Le pouvoir imparable de la femme sénégalaise

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Moi, Gorgui Diop, chef attendri, je ne suis maître que de nom, aux seuls yeux de mes pairs inattentifs. De toute façon, je suis comme tous les autres torses bombés, puissants de façade : forts aux pieds d’argile, sensuels sujets servis. Madame est puissante, elle est féministe à sa façon, sans coup férir. Elle a compris que féminisme trouve force dans féminité. Elle nourrit son pourvoir des basiques besoins de virilité des hommes du terroir. Simples déhanchements lascifs, même pas la peine de hausser le ton, et l’univers macho s’effondre. Pschiiiit! Dès lors, tout le reste n’est destiné qu’à amuser la galerie.
Affalé sur un canapé, immobilisé par des mets savoureux, endormi d’excès de nourritures, j’ai réalisé le piège de cette femme, cette futée qui se fait appeler madame Diop de mon nom de famille. Hey! Elle me gave pour satisfaire sa posture de femme coquette et soucieuse du bien-être de son espèce de mari. Elle m’alimente pour mieux me caler entre les quatre murs du foyer, à l’abri des compétitrices. Après tout, j’ai droit à quatre femmes.
Plus maligne que madame Diop, tu meurs! Son but est de m’extirper du marché de la séduction. Ma bedaine qui s’amplifie de jour en jour, à force de cuillérées diététiquement proscrites, lui sert de lien ligotant, de label et de laisse autour de mon cou. Pour convaincre de sa capacité à m’assimiler tocard devant l’assemblée des virtuoses attentistes, belles et solliciteuses d’époux, madame Diop n’a trouvé mieux que de m’afficher au dégoût du jour. Oui, je suis devenu gros, docile et sensible, réduit commode conjoint complaisant.
Même dans ses heures perdues, cette distinguée dame s’improvise marraine et pourvoyeuse d’amuse-gueules. Quand je réponds sans raisonner : « oui c’est très bon », ce n’est que pour abdiquer. Elle m’a ferré à coup d’excès et d’attachement. Me voilà brisé sur un divan, vaincu de ses prouesses de femme fatale; je me livre sans cesse friand et familiarisé. Je collabore tout heureux à mon bizutage, à mon propre façonnage en mari ravi et ramolli. Voilà une femme aux allures pourtant lisses, mais blindée de volonté et de velouté.
Elle en est toujours là, suspendue à la prouesse de ma condition d’homme fort et favorisé pour la forme. Cette dame est force palpable, pourvue de redoutables moyens neutralisants. À elle seule, elle mobilise valeurs et virtualité des faiseurs de roi et des charmeurs de serpents. De là, vient son pouvoir inattendu de mobilisatrice des faveurs inattendues et des plaisirs exceptionnels. Quand bien même, je suis tenté de lui dire : « arrête de me prendre pour un con avec tes mets ensorceleurs de générosités paralysantes». Mais tout engourdi, ce qui sort de ma bouche traitresse est : « Oui mon amour, t’es superbe ».
Ma tête réalise toute la portée chipoteuse de la féminité sur mes efforts d’émancipation et sur mes moyens de défense devant cette autorité discrète, mais tout aussi opérante. Cette féministe à la sénégalaise est rompue aux manies des femmes charitables et aux astuces pressantes. Madame Diop, Ndiaye de son nom de jeune fille, dresse sur mon chemin de dominateur battu moult purificateurs d’intensité, plein de motivations à l’entente. Elle les appelle « salagne salagne ».
Birame Waltako Ndiaye
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