Le Sénégal face à l’épreuve du Coronavirus ! (Par Ibrahima SENE)

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Le 21 mars 2020, Éric Delaporte, médecin au service des maladies infectieuses et tropicales du centre hospitalier de Montpellier, a déclaré  » qu’initialement, on a cru que l’Afrique allait être contaminée à travers le retour de Chinois au moment du nouvel an. Mais on s’aperçoit que les cas diagnostiqués viennent d’Occident ».

Cette contagion de l’Afrique est la conséquence du rapatriement massif de ressortissants Français de Chine, dès le moment où ce qui était encore appelé « épidémie du coronavirus » , commençait à prendre de l’ampleur dans la ville chinoise de HUANAN.

Les Etats Unis et la France ont procédé au rapatriement massif de leurs ressortissants de HUANAN, dans le cadre de leur stratégie de confinement de la Chine, en prenant le risque d’importeri de Chine, le coronavirus dans leurs pays, avant qu’il ne devienne une pandémie mondiale.

Et cela, en dépit des recommandations de l’OMS, qui avait réalisé que les Autorités chinoises, en toute transparence, prenaient des mesures capables de limiter son expansion, avant de l’éradiquer.

Pour avoir involontairement importé le coronavirus de Chine en pensant épargné de la sorte son peuple, le Président Trump tente de se disculper en le baptisant « Virus de Chine » , pour faire porter à ce pays la responsabilité de la pandémie, alors qu’aucun chinois n’a exporté ce virus hors de son pays !

Cette pandémie qui menace la croissance de l’Economie mondiale, est doublée des effets négatifs de la compétition entre l’ Arabie Saoudite et la Russie pour des gains de parts de marché du pétrole au plan mondial, mettant ainsi, les Etats Unis, l’Italie, l’Espagne et la France, au seuil d’une grave récession.

Cependant, alors que la Chine, après avoir maîtrisé le coronavirus, commence à renouer avec la croissance en profitant du bas niveau du pétrole, remettant en cause la stratégie américano-française de son confinement pour l’affaiblir économiquement, l’effondrement du prix du baril met en cause la survie des Multinationales américaines du schiste qui risque d’accentuer la tendance lourde à la récession de l’Economie américaine.

C’est pour cela que le Président Trump a décidé de procéder à des achats massifs de pétrole pour renforcer ses réserves stratégiques , tout en mettant la pression sur l’ Arabie Saoudite pour réduire sa production pour relever le prix du baril afin de sauvegarder ses entreprises de schiste, et porter un coup à la reprise de la croissance en Chine.

C’est dans ce contexte de profonde crise économique dans les grandes puissances économiques occidentales, que le coronavirus est, d’une part, devenu une pandémie qui menace la Santé dans chaque pays, et, à travers les mesures prives individuellement par les Etats pour protéger leurs population et appuyer leur Economie, et d’autre part, un facteur aggravant du risque de récession au niveau mondial.

Au Sénégal où la transmission du virus nous est venue d’Europe, notamment de France, du 2 mars au 22 mars, l’on a enregistré 67 cas attestés dont 5 déclarés guéris et 62 en confinement encore sous traitement.

La gestion efficace de ce confinement a permis jusqu’ici que la pandémie ne touche d’autres familles dans les quartiers où ils résident, faisant que leur confinement ne s’est pas avéré nécessaire

Malgré tout, de deux régions au départ, Dakar et Diourbel, le virus est attesté dans trois autres régions que sont Thiès, St Louis et Ziguinchor.

Mais le plus inquiétant, c’est que le Sénégal a atteint l’étape de  » contamination communautaire », qui préfigure l’étape d’explosion de la pandémie.

Les cas attestés à Dakar, St Louis, Thiès et Ziguinchor ne viennent pas de Touba de la Région de Diourbel.

Cela est donc suffisant pour comprendre que la stigmatisation dont Touba fait l’objet, jusqu’à émettre l’idée de la nécessité de son confinement, est symptomatique d’un anti mouridisme, qui cache mal l’hostilité envers toutes nos confréries que portent les Salafistes, et les lobbies homosexuels et franc maçons.

En effet, malgré la décision du Khalife Général des Mourides intimant aux fideles de ne pas venir à Touba pour le « Kazou Rajab », et de rester chez eux pour célébrer cet anniversaire du vénéré Serigne Fallou, ils se sont déplacés en masse vers Touba à leurs risques et périls.

Cela démontre aussi, que les Sénégalais sont comme tous les autres peuples d’Europe et d’Amérique, ils tiennent à leur liberté individuelle de déplacement.

Le confinement total dans les grandes puissances européennes, pour enrayer la pandémie s’est avérée impossible, même en  » Etat d’urgence sanitaire »!

C’est pour cela, que les appels à ne pas sortir, à ne pas se rassembler, et à se laver les mains, sont insuffisants.

Il faudrait donc, comme Chine, les compléter avec une distribution massive de masque tout en instaurant l’obligation de son port pour toute sortie.

Le Sénégal devrait éviter de tomber dans la logique du confinement total, avec toutes les mesures de répression que cela implique, sans pour autant enrayer cette pandémie, tout en aggravant les conséquences négatives sur son Economie.

Pour contenir ce virus, il s’impose au Sénégal, une stratégie efficace de gestions de ses frontières pour minimiser l’importation du virus, de détection et de confinement de cas suspects pour leur prise en charge appropriée, tout en continuant à exhorter les populations à limiter au maximum leurs déplacements avec port de masque obligatoire, et d’éviter tout rassemblement.

Tout cela, sous le contrôle du « Comité National » mis en place, qui joue le rôle d’un dispositif des suivi, d’alerte et de veille sanitaire au niveau des populations.

Cette réponse sanitaire au coronavirus devrait être doublée d’une réponse budgétaire évaluée à 64 milliards, qui est accompagnée par le démarrage d’une solidarité nationale des citoyens pour renforcer l’Etat en moyens destinés à cette lutte.

Ces moyens budgétaires non prévus dans la Loi des Finances de 2020, obligent le gouvernement à un recadrage budgétaire en ressources comme en dépenses, pour faire de l’Etat, le principal acteur de la réponse économique au coronavirus.

Ce retour de l’Etat , quand le privé ne peut pas relever les défis qui se posent à nos peuples, nous fait rentrer de plein fouet dans le Capitalisme d’Etat, qu’il faudrait à tout prix éviter de « bureaucratiser », en associant à toutes les étapes de la lutte, les forces vives organisées de notre Nation, à travers le  » Comité National » mis en place.

Cependant, ce recadrage budgétaire, pour être à la hauteur des défis économiques, sociaux et sanitaires que pose le coronavirus à notre peuple, devrait être en phase avec les positions dégagées par le Président Macky Sall, le 2 décembre 2019 à Diamniadio , lors de la conférence organisée conjointement par le FMI et le Sénégal, en partenariat avec l’ONU et le Cercle des économistes, qu’il a coprésidée avec Kristalina Georgieva, Directrice générale du FMI, et Amina J. Mohammed, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies.

En effet, le Président Macky Sall y disait si justement, qu’il est devenu « nécessaire de briser les chaînes qui empêchent notre développement » et qui sont : le seuil du déficit budgétaire de 3%, et de l’endettement public à 70% à ne pas dépenser, et « l’exagération du risque Afrique » de la part des Entreprises de Notation qui « freine l’Investissement Direct Etranger dans nos pays, et renchérit notre endettement par des taux d’intérêt exorbitants ».

Dans le contexte des menaces qui pèsent sur l’économie de tous les pays, même une grande puissance occidentale comme la France a exigé de mettre fin à ces contraintes issues du « Consensus de Washington », pour être en mesure de faire face, à partir de son budget, aux conséquences sociales et économiques du coronavirus sur son pays.

L’Allemagne, la Commission Européenne et la BCE ont souscrit à cette revendication de la France, qui rejoint celle que le Président Macky Sall a posée depuis le 2 Décembre 2019, au nom de ses paires africains.

Donc, la BCEAO et la Commission de l’UEMOA ne devraient pas faire moins pour nos Etats que leurs homologues européens auxquels elles sont liées.

D’abord, notre BCEAO ne devrait donc ne pas se limiter au soutien des banques locales avec un taux d’intérêt de 4,5% pour leur refinancement, et aux entreprises pour l’allègement de leur remboursement de crédit,

Elle devrait aussi, comme la BCE, acheter une partie des créances de nos Etats, pour contribuer à améliorer leur marge budgétaire pour faire face à la crise.

Et cela, par ce que nos Banques ne participent aux crédits intérieurs fournis au secteur privé qu’à hauteur de de 29% du PIB, là où il est de 62% au Maroc et de 60% au Cap-vert, alors que seuls 2,4% des « Unités de Productions informelles » (UPI) ont accès à leurs crédits, là où 35,8% des chefs d’entreprises informelles mentionnent leurs difficultés d’accès à leurs sources de financement.

Nos Banques, avec leurs financements à des taux d’intérêt supérieurs à 15% à leurs clients, se sont aménagées des grandes marges, pour participer à l’endettement de nos Etats dans le marché des « Bons du Trésor et des Obligations » émis par nos gouvernements à la Bourse régionale de l’UEMOA, et au financement des grandes entreprises à des taux beaucoup plus réduits.

Ainsi, réduire l’intervention de la BCEAO au financement des Banques , revient à continuer à sacrifier les PME/PMI du secteur formel et les entreprises du secteur informel, qui pourtant sont les plus exposées aux conséquences négatives du coronavirus sur notre Economie.

C’est la pleine prise de conscience de cette situation que l’Etat a créé la « Banque Nationale de Développement Economie »(BNDE), la « Banque de l’Habitat du Sénégal »(BHS) , la « Banque Agricole du Sénégal», et la « Délégation à l’Entreprenariat Rapide » (DER) pour financer principalement les PME-PMI, l’Habitat Social, les exploitations agricoles familiales, et promouvoir l’entreprenariat au sein des Femmes et des Jeunes.

Dans son soutien aux Banques, la BCEAO devrait donc soutenir prioritairement ces organes publics de financement de l’Economie, pour leur permettre d’octroyer des crédits à leurs clients au taux d’intérêt de 5% pratiqué par la DER avec le soutien de l’Etat.

C’est dans cette perspective que le Président Macky Sall a récemment fustigé les taux d’intérêt exorbitants pratiqués par nos Banques et nos « Sociétés Financières Décentralisées »(SFD) en leur donnant l’exemple de la DER.

La BCEAO devrait donc profiter de la crise due au coronavirus et à la guerre des marchés du pétrole, pour casser les situations de monopole dans le secteur bancaire, des Assurances et de la micro-finance, qui imposent des prix exorbitants aux usagers qui sont principalement des nationaux.

En effet, Attijariwafa Bank, Société Générale, Ecobank, qui sont des entreprises bancaires internationales, contrôlent près de 60% des actifs bancaires du pays, et déterminent les taux d’intérêt de référence à la clientèle.

De même, la micro finance est fortement marquée par le leadership de quatre institutions en partenariat stratégique avec de grandes métropoles comme le Canada (PAMECAS), les USA (ACEP) et la France (CMS et MICROCRED) qui contrôlent plus de 74% des actifs, et 75,9% des membres/clients, et qui déterminent le niveau des taux d’intérêt auxquels s’alignent toutes les deux cents trente – huit (238) sociétés de micro finance.

Le marché des assurances est caractérisé aussi par la présence de vingt -cinq (25) compagnies, parmi lesquelles les quatre principaux acteurs que sont l’AXA la Française, Allianz l’Allemande, Colina, et NSIA détiennent 50% des parts de marché de l’assurance non-vie, dont les coûts d’accès et les primes font référence pour les autres pour se positionner.

Ensuite, après la BCEAO, pour l’UEMOA et la Commission, il est impératif de décider de la levée de l’obstacle du seuil de 3% du déficit public, et de 70% de la dette publique, pour que nos Etats soient mieux outillés pour faire face aux dépenses de transfert, d’investissement dans les secteurs de la santé et de l’Education qui est contrainte à l’enseignement à distance, et de soutien aux couches vulnérables par le renforcement des  » bourses familiales », afin de contribuer à atténuer les conséquences prévisibles de la baisse des transferts qui assuraient les dépenses alimentaires de nombre de nos concitoyens.

Les Chefs d’Etat de l’UEMOA, avec le soutien des forces vives de nos Nations, devraient solidairement faire face aux pressions éventuelles du FMI et de la Banque, pour que le cadrage budgétaire inévitable ne ruine les acquis de la sous région en matière de croissance inclusive/

Ils devraient aussi, exiger des Sociétés de transfert d’argent de nos émigrés, de diminuer substantiellement leur rémunération, comme un acte de solidarité envers leurs clients affectés par les conséquences du coronavirus dans les pays où ils émettent leurs transferts.

La levée de ces « chaînes » va résoudre en même temps les obstacles artificiels qu’elles posent à l’avènement de la monnaie commune de la CEDEAO, l’Eco, en démontrant le manque de fondement scientifiques des critères de convergence dont l’atteinte est érigée comme condition sine qua none, à sa faisabilité.

Le coronavirus a démontré, que le non respect de ces critères par la France et l’Allemagne avec la bénédiction de la BCE, n’ a pas remis en cause l’existence de leur monnaie commune l’Euro!

Ces critères issus du  » consensus de Washington » sont aujourd’hui totalement démystifiés au grand damne du FMI et de la Banque mondiale dont l’essence de leurs interventions dans nos pays consiste à obliger nos gouvernants à s’y conformer.

Tous ensemble pour « briser ces chaînes qui empêchent notre développement » !

                 Le coronavirus nous en donne l'opportunité historique.

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