L’APR et les débats politiques: Grandes chaussures pour petites pointures

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« Sur les plateaux, on peine un peu. Sur tous les plateaux, on devrait faire feu et flammes », s’est enflammé le Premier ministre Aminata Touré lors d’une rencontre récente avec la Convergence des cadres républicains (CCR). Telle une enseignante devant ses élèves, la trique à la main, la dame de fer de l’Alliance pour la République (Apr) a enjoint aux cadres autoproclamés dudit parti d’avoir plus d’allant, de tonus et de pertinence dans les débats auxquels ils sont systématiquement conviés avec leurs homologues de l’opposition. Il est de notoriété publique que les « Apéristes » souffrent le martyre sur tous les plateaux télé ou dans tous les studios de radio.
Elle suggère qu’un pool de 600 débatteurs puisse aller à l’assaut des médias pour mieux expliquer le programme « Yoonu Yokkute » du gouvernement. Le mot d’ordre est donc de s’adonner à de la politique-spectacle, du buzz, du choc, de la polémique pour convaincre des populations encore dubitatives sur l’efficience de ce gouvernement.Ainsi, cette flopée de débatteurs formatés par les communicants aguerris de l’Apr pourra constituer un véritable rempart contre cette opposition et les « sans-couleur » politiques qui règnent en maîtres dans les médias quand il s’agit d’aborder la politique gouvernementale.

La mise au point de Mme Aminata Touré empreinte de colère témoigne de la nullité ou de la faiblesse de niveau des soi-disant cadres apéristes. Les échanges contradictoires auxquels ils participent sont au niveau zéro du débat politique. Leurs débats télévisés n’ont plus aucun intérêt parce qu’insipides voire insolents. Que peuvent apporter de productif dans un débat politico-intellectuel des politiciens insolents comme Ameth Suzanne Kamara, Youssou Touré, Moustapha Cissé Lô, Me Djibril War, pourtant très pertinent et structuré quand il était dans l’opposition, Mahmout Saleh et Abdou Mbow dont le quotient intellectuel ne dépasse pas celui d’un crapaud ? Abdou Aziz Diop fait des ronds de jambe, Sory Kaba et Birame Faye résistent encore aux tirs groupés de leurs adversaires. Moustapha Diakhaté ânonne et bafouille dans ses interventions rebutantes, Luc Malick Sarr et Seydou Guèye versent dans la langue de bois, Abdoulaye Diouf Sarr et Benoit Sambou se perdent dans ses élucubrations intellectuelles, Marième Badiane et Awa Guèye font mal leur baptême de feu.

En sus, les médias d’Etat comme la RTS participent de la médiocrité du débat politique des « Apéristes ». Sinon, comment comprendre qu’au soir de la DPG du Premier ministre, le journaliste Khaly Seck invite sur son plateau Abdou Fall qui dirige son mouvement politique citoyen pro-gouvernemental, Alternative citoyenne/And Nawlé et Luc Sarr ? Finalement, le débat était à un niveau abyssal parce que orienté dans un sens univoque sans contradiction, sans critique.

Dans les médias, à la place de vrais débatteurs qui ont de la bouteille et qui maîtrisent leurs sujets, on retrouve des flagorneurs de tout acabit qui passent le plus clair de leur temps à rabâcher incessamment « la vision du président de la République ». Une vision qui, en réalité, est enténébrée par son manque de cohérence dans sa matérialisation ou de pertinence dans son élaboration parce que n’étant arrimée à aucune ambition de développement. Les 400 milliards prêtés par la Chine et destinés au projet autoroutier Thiès-Touba sont un exemple patent de manque de vision de développement. Jeter autant de milliards dans un projet qui ne générerait rien qui booste une croissance est contre-productif et va à l’antipode de toute stratégie de développement.La seule chose qui motive cette autoroute onéreuse dont le financement est obtenu et le marché attribué dans des conditions totalement nébuleuses, c’est la drague de l’électorat mouride qui reste encore fidèle à Wade et à son fils Karim.

Certes le gouvernement a esquissé des programmes sociaux tels que les bourses de sécurité sociale, la couverture maladie universelle mais à des fins purement électoralistes. Il a voulu copier des modèles sociaux de réussite mais les aires géographiques, les fondements idéologiques et la disponibilité des ressources qui ne sont pas les mêmes influent conséquemment sur l’efficacité de ces programmes sociaux. Ainsi, l’expérience embryonnaire, hasardeuse et irréfléchie du Sénégal ne peut pas constituer pour les débatteurs de l’Apr des arguments de défense solides sur un plateau parce que ne s’inscrivant pas dans une politique globale de développement comme il en a été au Brésil, au Mexique ou dans d’autres pays de l’Amérique du Sud, lesquels disposent de ressources considérables qui puissent supporter ces programmes d’aide alimentaire.

Rares sont les débats dont les « Apéristes » ne sortent pas démolis ou esquintés par leurs vis-à-vis plus à l’aise pour clouer au pilori le programme gouvernemental.Ainsi la mission première des communicants de Mme Aminata Touré Mimi, devrait être de contrecarrer les « détracteurs » de tous crins par des arguments solides, étayés par des chiffres irréfutables. Malheureusement, ce n’est pas demain la veille que cette tendance sera renversée puisque ce qui doit leur servir de matière pour s’imposer dans un débat fait encore défaut. Ce sont les réalisations concrètes et visibles.Ce débat nous rappelle cette colère du président de la République contre ses ministres qui ne parviennent pas à communiquer sur les « réalisations » de son gouvernement.

On avait même parlé d’une mise en place d’une plate-forme qui organiserait la coordination de la communication gouvernementale en instituant dans chaque ministère un porte-parole. Mais cette tâche s’est avérée finalement impossible puisqu’il n’y a pas encore des réalisations majeures palpables qui puissent gagner l’adhésion des populations à la politique gouvernementale. Si par conséquent, au niveau du gouvernement, il n’y a pas encore matière réelle à débattre pour conquérir l’opinion des populations qui grognent du fait de leurs conditions de vie qui se dégradent de jour en jour, il en sera de même au niveau de l’Apr qui est l’arrière-cour de ce gouvernement. On a beau former ou informer les cadres apéristes mais ils ne débattront que sur des virtualités.La meilleure manière pour le Premier ministre d’aider ses cadres à tenir la dragée haute à leurs co-débatteurs, c’est d’attaquer avec ses ministres les vrais problèmes du Sénégal au lieu de s’adonner à des rustines sur jambes de bois. Aussi sa tâche risque-t-elle d’être laborieuse du moment qu’elle veut offrir des chaussures trop grandes à ses petites pointures.

Les notes mensuelles émanant des ministères ne seront que des feuilles volantes si elles ne renferment pas en leur sein des réalisations visibles et des mesures concrètes contre la cherté de la vie qui puissent servir de tableau de bord aux cadres de l’APR pour défendre partout avec efficacité et pertinence la politique gouvernementale.

PAR SERIGNE SALIOU GUEYE

LE TEMOIN

2 Commentaires

  1. Dans tous les pays démocratiques, grands et petits ce sont les ministres du gouvernement eux-mêmes qui viennent sur tous les plateaux des chaînes de télévisions et les antennes de radios pour porter la contradiction aux représentants de l’opposition !
    Pourquoi diable ma tante Aminata voudrait-elle que ce rôle soit dévolu aux seconds couteaux ou bien à un pool de débatteurs recrutés à cet effet ?
    Où vat-on là ?
    On peut comprendre ma tante, quand on a en fasse de ses troupes des bêtes de scènes politiques tels Thioye, Kaffor Touré, Doudou Wade, M° Sall, Diagne Fada, Diawara et tant d’autres qui ont une maîtrise parfaite de tous les dossiers relatifs à la gestion de l’Etat, on doit s’inquiéter de n’avoir à ses côtés des éléments qui pourraient faire le poids.
    Le seul problème avec le gouvernement est d’avoir le PDS en face !
    Priez, gens du pouvoir pour que ces dix ou 12 perturbateurs soient aphones pendant au moins six mois pour que vous puissiez manipuler les chiffres, les statistiques et autres données à votre guise.
    Mais, l’intelligent le si espiègle M° Amadou Sall échapperait à ce sort, et vous laminerait vos représentants en une seule sortie!

  2. Bonjour cher compatriote et bien sur, Madame le Premier Ministre a parfaitement raison de demander a ses cadres de parti d’etre le prolongement de la vision du chef de l’Etat en direction des masses populaires. Mais, la question qui se pose c’est de savoir si ces cadres possedent les outils communicationnels pour debattre de themes actuels tournant autour des concepts comme la « decentralisation », « nouvelle gestion publique »…
    J’avoue que j’ai ete decu par ces « cadres » de l’APR mais egalement certains journaqlistes qui n’ont jamais pu entrevoir la quintescence du discours de Mimi Toure comme une revendication de cette valeur rationnelle, acceptee par Tout le monde, qu’est « l’equite ». C’est pour davantage eclairer la lanterne de nos compatriotes que j’ai poste dans seneweb cet article intitule « l’equite, cheval de bataille ou subtilite d’un discours politique » qui est une analyse critique de la DPG de Mimi Toure.
    Je pense qu’il n’est pas tard pour les cadres aperistes de a retournera l’ecole de la communication.

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