fois avoir atteint la fin de l’épidémie. L’OMS avait annoncé, le 9 mai 2015, que le Liberia était exempt d’Ebola, la période fatidique s’étant écoulée sans nouveau cas. Le 29 juin, le décès d’un malade porteur du virus, à l’origine d’une chaîne de transmission comprenant quatre cas supplémentaires, dont un mortel, avait remis le compteur à zéro. Le 3 septembre, le pays soufflait et pensait être enfin arrivé au bout de ses peines. Malheureusement, trois cas confirmés étaient découverts en quelques jours dans la capitale, Monrovia : un garçon âgé de 15 ans hospitalisé le 19 novembre et testé positif, tout comme dans les jours suivants son frère âgé de 8 ans et son père de 40 ans.

Si le Liberia est le pays ayant eu à déplorer le plus grand nombre de morts (4 809), la Sierra Leone, considérée comme débarrassée de la maladie depuis le 7 novembre, est celui qui a dénombré le plus grand nombre de cas (14 122). Ce dernier pays est déjà entré dans la période de surveillance renforcée de quatre-vingt-dix jours, s’achevant le 5 février. Quant à la Guinée, où l’épidémie a touché 3 804 personnes et fait 2 536 morts, elle a été déclarée exempte de la maladie à virus Ebola le 29 décembre.

La fin de l’épidémie est donc envisageable à court terme, mais plusieurs facteurs préoccupent les autorités sanitaires nationales et internationales. Tout d’abord, les survivants d’Ebola souffrent souvent des séquelles de l’infection. Comme l’indique une étude menée en Sierra Leone auprès de 277 personnes guéries et publiée mercredi 23 décembre dans The Lancet Infectious Diseases, les trois quarts d’entre eux présentent une inflammation et des douleurs articulaires, 60 % ont des troubles visuels allant dans certains cas jusqu’à la perte de la vue, et un quart connaissent des problèmes d’audition.

L’exemple des derniers cas recensés en novembre au Liberia, liés à la réémergence du virus chez un patient anciennement infecté et considéré jusqu’alors comme guéri, illustre un phénomène connu dans d’autres infections virales, mais que l’on ignorait dans le cas d’Ebola. Alors que tous les symptômes de la maladie ont disparu et font conclure à la guérison, le virus persiste, comme en sommeil, dans certains compartiments de l’organisme : ganglions, cerveau, etc., ou, dans le cas d’Ebola, œil ou testicule – le virus pouvant persister au moins neuf mois dans le sperme. Il peut par la suite être réactivé et se multiplier à nouveau, provoquant un rebond de l’infection. Ce qui pourrait constituer un point de départ d’une nouvelle épidémie, une hypothèse prise au sérieux par les spécialistes.
Des systèmes de santé et de surveillance sanitaire encore fragiles
Le spectre d’une réapparition de l’épidémie en 2016 rend encore plus urgent de remédier aux énormes carences mises au jour en 2014 et 2015. L’épidémie a montré l’extrême fragilité des systèmes de santé et de surveillance sanitaire locaux, ainsi que les lacunes du dispositif de riposte internationale. Il est donc indispensable de mettre à profit la période actuelle pour renforcer les systèmes nationaux – surtout après le décès de 535 professionnels de santé morts en soignant des malades – et enclencher une réforme de la réponse internationale.
Sous l’égide de l’OMS, une nouvelle phase de riposte a été mise en route. Elle vise à interrompre rapidement toutes les chaînes de transmission virale encore existantes en identifiant et en isolant les personnes en contact avec un cas déclaré. Dans les trois pays les plus touchés, des efforts ont été déployés pour inciter à un signalement sans délai de tout cas suspect et faire pratiquer des prélèvements (sang et salive) à la recherche du virus. L’OMS considère le déploiement d’équipes de réponse rapide, sitôt qu’un cas confirmé est détecté, comme « la pierre angulaire de la stratégie de riposte nationale ». Des séances de formation et d’exercices de simulation ont également été organisées dans plusieurs autres pays d’Afrique.
Au niveau international, l’OMS, critiquée pour la lenteur de sa réponse, a entrepris de mettre en place une plate-forme opérationnelle, avec des personnels pouvant être déployés pour répondre à des urgences sanitaires. Cela suppose de former des professionnels mais aussi d’apporter des financements spécifiques. Les essais vaccinaux lancés dans les trois pays ont également apporté des éléments importants pour la mise au point de futurs vaccins contre Ebola.

lemonde.fr

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