Le frère de sang. Par Almamy Abdoul Demba Tall

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De toutes les tres differentes formes de resistance, pacifiques ou non, face aux criminelles forces coloniales au Senegal; sa resistance, presque en solo, fut certainement la plus originale, la plus surprenante, et certainement l’une des plus efficaces.

En effet, sa tres bizarre forme de « revolte » contre les forces d’occupation eut un si retentissant impact; que ce gaillard devint simplement leur bete-noire, l’ennemi-public-numero-un; qui infligea pendant plus de toute une entiere decennie; un affront permanent aux forces de securite coloniale; qui ne connurent que deroute apres deroute; pour enfin mettre hors d’etat de nuire celui que le public senegalais; fou d’admiration pour ce « resistant » sans peur, ne cessait d’amplifier la legende.

En effet, contrairement aux autres, qui choisirent d’autres formes plus « conventionnelles » pour chasser le colon; lui, il choisit tout simplement de les cambrioler.

N’est-il pas que justice de cambrioler celui qui vous vole?

Ainsi pendant 14 ans exactement; entre 1946 et 1960; Yadikoone BABACAR NDIAYE ecuma Dakar; par de repetitives cambriolages; dont l’audace poussa au desarroi les plus perspicaces limiers de l’epoque; pendant que le peuple se regalait.

En effet c’etait cela aussi Yadikoone; tout ce qu’il raflait de tout temeraire holds-up; il le redistribuait integralement aux couches les plus pauvres des populations dakaroises, thiessoises et mbouroises.

Tout retournait aux pauvres; au point meme de ne plus avoir de quoi acheter de la cigarette; jurent encore certains qui le connurent.

Sa legende s’etablit definitivement surtout par ses extraordianires talents « d’insaisissable »; qui faisaient qu’il reussissait toujours par s’evader de la prison de Rebeuss; chaque fois, comme par miracle; surtout la plus memorable de toutes ses successives evasions, celle du 21 Mars 1956; qui impressionna au point que le quotidien colonial « Paris -Dakar » ne put se retenir de le designer; comme un « bandit-d’honneur ».

Pourtant de tous ces hauts-faits; jamais Yadikoone ne versa une seule goutte de sang d’autrui. Jamais; il ne commit un seul crime de sang.

Meme lors du spectaculaire cambriolage de l’usine Camelia-Sports en 1952, ni celui memorable aussi de la SCOA de Rufisque, trois ans plus tard en 1955, ainsi que les usines Bastos.

Cependant outre ces attaques pour devaliser de telles importantes infrastructures industrielles, le « territoire » de Yadikoone « couvrait » aussi les zones residentielles des riches « expatries colons »; qui payerent tres cher ses raids, surtout les maisons de commerce coloniales comme l’epicerie « Sauveur » du Point E, mais aussi de nombreux etablissements d’enseignement; au point meme qu’il realisa l’incroyable folie; d’aller tout droit devaliser l’Ecole de Police de Dakar, elle meme.

Yadikoone allait meme ouvrir grandes les portes des salles de cinema; pour que les pauvres qui n’avait jamais de ticket; puissent venir voir le film.

Ainsi; il continua de passionner toutes les masses admiratives; qui ne cessaient jamais de magnifier ces retentissants « actes de guerre » de « Grand Yadi ». Ces populations qui y voyaient toujours des actes de rebellion de quelqu’un, qui juste refusait la soumission.

Pourtant cette legende se laissa volontairement arreter, apres des annees de traque infructueuse, dans son village natal de Nguekhokh en 1959; lorsque l’Independance s’annonca et que le pouvoir revint aux mains de ses compatriotes.

Yadikoone proclama en effet la fin de sa « mission » de trouble-fete; puisqu’il ne pouvait pas, dira t-il, s’attaquer aux biens du nouveau pouvoir en place: « qui portait tous les espoirs des plus humbles de la nouvelle Nation » il ajouta. Ces pauvres, c’est vrai; qu’il ne cessa jamais en effet d’assister egalement, jusqu’au dernier jour de sa vie en 1984; il ya juste 31 ans, tranquilement dans son lit de Ngeukhokh evidemment.

Aussi loin que remontent les memoires; des « justiciers-malfaiteurs », du meme calibre que Yadikoone, accompagnerent toujours toutes les oppressions, qui s’exercerent sur toutes les nations de la planete.

Des « Robins des Bois », comme le fut le premier d’entre eux, deja en 1198, qui reste aussi le plus connu; pour avoir fait d’un cauchemar le paisible sommeil de la Couronne Britannique d’alors. Ce « malfaiteur pour les pauvres, qui lui aussi, voulut une redistribution des fortunes de la bourgoisie, et l’allegement des impots sur le dos des pauvres…

Ainsi; chaque fois que l’oppresseur s’accapare de tout; ces « justiciers du desespoir » eux aussi emergent. Chaque fois.

Mais que faire cependant, comme Yadikoone en a eu lui meme le dilemne; si l’oppresseur ne vient pas d’au dela des oceans?
Si l’oppresseur n’en a pas les traits; les traits d’un envahisseur?
Si cet oppresseur a la meme figure du frere de sang, le meme visage du frere de sang que l’on voit chaque matin sur chaque citoyen, sur chacun de ses concitoyens?

Que faire lorsque cet oppresseur des temps nouveaux, se proclame l’absolu patriote; alors qu’il n’a d’ambition que d’orchestrer le pillage par son clan et ses amis?

Que faire? Quand ce nouvel oppresseur n’a d’oreilles; que pour les instructions de l’ancien (oppresseur), et adapte sans cesse son comportement et ses decisions selon?

Que faire?

Abdou Diouf l’apprit tres amerement d’une « jeunesse malsaine », durant un terrible apres-midi de 1988; lorsqu’on se resolut meme finalement de l’exfiltrer nuitamment de l’enfer Thiessois; en cachette dans une ambulance, pour son palais, qu’il ne faillit jamais rejoindre.

Que faire?

Abdoulaye Wade l’apprit lui aussi; par une matinee d’enfer du 23 juin 2011.

Que faire lorsque l’oppresseur est toujours le frere de sang?

Meme celui qui toise son peuple de si haut aujourdhui; en a lui aussi eu un tres brutal et humiliant avant-gout, il y’a juste 5 mois le 31 juillet dernier; lors d’une tres malencontreuse rencontre avec les etudiants de l’UCAD.

Ce fut cependant juste un avant-gout; comme le confirment ceux qui jurent; que le plat de resistance suivra immanquablement sous peu; lorque ce president fera finalement aboutir ses lassants tours de passe-passe cousus de fil blanc; afin de trahir son engagement d’organiser des elections presidentielles en 2017.

Ainsi le frere de sang de tous les senegalais, par sa position de leader de cette nation; comprendra; qu’on ne la poignarde pas dans le dos et aller festoyer ensuite.

Et si, malgre ses manigances du moment; il avait au moins retenu ce cardinal enseignement de ses predecesseurs?

« Je ne chante jamais les hommes politiques, ni de themes politiques. Je chante juste la verite. »: Miriam MAKEBA (Mama Africa).

« L’histoire de toute societe sera toujours une histoire de lutte de classes. » Karl MARX.

« The cost of libery is always less than the price of repression. »: W.E. DUBOIS.

5 Commentaires

  1. Très beau texte et quelle belle allusion , s’ils ont un brin de jugeote , les tenants du pouvoir méditeront fortement ces conseils !!! Mais hélas , ils sont obnubilés par les ors de la République , ce qui les perdra !

  2. Le faux patriote qui sort les Griffes pour se rappeller au Bon souvenir des tenants du pouvoir.N’ayant jamais epouse les combats de son peuple,Notre profiteur du PS gesticule pour avoir un trou a quelques moos de la retraite.

  3. Très belle inspiration ! Voilà une des raisons qui font que je ne désespère jamais de ce brave peuple sénégalais qui sait toujours répliquer quand il le faut !

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