Le boulanger d’Abidjan et le pâtissier de Dakar. Par Cheikh Tidiane Sy Ancien ministre d’Etat Ancien fonctionnaire international

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La polémique continue de plus belle. Après avoir interrogé, par voie épistolaire, le chef de l’Etat Macky Sall sur le sens de sa facilitation dans le dialogue inter-ivoirien alors que l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny est depuis un an à la tête d’une commission de dialogue et de réconcialiation, l’ancien ministre d’Etat de Me Abdoulaye Wade en charge de la Justice puis de l’Intérieur revient à la charge après une réponse polémiste du Secrétaire général Seydou Guèye, la voix de son maître Macky Sall. Bon connaisseur du dossier ivoirien, Monsieur Cheikh Tidiane Sy repose la même question et attend toujours une réponse : « Quelles sont les motivations de Macky Sall ? ». L’auteur de cette retentissante tribune prend également date avec nos lecteurs pour d’autres confidences et révélations.

Le philosophe hongrois Sandor Marai écrivait avec justesse que « les hommes ne sont jamais aussi dangereux que quand ils se vengent des crimes qu’ils ont commis eux-mêmes ».

Ceux qui ont lu la prétendue réplique de Monsieur Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la République (APR) à ma tribune sur la médiation du Président Macky Sall en faveur du Front populaire ivoirien (FPI), ont dû se rendre compte de la haine, du manque affligeant de profondeur et du plein délire qui ont animé son auteur, du début à la fin.
Politiquement, son texte me ramène au constat suivant : lors d’une réunion de l’APR, Macky Sall – qui est toujours à la tête de sa formation politique (en porte-à-faux avec les conclusions des Assises) avait déploré le fait qu’il était mal défendu par les siens ; Hé bien, il peut se réjouir, son porte-parole a répondu présent. Sauf qu’il ne l’a pas fait avec talent, mais avec fanatisme inutile et violence inouïe, au point que j’ai pensé qu’il devait avoir la bave à la bouche en rédigeant son papier écrit avec précipitation. En vérité, « avoir du talent, c’est avoir foi en soi-même, en ses propres forces », j’ai cité Maxime Gorki. J’invite Seydou Guèye à méditer cette pensée de l’écrivain et dramaturge russe.
Les Sénégalais nous observent et sont plus intelligents que les gouvernants. J’ai posé une question jusque-là sans réponse : « Qu’est-ce qui motive la médiation de Macky Sall ? », à un moment où il y a déjà un cadre de dialogue et de réconciliation mis en place par le Chef de l’Etat ivoirien et qui travaille sous l’autorité naturelle d’un ancien Premier ministre Charles Konan Banny.
Avec toute la modestie qui entoure mes propos, je crois savoir de quoi je parle lorsqu’il s’agit de facilitation ou de médiation. Voyez-vous, quatre années durant (1997-2001), je me suis retrouvé, à côté du Mwalimu Julius Nyerere, impliqué dans le processus de médiation pour la paix au Burundi. Dans ce pays, il n’y avait pas de gouvernement élu démocratiquement, ni de parlement représentatif, ce qui est loin d’être, le cas de la Côte d’Ivoire. Par conséquent, je suis fondé à me poser des questions sur les véritables motivations de Macky Sall. On a pu lire dans le communiqué de la présidence de la République qu’il est en accord avec le Chef de l’Etat ivoirien. Evidemment pour qui connaît la délicatesse et l’élégance de Monsieur Alassane Dramane Ouattara.
Cela dit, Seydou Guèye me donne l’occasion de préciser ma position : Macky Sall, ministre, Premier ministre d’Abdoulaye Wade, Président de l’Assemblée nationale sous la bannière libérale, ne saurait, en ce moment, nous donner, – à nous qui avons exercé des responsabilités avec lui sous Me Wade -, des leçons de quelque nature que ce soit. Ce n’est pas parce qu’ils détiennent le pouvoir que Macky Sall et ses acolytes pensent qu’ils vont nous mettre en coupe réglée.  Ils se trompent lourdement.  Et quand M. Guèye, en mal d’argument, d’étoffe et d’envergure, me destine tout bonnement à la prison de Rebeuss, je voudrais lui rappeler que j’y ai déjà séjourné, du fait de mon engagement dans la lutte pour la liberté et la démocratie. Un engagement qui trouve sa source dans la stricte éducation que j’ai reçue et qui me commande de « cacher tout le bien que je pense de moi-même et le peu de bien que je pense des autres ».
Ce que Seydou Guèye ignore et je me sens dans l’obligation de le lui rappeler, c’est qu’aux différentes fonctions que j’ai occupées, sous Senghor, Diouf et Wade, ou encore dans la fonction publique internationale, j’ai toujours privilégié la loyauté et le sens du devoir. L’ancien Premier ministre, Macky Sall sait, lui, de quoi je parle, s’il a gardé en mémoire le souvenir de certaines séances du conseil des ministres.

L’amalgame Mobutu. Mes détracteurs aiment toujours à se servir de mon passage auprès de feu le président Mobutu pour me forger une image qui n’est conforme ni à ma personne, ni à mon caractère. D’abord, j’étais conseiller personnel du président Mobutu avec résidence à Dakar. Je travaillais sur des dossiers pointus qui n’avaient aucun lien direct avec la politique intérieure zaïroise. Le président Mobutu m’avait gratifié de son amitié, à tel point que le sobriquet de« Mobutu Sy », fabriqué par un lobby politico-journalistique qui pensait ainsi me déstabiliser, ne m’a jamais troublé. J’ajouterai que Mobutu n’était pas le seul chef d’Etat africain avec qui j’ai entretenu des relations de confiance. Mais le fait le plus significatif est que j’ai quitté mes fonctions de conseiller en 1991 ; donc plusieurs années avant que Mobutu ne perde le pouvoir. En effet, quand la colonne de Kabila a commencé sa marche sur le Zaïre, à partir du Rwanda, j’étais au Bureau des Nations-Unies au Burundi. Par conséquent, vouloir à tout prix, comme le fait M. Guèye, m’associer à la chute ou à la perte, c’est selon, du président Mobutu procède de l’amalgame. Mais je le lui pardonne et il n’est pas le seul à entretenir cette confusion souriante. Cela dit, il n’est pas inutile de révéler, pour ceux qui ne l’ont pas connu, que de son vivant et au faîte de sa gloire, du beau monde (chefs d’Etat, hommes politiques, journalistes, guides religieux, hommes d’affaires) se précipitait vers Kinshasa ou Gbadolite, son village natal. Une audience avec le président Mobutu valait son pesant d’or, et il y a, parmi vous M. Guèye, des responsables au plus haut niveau de la République, aujourd’hui, qui ont couru derrière une audience de Mobutu. J’y reviendrai un jour… Inch’Allah !
Responsabilité dans la perte du pouvoir. Quant à ma part de responsabilité dans la perte du pouvoir, le 25 mars dernier, je l’assume pleinement et entièrement. C’est une obligation morale. Je dirai, cependant, qu’elle a été la conséquence de hautes trahisons et de petits meurtres politiciens qui ont fait qu’avec 26% des électeurs, au premier tour, (ce qui représenterait son poids électoral réel), Macky Sall a engrangé le score de 65 % au deuxième tour. Le résultat est qu’on est, aujourd’hui, dans un imbroglio politique qui ne dit pas son nom. L’avenir nous éclairera. Un autre débat que j’engagerai plus tard… Inch’Allah !
M. Guèye a rappelé, pour me le reprocher, la déclaration que j’ai faite dans la nuit du 19 mars 2011. Ma religion de l’Etat, c’est d’abord le sens de la raison d’Etat, c’est-à-dire accepter de servir, sans être asservi, être fidèle et loyal. Il en est ainsi, et il en sera toujours ainsi, car, chaque fois que l’Etat en sentira la nécessité, il fera appel à ceux qui veulent lui rester fidèles. C’est la raison pour laquelle, tous ceux qui se sont émus de ma déclaration télévisée du 19 mars 2011, au point de me le reprocher, n’ont rien compris. L’Etat a estimé indispensable d’informer l’opinion sur des activités identifiées par les services compétents et constituant une menace à l’ordre public ;  j’ai parlé et agi au nom de l’Etat que je servais et qui m’avait mandaté. Penser que c’est de ma propre initiative, c’est ignorer le fonctionnement de l’Etat et c’est lamentable que le Secrétaire général du gouvernement ne l’ait pas compris au point de l’évoquer dans son plaidoyer.
Pourquoi Seydou Guèye ne rappellerait-il pas, alors, ce que son mentor à l’époque Premier ministre, a fait au Méridien-Président devant tout le corps diplomatique : « l’exécution politique » d’un certain Idrissa Seck, dans le cadre des « chantiers de Thiès » ? Pourquoi ne rappellerait-il pas qu’auparavant il avait été accusé par un autre « dignitaire » de l’actuel régime de fomenter « un coup d’état rampant » ? Dois-je évoquer, pour rafraîchir la mémoire du jeune Guèye – si tant est qu’il était à l’époque avec Macky Sall – le refus de ce dernier de respecter les dispositions du Code électoral dans son fief de Fatick en 2007 ? Qui, récemment, dans votre gouvernement, s’en est pris ouvertement à la Justice sénégalaise ? Je n’ai pas entendu la voix de la Garde des Sceaux, pourtant si prompte à parler aux medias. Et tant d’autres faits qui montrent, tout simplement, que les Sénégalais peuvent s’attendre à être « roulés dans la farine », à l’image d’un certain Laurent Gbagbo que les Ivoiriens ont surnommé « le boulanger ». En général, le boulanger et le pâtissier utilisent la même pâte.
Cheikh Tidiane Sy
Ancien ministre d’Etat
Ancien fonctionnaire internationalcheikhtidianesyministreee

6 Commentaires

  1. Si tout ce que vous dites sur votre probite morale et le sens eleve de l’Etat que vous avez, on pourrait legitiment se demander pouquoi vous n’avez pas inculque ces valeurs a votre fils qui a pille nos maigres ressources sous le pretexta fallacieux que c’etait des cadeaux de ses amis. Les senegalais ne sont pas dupes. Vous etes un vrai mercenaire.

  2. Il est heureusement partout ancien!!!Qui s’adosse aux portes de l’avenir pour l’empecher de s’ouvrir.Mr Sy ne nous dit pas comment et dans quel dossier il conseillait Mobutu.
    Si cette probite morale qu’il proclame lui collait bien,pourquoi n’avait il pas deconseille son ami Wade de tripler la dette du Senegal entre 2006 et 2012?Le charabia polemiste ne changera rien a la nature du crime economique dont il fut l’acteur et le complice!!!

  3. cheikh cheikh ne nous prend pas pour des cons…..;ton poste au rwanda c’est diouf qui te l’a arrangé tu mourrais de faim àà l’époque abandonné de tous….;tes enfants vendaient des poulets…….je m’en arrette là………..ya que wade pour te faire rebondir parce quil n’est ni malin ni intelligent, un gros naif incompétent que tu a manipulé à merveille parce que tu es un rusé……là tu t’actives parce que ton fils que nous connaissons risqu la prison………tu étais revenu au gouvernement pour le defendre (tu as dis informaticien!!!)et bien d’autres choses………vous perdz votre temps rien ne sera plus comme avant on connait vos pratiques et on vous attend

  4. mais pourkoi diantre répète-t-on à tort et à travers que Macky n’a pas respecté les dispositions du code electoral en 2007 ? c’etait en 2002 aux élections muinicipales qu Macky n’avait pas respecté les disposituions du code électoral en votant sans CIN et en forçant l’urne..Même CT SY ex ministre de l’intérieur se goure..tout l’argumentaire de l’article s’est écroulé avec cette erreur…

  5. Vas-te faire voir ailleurs. Tu ne mérites rien. C’est toi le vrai aigri qui n’a jamais aimé la contradiction et ne l’aimera jamais. Tu as toujours été un homme suffisant qui a toujours regardé les gens avec qui tu trvaillais de haut.
    Vous avez été une parenthèse dans l’histoire politique du sénégal.franchement, on ne vous regrette pas.

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