Le Kenya champion du high tech

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Ce pays d’Afrique de l’Est sait utiliser les technologies de l’information et de la communication pour aller de l’avant.

De nombreux pays africains se battent pour avoir une croissance économique multisectorielle et devenir davantage que de simples producteurs de minéraux et de produits agricoles de base. C’est le cas du Kenya, la plus importante économie d’Afrique de l’est, qui vit en ce moment un vrai changement.

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) y sont utilisées comme un tremplin vers la croissance. Parfaite illustration de cet élan: Konza Technology City. Ce parc technologique géant, sorte de Silicon Valley d’Afrique, dédié aux technologies de l’information, se trouve à une heure de la capitale Nairobi, et s’étend sur une surface de plus de 2.000 hectares financés par le gouvernement.

Les fonds du financement de Konza (environ 7,5 milliards d’euros) proviennent de la Société financière internationale, une institution du groupe de la Banque mondiale. Des projets technologiques ou écologiques similaires existent déjà (ou sont en projet) en Malaisie (Technology Park Malaysia), au Panama (Pacifico), aux Philippines et en Chine. Nairobi est également un carrefour régional pour des sociétés américaines de technologies comme IBM, Google, Microsoft et General Electric.

Mais l’avancée du Kenya, impulsée par la matière grise plutôt que par la force des bras, est menacée. Il y a dix semaines, le tourisme – le plus grand pourvoyeur de devises étrangères du Kenya – a commencé à fléchir après que des étrangers ont été assassinés ou kidnappés par des Somaliens qui pourraient appartenir aux shebab, un groupe islamiste. L’ambassade des Etats-Unis a ensuite émis une alerte de sécurité pour les ressortissants américains à Nairobi, après que des soldats kenyans sont entrés dans le sud de la Somalie à la poursuite des kidnappeurs. En 1998, des terroristes ont fait exploser un camion devant l’ambassade américaine à Nairobi, faisant plus de 200 morts. Des attentats dans la capitale pourraient détruire l’avance économique du Kenya, en plus de tuer des innocents.
Une vision futuriste du Kenya

The Root se penche sur l’expansion des technologies de l’information dans les domaines public, privé et à but non lucratif du Kenya, un élément essentiel de l’initiative Kenya Vision 2030. L’objectif: que d’ici 2030, ce pays pauvre et ethniquement divisé puisse devenir un pays plus solidaire, plus industrialisé et à revenu intermédiaire, offrant à ses citoyens une qualité de vie élevée.

Kamau Gachigi pense que c’est réalisable. Le coordinateur de l’Université des Sciences et du Parc technologique de Nairobi explique que le Kenya peut se développer économiquement si un effort coordonné rassemble le gouvernement, six laboratoires nationaux, sept universités nationales et le secteur des affaires et des industries. Docteur en sciences des matériaux de l’Université de Penn State aux Etats-Unis, Gachigi a écrit dans un courriel qu’un tel effort engendrerait une «triple hélice [d’intérêts], l’ADN pour la création fructueuse d’un Système d’Innovation National n’importe où dans le monde».

Cette collaboration existe déjà. Le parc technologique de Kamau Gachigi fait partie d’un réseau de Fab Labs parrainés par le Massachusetts Institute of Technology (MIT). Les laboratoires possèdent des outils de haute précision qui permettent de transformer des idées en réalité. Kamau Gachigi souligne que, trop souvent, des Kenyans formés au niveau technique quittent la science à cause d’un manque de postes dans leurs domaines de compétence.

A Fab Lab, pour lutter contre ce constat, des ingénieurs ont créé un réseau maillé peu cher, afin de fournir une connexion à haut débit pour des applications internet à grande échelle. Les ingénieurs ont ensuite fondé une société qui se développe au sein d’une pépinière d’entreprises à l’Université de Nairobi. Autre exemple: Kamau Gachigi a demandé à ses étudiants d’inviter un expert en sécurité kenyan, autodidacte et inventeur, à visiter le laboratoire. L’homme – qui est passé à la télévision – avait piraté un téléphone portable, construit une grande carte électronique pour surveiller son domicile et commander une machine (fabriquée chez lui) pour infuser son thé. Les étudiants de Kamau Gachigi l’ont aidé à réduire sa carte électronique à la taille d’une puce d’ordinateur. Kamau Gachigi pense qu’un jour, cet inventeur sera millionnaire.
Google propulse les marchés africains sur internet

La filiale de Google en Afrique subsaharienne, désireuse elle aussi de répandre la bonne parole des TIC, a renforcé sa présence dans les universités locales pour y tenir des séminaires sur les administrateurs de site et les développeurs. Fin octobre, la société de moteur de recherche sur internet a offert un nouvel outil aux 10 millions d’utilisateurs kenyans d’internet –soit 25% de la population– avec le lancement d’un service de petites annonces gratuites: Google Trader Kenya. Ce site s’ajoute à ceux déjà opérationnels en Ouganda et au Ghana.
Google Trader est un coup de pouce pour les entrepreneurs kenyans, mais il n’est pas seul. Bidorbuy.co.za and dealfish.com, qui appartiennent à des Sud-africains, sont déjà présents en Afrique de l’Est. Mais les utilisateurs sont méfiants. Dealfish, qui a des sites internet dans neuf pays d’Afrique, y compris le Kenya, a été infecté par de fausses petites annonces, envoyées par des escrocs, venant d’Afrique de l’Ouest et d’Europe de l’Est.

En septembre, la conférence annuelle GKenya a offert aux chefs de petites et moyennes entreprises un développeur de site gratuit et une formation pour apprendre comment faire de la publicité en ligne. Vous pouvez assister à cette conférence sur le blog de Kiruikenn, un étudiant en troisième année en technologie informatique à l’Université Jomo Kenyatta. Alors qu’il participait au GKenya, Bitange Ndemo, le secrétaire permanent du Ministère de l’information et des communications du Kenya, a salué cette initiative. Il a souligné qu’

«être en ligne est un élément essentiel de la croissance économique; avoir un site internet est aussi important que d’avoir un téléphone. Google donne aux petites et moyennes entreprises une longueur d’avance en facilitant leur présence sur le net».

Le téléphone portable comme catalyseur

Imaginez un endroit où seulement 15% de la population possède un compte bancaire, mais où une personne sur deux a un téléphone portable. Ce pays, c’est le Kenya, avec une population de 40 millions de personnes et plus de 25 millions de téléphones portables.

En 2007, Safaricom Limited, la plus grande société de téléphonie mobile du Kenya, a créé le système M-PESA pour transférer de l’argent, qui s’est révélé être un véritable catalyseur pour la révolution des technologies de l’information. Le Kenya fut le premier pays à utiliser un tel dispositif. Des millions de personnes utilisent actuellement leur téléphone portable pour rester en contact, ouvrir des comptes bancaires et faire des affaires. Vous vous demandez comment les Kenyans rechargent leur appareil pour pouvoir faire tout cela? Ils achètent de plus en plus souvent des kits de recharge à l’énergie solaire, fabriqués localement ou importés.

Pour bâtir sur cette croissance et attirer des investissements, le Kenya a donné à ses citoyens, et au monde entier, l’accès à ses livres de compte, un geste sans précédent pour un gouvernement dont les responsables ont souvent été accusés de corruption. Au mois de novembre 2011, le Kenya est devenu le premier pays subsaharien à mettre en ligne des données gouvernementales. Kenya Open Data a téléchargé les données de base relatives au développement, à la démographie, aux statistiques et aux dépenses, ainsi que des graphiques montrant comment le Kenya peut se comparer à d’autres pays à bas revenus d’Afrique noire.

Finalement, le niveau (et la rapidité) de développement du Kenya, va dépendre de sa capacité à éviter une guerre plus importante avec les miliciens somaliens.

slateafria

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