Le prix du courage Par Vieux SAVANE

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Les fortes pluies enregistrées avant-hier et hier sur une bonne partie du territoire ont encore fait des dégâts, occasionnant une fois de plus, des inondations et des pertes en vies humaines. Faudrait-il alors se résoudre à souhaiter que le ciel n’ouvre plus ses vannes ? A tout le moins une telle prière serait totalement mal venue voire incongrue pour la simple raison que dans l’espace soudano – sahélien, la pluie est signe de bonheur et de fertilité de la terre nourricière. C’est ainsi qu’elle est célébrée comme un don du ciel sous ces latitudes marquées par un déficit de cette source de vie importante.

De quoi ces inondations récurrentes sont-elles alors le nom ? Ni malédiction ni châtiment, elles sont comme en conviennent les spécialistes, les conséquences d’un laxisme de tous les segments de la société qui est allé crescendo ces trente dernières années.

Installation dans des cuvettes en périphérie de la capitale, de plusieurs vagues de familles rurales fuyant la sécheresse et la famine. Constructions compulsives et anarchiques d’habitations et de divers ouvrages de génie civil dans des zones non aedificandi. Destruction des forêts classées. Pillage systématique des réserves foncières. Sans oublier le développement démographique exponentiel de Dakar et de sa banlieue alors que des infrastructures adéquates, tel le redimensionnement des canaux d’évacuation, n’ont pas suivi (Voir article : Face aux inondations, récupérer la cuvette des Niayes. Sud du 21/08/12, dans la rubrique « Eux et Nous »).

Aussi, pour ne pas se cacher derrière son petit doigt, refusant de regarder la vérité en face, force est de constater la corrélation mortifère entre ces différents éléments, puisqu’ils ont convergé dans le blocage des voies de passage et rétréci la possibilité d’infiltration des eaux de pluie.

La vérité voudrait par conséquent que les autorités, pour éviter de s’exténuer dans de fastidieux et répétitifs travaux de Sisyphe, prennent le parti de s’inscrire dans la durée en redonnant à la nature ses droits. Parce que l’ensablement et le pompage des eaux des zones concernées ne peuvent être que des mesures transitoires, cette omelette-là mérite que l’on casse des œufs, quel qu’en soit le prix.

Le courage de la rupture c’est donc de mettre un terme au laxisme des autorités politiques, des services de contrôle de l’Etat de même que des populations qui, à force de s’installer dans la facilité, ont fini par créer un terrible désordre écologique dont le prix commence à être lourd. Une quinzaine morts et de victimes collatérales en ce mois d’août rien que du fait des pluies.

Le courage de la rupture, c’est par conséquent affronter tous les obstacles qui empêchent le Sénégal de s’engager résolument dans le « yonu yokkute » (la voie du développement) tant vanté par le chef de l’Etat. A savoir rompre avec la politique politicienne fait de calculs et de coups tordus au service de seuls intérêts partisans. C’est donc avoir le courage de prendre les mesures qui fâchent parce qu’on a pour ultime cap le bien-être du Sénégal. Tout le monde sait qu’il faudra prendre des décisions hardies voire énergiques pour lutter contre les inondations, en dégageant les voies d’eau des maisons qui obstruent leurs passages. Il va falloir pour cela assainir, démolir en cas de besoin certaines habitations.

Premier président du Sénégal né après l’indépendance, Macky Sall est attendu pour incarner une gouvernance de rupture. Celle qui tourne définitivement le dos à l’image dégradant du « roi nègre » féru d’apparats, ébloui par les ors du pouvoir, friand de tapis rouge. Et se révélant au bout du compte, un piètre et piteux président de la République se contentant de régner plutôt que de gouverner. Transformer le Sénégal comme Macky Sall en a fait le serment demande assurément un mode de faire autre.Une conviction, une détermination et un courage en rupture avec les logiques et les calculs politiciens et/ou claniques qui ne peuvent que tourner le dos à l’intérêt général.

sudonline.sn

3 Commentaires

  1. Très belle analyse Mr Savane, vous avez mis le doigt dans la plaie. C’est certes douloureux, mais c’est la vérité: « De quoi ces inondations récurrentes sont-elles alors le nom ? Ni malédiction ni châtiment, elles sont comme en conviennent les spécialistes, les conséquences d’un laxisme de tous les segments de la société qui est allé crescendo ces trente dernières années. ».
    J’ajouterai juste une chose, vous l’avez titré « Le prix du courage », moi j’aurais dit: « Le prix du courage et le courage d’agir. ». Il faut en effet beaucoup, beaucoup , beaucoup de courage à Macky pour agir, mais aussi beaucoup de courage aux sénégalais a accepter la vérité qu’il faudra faire des efforts, voir meme des sacrifices pour sortir de ces problèmes.
    « Ce n’est pas en construisant que l’on devient constructeur, c’est en détruisant qu’on le devient. » PRADINES.

  2. Belle analyse.Le manque de civisme et la construction anarchique sont les raisons de ces inondations. Les egouts sont bouches par toutes sortes de debris par les populations, des canalisations artisanales. Je me demande meme comme les municipalites peuvent laisser les gens construire des baraques un peu partout a DK? J’ai vu derriere Liberte 6 un soit disant quartier qui n’attendent qu’une pluie comme cela pour devenir des sinistres.Apres on va crier pour dire l »etat ne nous aide pas. L’Etat ne peut pas tout faire. Yalla Yalla beye sa toll.

  3. Bonjour Vieux et toujours merci pour ta plume pertinente.
    Mais hélas, ce régime trop hésitant , lent ( on ne sait toujours pas vers quelle direction Absou Mbaye et son gouvernement nous améneront) et tatillon sur beaucoup de choses ne semnble pas aller vers ce Courage nécessaire que vous indiquez.
    L’immeuble de Sacré coeur situé au rond point de liberté 6, n’a toujours pas été démoli. Le Directeur de la protection civile semble même lui accorder des chances de survie. Dans d’autres pays plus sérieux et plus respectueux de la vie de leurs citoyens, cet immmeuble aurait été  » soufflé » depuis par une belle et douce explosion par les services compétents.Le marché Sandaga pareil, juqu’au jour où l’irréparrable arrivera et avec des larmes de crocodile, les autorités feront encore des promesses mensongères, sans aucune émotion visible sur le visage de politiciens.

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