Le Danemark va envoyer un « ambassadeur numérique » au pays de Google et Facebook

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Le rôle d’un ambassadeur au XXIe siècle reste ancré dans ce qu’il était il y a deux siècles : représenter son pays et défendre ses intérêts auprès d’un autre pays ou d’une organisation supranationale. L’ambassadeur peut aussi être chargé, ou envoyé spécial, d’une région, d’une cause – changement climatique, terrorisme, faim, cybercrime – et, dernièrement, sur une invention du Danemark, auprès des multinationales de la Silicon Valley.
« L’ambassadeur numérique » danois a été imaginé par l’actuel ministre des affaires étrangères, Anders Samuelsen. Une série d’interview à domicile et à l’étranger ces dernières semaines a servi à « vendre » cette idée, sans trop entrer dans les détails. On sait que « l’ambassadeur numérique » danois n’ira pas siéger en Californie, mais qu’il travaillera avec la diplomatie danoise auprès d’Apple, Facebook, Netflix et Google, ceux qu’on appelle par défaut « les géants du Web », omniprésents dans toutes les strates de l’économie mondiale. On ne sait pas, en revanche, quelle forme prendra ce « dialogue diplomatique » entre un pays et acteur non étatique motivé par les bénéfices, ni qui va le mener, car le poste n’est pas encore pourvu.
Une sorte de nouvelle nation
« Nous allons continuer à cultiver nos relations avec d’autres pays de la manière habituelle, a dit Anders Samuelsen au journal danois Politiken. Mais nous devons avoir des liens plus étroits avec ces entreprises qui nous affectent (…). Elles sont devenues une sorte de nouvelle nation et nous devons nous confronter à cela. » L’image d’un Google ou d’un Facebook ayant une envergure similaire à celle d’un pays moyen reviendra dans chaque interview, la comparaison justifiant la création d’un rapport diplomatique.
Sur CNN :
« Dans le futur, nos relations bilatérales avec Google seront aussi importantes que celles que nous aurons avec la Grèce. »
Ou la projection un peu bancale qui veut que si Apple était un pays, ses bénéfices la placeraient aux portes du G20.
Le diplomate dément que ce poste sera purement symbolique. Il énumère alors toutes ces choses « qui font partie de notre vie quotidienne au Danemark » et qui seront autant de sujets de discussion ou de discorde avec la Silicon Valley : l’intelligence artificielle, l’apprentissage des machines, le big data, les objets connectés, les voitures autonomes, la protection des données ou « les fake news et les guerres de l’information avec la Russie ».
« Plutôt que de se relâcher et de regarder le monde comme il l’était dans le passé, nous devons réfléchir au monde tel qu’il sera dans le futur, peut-être comme il l’est déjà aujourd’hui », juge Anders Samuelsen, une phrase que ne renieraient pas les responsables d’incubateurs de start-up à Palo Alto.
Une diplomatie parallèle ?
Si le Danemark veut ouvrir de tels canaux de communication diplomatiques, c’est aussi pour continuer à signer des accords commerciaux avec ces multinationales, et s’assurer des retombées économiques et sociales. Apple vient de construire un immense data center à Viborg et Facebook vient d’annoncer qu’il ferait de même à Odense. Des locaux de 55 000 m2, d’un coût de 100 millions de dollars et qui générerait au moins 150 emplois sont prévus dans cette île danoise.
L’idée d’un ambassadeur chargé de dialoguer avec les multinationales de la tech, présentée comme une première mondiale par les Danois, pose certaines questions s’il venait à se concrétiser. Sans aller jusqu’à parler de diplomatie parallèle, comment une alliance diplomatique entre un Etat membre de l’Union européenne et une multinationale s’inscrirait-elle dans des dossiers européens, impliquant ces mêmes multinationales, comme la modération des contenus en ligne, la vie privée des citoyens ou la décision de demander le remboursement de 13 milliards d’euros d’impôts pour aides d’Etat illégales ?
Plus philosophiquement, on peut aussi se demander s’il faut mettre au même niveau des Etats, censés défendre les intérêts de leurs citoyens, et Google, censé défendre les intérêts de ses actionnaires. Ce n’est peut-être pas si différent, avance New York Magazine, qui voit dans cet « ambassadeur numérique » l’équivalent, « à une plus petite échelle, d’un salarié d’un média qui fait en sorte que les entreprises de la tech aiment votre site, et vous récompensent peut-être avec des nouvelles fonctionnalités ou une place dans Snapchat Discover ».

lemonde.fr

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