Le désencombrement de Dakar, un véritable casse-tête chinois ? par le Dr Djibril DIOP

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Malgré les dispositions du décret n° 76-018 du 6 janvier 1976 réglementant la vente sur la voie et dans les lieux publics, l’occupation anarchique de la voie publique par les marchands ambulants notamment, fait désormais partie du décor de Dakar. Si depuis le magistère du maire libéral, Pape Diop l’objectif déclaré de la ville était de bannir l’implantation anarchique dans les différentes artères de la capitale, mais à chaque fois, les relents politiciennes ont primés sur la vraie volonté de s’attaquer au phénomène, donnant même une certaine légitimité à cette situation illégale qui brime la liberté des autres résidents de la ville.

En mars 2008, à l’occasion de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) à Dakar, des opérations de désencombrement avaient été engagées au niveau du « Plateau » et dans certaines grandes artères de la capitale. L’objectif étant de « faire de Dakar l’une des villes les plus propres d’Afrique…Car avec ces occupations anarchiques, Dakar donne plutôt l’aspect à un gros village » qu’à une ville moderne à certains endroits. En 2009, le gouverneur de la région de Dakar avait engagé des opérations similaires. Celles-ci faisaient suite à l’annonce par le président Wade, lors de la 7e session du Conseil présidentiel sur l’investissement, que l’État allait mettre fin à « l’occupation anarchique » à Dakar. Car « ces encombrements, source d’immobilité, occasionnent une perte annuelle estimée à 100 milliards FCFA ». Également avant lui, son prédécesseur dénommé « bulldozer » avait fait du désencombrement de Dakar un combat personnel en déclarant que : « Nous irons jusqu’au bout, en dépit des pressions ». Auparavant en 2007 des opérations de désencombrement menées niveau du marché Sandaga, épicentre de l’occupation anarchique à Dakar. Avaient engendré de violentes manifestations le 21 novembre, obligeant le régime libéral à revenir en arrière. Depuis, par faiblesse, les autorités municipales agissaient nuitamment, comme ce fut le cas sur les allées du boulevard Général De Gaulle en mars 2010.

Depuis cet échec, l’État et la municipalité tentaient chacun de son côté – de façon inconcertée – de trouver une autre formule pour « recaser » les marchands ambulants. L’État avait annoncé, avoir mobilisé une enveloppe de 3 milliards FCFA avec. De son côté, la mairie de Dakar avait acquis des terrains pour relocaliser les marchants ambulants, malgré toutes les embuches que le régime libérale lui avait dressé sur le chemin. Néanmoins on reste toujours dans une ville où le contournement des lois et règlements se « négocie », où tout se fait dans la rue : dormir, manger, prendre le thé, faire du commerce, prier, mendier, organiser des cérémonies religieuses et autres événements à caractère social. On est tellement habitué à ce spectacle que ça n’indigne presque plus personne. Ainsi, si Dakar se modernise, la ville se « ruralise » aussi.  Car on assiste à un laissez aller qui a abouti à un véritable chaos urbanistique : une ville dont la population ne cesse de croitre et dont les gestionnaires semblent dépassés pour entreprendre toute forme de planification. Avec des constructions qui poussent un peu partout comme des champignons, en faisant fi de la réglementation à la en matière urbanistique et avec la complicité des autorités, on a eu comme résultat une aliénation  définitive ou sur le long terme du patrimoine de l’État, très souvent sur des bases complément illégales. C’est à ce niveau de déconnexion des autorités du vécu des population que l’on saisit toute la portée destructrice de cette politique irresponsable, car n’ayant aucune vision de la métropole pour les années à venir et omnibulés par les gains immédiats et instantanés, et que de nombreux citoyens dénoncent aujourd’hui, notamment à travers cet acte qui ne trouve aucune explication intelligible pour le commun des mortels sauf pour des égoïstes qui n’ont aucun respect pour l’intérêt général.

Non ce n’est pas une fatalité ! Il est belle est bien possible de mettre fin à toute cette dérive mal saine. Les actions engagées par le maire Khalifa Sall, tant pour le déguerpissement des marchands ambulants à Sandaga, sur les allées du centenaires, entre autres, la fermeture du marché Sandaga et ses différents combats contre les occupations anarchiques et illégales dans la ville, jusqu’à la contestation de la construction illégale de la nouvelle ambassade Turquie sur le domaine public maritime (DPM) de la Corniche ouest méritent d’être soulignées et appuyées. En effet, très certainement, il faut consolider cela dans nos mœurs la politique de la sanction ; en sanctionnant négativement toute forme de dérive ou de mal-gouvernance qui place les intérêts particuliers au-dessus des intérêts collectives de la société, mais aussi positivement, ceux qui prennent leur courage par les deux mains, pour se battre pour le bien de la collectivité. A ce titre, le maire Khalifa Sall mérite notre respect et notre soutien !

Dr Djibril DIOP
Université de Montréal
[email protected]<mailto:dj[email protected]>

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