Le dialogue politicien de Macky Sall porte déjà ses fruits

Pour le moment, Macky Sall a réussi un coup de maître dans son fameux appel au dialogue. Il est parvenu à dresser Idy contre le PDS (principales forces de l’opposition) sans entamer la cohésion au sein de Benno Bokk Yakaar. La course au leadership dans les rangs de l’opposition, à un an des législatives, joue en sa faveur. Même pas sûr que l’électorat réel lui tiendra rigueur de cette petite politique, au moment venu. Pas sûr non plus qu’elle impacte négativement le « gentleman agreement » avec ses alliés. Quand démocratie traduit électoralisme, les manœuvres tassent les principes.
A l’avantage du président et de ses amis, aucun leader de l’opposition ne s’est distingué jusque-là aux yeux de l’opinion. Encore, les batailles de positionnement et les rivalités l’emportent sur le mouvement de relai des préoccupations sociales. La recomposition du champ politique tarde à se concrétiser. C’est là, la chance de Macky Sall, fort de sa capacité à résister à la provocation. On aurait eu tort de lui prêter le don d’un génie politique. Sa force, il la tient du manque de cohérence de ses détracteurs. Ses succès politiques sont le fruit hasardeux de l’usure de l’engagement des citoyens, éprouvés par des promesses renouvelées sans cesse, mais jamais tenues.
Difficile d’admettre l’éventualité d’un sursaut maintenant que le paysage politique souffre d’un manque de leader capable de mobiliser le vote utile, comme d’habitude. Nous prêtons souvent à tort au peuple sénégalais une maturité politique singulière. En réalité, ce qu’il sait faire le mieux, c’est croire et enterrer. Or, dans le contexte actuel, aucun leader de l’opposition ne parvient à convaincre et à faire espérer suffisamment. Par ailleurs, la perception du pareil au même est tellement ancré que le fossé ne semble pas assez grand entre pouvoir et opposition pour déclencher une quelconque condamnation à mort des gens au pouvoir.
Alliés et prétendants en même temps comme Khalifa Sall, ex alliés, ensuite dépossédé puis concurrents comme Abdoul Mbaye, tout y passe. N’est-ce pas les députés de Rewmi qui s’étaient ligués avec ceux du PDS contre Diagne Fada qui, pourtant, n’avait cessé de crier au complot? C’est exactement le même reproche de conspiration qu’Idrissa Seck fait au duo Sall- Wade. Le choc Karim-Idy aura livré tous ses secrets bien tenus lorsque la compétition électorale exigera de chacun qu’il dénigre l’autre dans le but ultime de tenir le haut du pavé.
La bataille est d’abord celle de l’image en vue de mobiliser davantage l’enthousiasme populaire. Pour faire le poids, il faut attiser et amasser l’adhésion de l’opinion. Idy et les autres sont encore loin du compte. Macky n’est pas mieux loti, pour autant. Cependant, il bénéficie de la prime aux urnes en étant aux affaires et en ayant réussi à étouffer tout jaillissement d’un illustre chef.
Birame Waltako Ndiaye
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