L’alternative « Wade – Diouf » ou l’apocalyspse. Par Dr Mouhamadou Bamba NDIAYE

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Il a quitté le pouvoir avec élégance, prouvant à la face du monde qu’il était un vrai démocrate ; on se rappelle encore sa fameuse passation de pouvoir avec WADE qui a ému plus d’un et rehaussé à un niveau jamais égalé l’image de marque de notre pays qui venait ainsi de se démarquer très nettement des autres pays africains où les transitions étaient toujours difficiles, voire catastrophiques ; une véritable leçon de démocratie venait d’être dispensée au monde entier. Malheureusement, dix ans après, on parle de plus en plus de recul de notre démocratie ; et c’est la désillusion pour l’immense majorité des sénégalais qui se demandent légitimement ce qui s’est passé pour qu’ils méritent un tel sort. Pourtant l’explication paraît simple ; en vérité, WADE a été élu au second tour ; il était donc mal élu, avec majorité artificielle, car obtenue par le cumul de l’électorat de tous ceux qui l’avaient soutenu ; en outre, pour consolider son pouvoir, il a cru nécessaire de liquider systématiquement la plupart des ténors de l’Alternance pour avoir les coudées franches et d’instaurer une stratégie de débauchage, favorisant la transhumance et travestissant ainsi tous les mœurs politiques. On peut aussi retenir que WADE qui était devenu président à un moment où lui-même ne s’y attendait plus, était mal préparé à l’exercice du pouvoir et n’était entouré que par des amateurs n’ayant aucune expérience de l’administration ; cela s’est manifesté, dès les premières heures de l’Alternance par des improvisations, des tâtonnements, une absence de vision globale et d’un véritable tableau de bord. Pourtant, quand WADE prenait le pouvoir, le plus dur était presque passé ; en effet, après plusieurs années d’ajustement, l’économie était pratiquement assainie ; oui, tous les voyants macroéconomiques étaient au vert et autorisaient d’envisager l’émergence de notre pays, à plus ou moins brève échéance. Malheureusement, les nouveaux détenteurs du pouvoir n’avaient pas perçu cette évolution et tous les enjeux de l’heure ; ils passaient leur temps à remettre en question les acquis des 40 ans de régime socialiste, sans relativiser par rapport à tous les facteurs conjoncturels qui, à chaque, étape, plombaient notre développement (sécheresse, ajustement structurel, etc.) ; alors qu’il suffisait seulement de poursuivre le processus déjà enclenché, d’apporter peut-être quelques retouches et surtout de consolider la cohésion nationale ; bref changer, dans la continuité. Actuellement, c’est donc le retour du bâton pour les sénégalais qui, du fait de leur empressement, de leur ignorance et de leur aveuglement, avaient choisi le divorce ; ils n’avaient pas certainement à l’esprit les mises en garde explicites du Coran :

(9) Certes, ce Coran guide vers ce qu’il y a de plus droit, et il annonce aux croyants qui font de bonnes oeuvres qu’ils auront une grande récompense, (10) et à ceux qui ne croient pas en l’au-delà, que Nous leur avons préparé un châtiment douloureux. (11) L’homme appelle le mal comme il appelle le bien, car l’homme est très pressé.

(17. Le Voyage Nocturne : 9-11 – Al-Isrâ’)

(19) Ô les croyants ! … Comportez-vous convenablement envers elles. Si vous avez de l’aversion envers elles durant la vie commune, il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose où Allah a déposé un grand bien.

(4. Les Femmes : 19 – An-Nisâ’)

Ainsi, une approche ésotérique est peut-être nécessaire pour expliquer la situation particulièrement difficile que vivent les sénégalais, depuis l’avènement de l’Alternance, en dépit des milliards mobilisés. En effet, en 2000, la presque totalité des religieux était en phase avec le pouvoir temporel et souhaitait la réélection de DIOUF ; cela découlait d’une tradition qui remonte à leurs illustres prédécesseurs, dont essentiellement, Serigne Babacar SY et Serigne Fallou MBACKE. Serigne Abdoul Ahad MBACKE n’avait-il pas déclaré très solennellement que ‘’s’opposer à DIOUF, c’est trahir Serigne Touba’’ ? Au passage, rappelons que Dieu dote souvent les vrais religieux d’une science ésotérique (‘’aqiqa’’), comme l’illustre le récit de Moïse et Khadir rapporté dans le Saint Coran (18. La Caverne : 60-82 – Al-Kahf) ; et de ce fait, leurs faits et gestes déroutent presque toujours les intégristes laïcs et autres matérialistes. Ainsi, la chute de DIOUF pouvait être considérée comme un cinglant désaveu des religieux, alors qu’il n’en était rien ; ce n’était qu’une épreuve ; certes, ils avaient perdu une bataille, mais tôt ou tard, ils remporteront la ‘’guerre’’, car ils constituent le ‘’parti de Dieu’’ (Hizbullah) à qui Dieu a promis la victoire ; c’est dire que l’Alternance était piégée dès le départ et que la coalition au pouvoir était condamnée à l’implosion et à la contre-performance. Il ne pouvait pas en être autre autrement, car telle est la coutume de Dieu – il y va de sa crédibilité et de celle du Mahdi qui parachève la mission de tous les ‘’hommes de Dieu’’. (*)

– Suivant Abû Hurayra et Umm Salama, le Mahdi recevra, à la Mecque, un pacte d’allégeance, entre l’Angle de la Pierre Noire et la Station d’Abraham – Paix sur lui. [Un séjour à la Mecque est une condition obligatoire pour valider l’authenticité d’un ‘’Mahdi’’]. … . Et selon un hadith rapporté par Ibn Mas’ûd et d’autres compagnons, le Mahdi apparaîtra à la fin des temps, au Maghreb ‘’extrême’’ [Afrique], et portera la victoire devant lui sur une distance de quarante milles. … Aucun de ses étendards ne sera mis en déroute : ils se dresseront pour partir en campagne à partir d’une montagne du Maghreb connue sous le nom de Mâsna, et seront confiés à un groupe auquel Dieu a promis le soutien et la victoire : ceux-là constituent le ‘’parti de Dieu’’. Le parti de Dieu n’est-il pas assuré du succès ?

(D’après Al-Qurtubî)

Oui, les missionnaires et leurs partisans seront toujours les vainqueurs :

(21) Allah a prescrit : « Assurément, Je triompherai, moi ainsi que Mes Messagers ». En vérité, Allah est Fort et Puissant.

(22) … Ceux-là sont le ‘’parti d’Allah’’. Le ‘’parti d’Allah’’ est celui de ceux qui réussissent.

(58. La Discussion : 21 – Al-Mujadalah)

Par contre, l’opposition à un missionnaire ne peut aboutir qu’à la perdition, comme l’illustre parfaitement le récit du Prophète çâlih :

(11) Les Tamud, par leur transgression, ont crié au mensonge, (12) lorsque le plus misérable d’entre eux se leva (pour tuer la chamelle) (13) Le Messager d’Allah (çâlih) leur avait dit : « La chamelle d’Allah ! Laissez-la boire ! ». (14) Mais, ils le traitèrent de menteur, et la tuèrent. Leur Seigneur les détruisit donc, pour leur péché et étendit son châtiment sur tous. (15) Et Allah n’a aucune crainte des conséquences.

(91. Le Soleil : 11-15 – Ach-Chams)

Incontestablement, le Président Abdou DIOUF était un ‘’bienfaisant’’ (2) ; il avait su maintenir l’équilibre entre les confessions et les confréries ; ceci lui avait valu l’estime et la bénédiction de tout le spirituel. Il avait particulièrement assisté notre maître, Son Eminence Serigne El Hadj Madior CISSE pour l’édification de la Sainte Mosquée Ihsaan et d’un édifice pour abriter les structures de la mission de Serigne Babacar SY (5) – la mission du Mahdi, le « Christ de la Parousie » et pôle de rayonnement exclusif du Saint-Esprit (4). Il était donc assurément des nôtres ; il recevra donc la récompense promise aux bienfaisants et passera dans les langues de la postérité, comme le suggère le Coran :

(130) « Paix sur Elie et ses partisans ! ». (131) Ainsi récompensons-Nous les bienfaisants, (132) car il était du nombre de Nos serviteurs croyants.

(37. Les Rangés : 130-132 – As-Saffât)

En vérité, tous ceux qui l’avaient soutenu en son temps ne l’ont pas regretté ; l’histoire leur a donné raison ; oui, DIOUF était indéniablement le meilleur choix ! Homme d’Etat et grand humaniste ; il est resté digne, discret, courtois, fin diplomate et indemne de tout sentiment de haine ou de velléités de revanche. Notre Maître, connu pour sa probité et son désintéressement des choses de ce bas monde, lui a témoigné tout cela publiquement, à maintes reprises (5). Et, tout en étant un républicain irréprochable, DIOUF aidait l’Islam dans la discrétion et l’efficacité ; ce qui lui a valu le prestigieux Prix Fayçal, pour service rendu à l’Islam et à la Umma – et ce n’était pas immérité ! Il symbolisait la rectitude et l’intégrité (2) – On ne peut pas demander plus à un homme politique dans un contexte laïc.

Actuellement, le pays est très malade ; la crise est gravissime et c’est pour la classe politique le moment ou jamais de faire la trêve pour solidairement sauver le pays du chaos ; c’est donc une ultime chance pour relancer le dialogue politique, en dépit des propos impertinents du Président WADE à l’adresse de l’opposition ; avec lui, il faut savoir relativiser et considérer cette sortie comme une provocation pour susciter le dialogue et surtout la conciliation de DIOUF qui, à notre avis, a le meilleur profil pour cette mission ; en témoignent tous les témoignages élogieux à son endroit (1) (3). Il termine son mandat à la Francophonie et beaucoup de sénégalais souhaitent qu’il ne postule pas à son renouvellement et qu’il revienne assister le Président Wade, son frère et ami ; il n’est demandeur de rien, mais il faut qu’il fasse un sursaut patriotique et s’impliquer d’une manière ou d’une autre (en qualité de vice-président ou d’une autre fonction) pour la formation d’un gouvernement d’union nationale de transition. WADE n’en serait que grandi ; oui, en réussissant le redoutable challenge de ‘’la paix des braves’’, le Sénégal lui sera redevable et il passerait très certainement dans les langues de la postérité.

Docteur Mouhamadou Bamba NDIAYE

Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar

Pédiatre à Thiès

Recteur de l’Université Virtuelle « La Sagesse » de la Fondation Serigne Babacar SY Ihsaan – Bienfaisance (Thiès).

REFERENCES :

(1) Le Président Wade à Abdou Diouf : « Je n’ai pas une opposition intelligente ». Seneweb-News.

(2) Abdou Diouf : des vertus nommées « rectitude » et « intégrité ». Swissinfo.ch

(3) Rapport Abdou Diouf – Me Abdoulaye Wade : Une chance pour le Sénégal. Lesoleil.sn

(4) Lettre ouverte à Son Excellence, Maître Abdoulaye Wade, Président de la République du Sénégal & Elucidation de la mission du Mahdi. http://sites.google.com/site/missionmahdi/

(5) La Grande Mosquée Ihsaane dédiée à Khalifa Ababacar SY – Raisons et conditions de réalisation. (Fidélité et reconnaissance au Président Abdou Diouf). http://www.ihsaane.org

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