Le rapport Mbeki ou la carte du pillage et de l’opacité de l’Afrique

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Début décembre 2013, au moment  où le Nigeria découvrait que l’équivalent de  76% des recettes de pétrole de la compagnie nationale, la NNPC (Nigeria National Petroleum Company) , avait été détourné entre janvier 2012 et juillet 2013, l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, présentait une esquisse de son rapport sur les transferts illicites qui quittent le continent.    Il s’agit, indique le rapport,  de l’argent gagné, transféré ou utilisé frauduleusement. Les chiffres font froid dans le dos.

 

Entre 1970 et 2008, quelque 854  milliards de dollars ont quitté le continent de manière “illégale” révéle ce rapport conduit par un panel de haut niveau présidé par Thabo Mbeki et comprenant Carlos Lopes (secrétaire général de l’UNECA), Olesgun Apata, ancien ambassadeur et président de Coca Cola Nigeria, Raymond Baker, Directeur général de Global Financial Integrity, Dr Zainab Bashir El Bakri, ancienne vice président de la Banque Africaine de Développement, Abdoulaye  Bio Tchané, ancien ministre béninois de l’Economie et des Finances, également  ancien président de la Banque Ouest africaine de développement, Henrik Harboe, Directeur de la politique de développement au ministère norvégien des Affaires étrangères,Prof El Hadi Makboul, Directeur du centre national algérien des Etudes sur les populations et le développement,  Akere Muna, présidente de l’Union panafricaine des juges et vice président de Transparency International et Irene Ovonji-Odida, présidente du conseil d’administration d’Acion Aid, l’ougandaise.

Le montant représente un peu moins de  l’ensemble de l’aide publique accordée à l’Afrique entre 1960 et 2000 selon l’économiste zambienne Dambisa Moyo (conf Deed Aid, Amazon.fr).

 

En moyenne, l’Afrique a perdu chaque année 22 milliards de dollars entre 1970 et 1999.  La cadence s’est accélérée par la suite pour atteindre 50 milliards de dollars annuels entre 2000 et 2008, explique Mme Ovoni-Odida.

Ces données qui  peuvent paraître erronées traduisent la porosité d’un continent où les affaires, publiques comme privées, sont souvent gérées dans l’opacité.  L’exemple du Nigeria qui a connu un détournement de 50 milliards de dollars en un temps si court,  entre janvier 2012 et juillet 2013 (comme le révèle la lettre non signée  du gouverneur de la Banque Centrale du Nigeria, Sanusi Lamido, adressée au président Jonathan Goodluck), est la preuve la plus éclatante de ces détournements d’argent de grande ampleur vers des paradis fiscaux en général.

Le rapport du panel de haut niveau indique que sur les dix dernières années, environ  56% des transferts illicites proviennent de l’exploitation du pétrole, des métaux précieux, des minerais de fer et du cuivre.  C’est à dire des richesses concentrées dans un certain nombre de pays.  Les autres secteurs comme les fruits et légumes, machines et équipement, pêche, comptent pour environ 3 à 4% chacun. Les principales destinations des flux illicites provenant de l’Afrique sont les USA, l’Europe, le Canada, le Japon et certains pays émergents (Chine, Inde).   Contrairement aux idées véhiculées par les médias, la corruption gouvernementale est marginale avec seulement 5% des transferts illicites contre 35% pour le crime organisé (trafic de drogues, réseaux criminels) et 60% pour les multinationales.

L’Afrique du Nord est la région la plus concernée avec 38% des flux, devant l’Afrique de l’Ouest (28%), ces deux régions abritant deux pays (Nigeria et Egypte), les plus exposés (voir tableau ci-dessus);

financialafrik.com

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