Le Directeur général de Senelec, Seydina Issa Kane, avait rassuré les consommateurs qu’il n’y aurait pas de délestages tout au long du Mondial sud-africain. Comme si les usagers n’avaient besoin d’énergie que le temps de cette compétition ! Pis, ce qu’il s’était gardé de dire, c’est que, l’Etat avait, en réalité, casqué, sur le dos du contribuable, 21 milliards pour l’achat d’un très mauvais combustible. C’est du moins l’avis de la sous-section Sutelec du Cap des Biches.
21 milliards pour l’achat d’un fuel de troisième choix aux conséquences incalculables pour les installations de Senelec, la santé des employés de l’entreprise et les usagers. C’est la somme mobilisée par le gouvernement, le temps du Mondial sud-africain avant de revenir à la case départ. Et l’on assiste au retour en force des coupures intempestives d’électricité à Dakar comme à l’intérieur du pays. En fait, de mauvais combustible, «il s’agit du fuel lourd de très mauvaise qualité utilisé dans les centrales de Senelec», assène Lamine Diarra, Secrétaire général de la sous-section Sutelec du Cap des Biches. Une situation qui occasionne inéluctablement, selon notre interlocuteur, la panne en série de machines de Senelec. Pis, ce mauvais combustible limite la puissance des installations. Pourtant, la direction de la Senelec avait mis ces délestages sur le compte du mauvais temps.
«En utilisant ce très mauvais produit pour une machine qui développe une puissance de 18 MW, on se retrouve avec 11 MW», renseigne, pour le déplorer, le responsable syndical. A Bel-Air, informe-t-il, la centrale de 60 MW est mise à l’arrêt depuis hier (avant-hier, Ndlr). Et pour cause, explique M. Diarra, les installations et autres matériels commençaient à se dégrader du fait du mauvais combustible. Même constat au Cap des Biches où toutes les machines sont à l’arrêt. Le mauvais fuel fourni à Senelec a fini de dégrader les installations. Ce fuel pose même un problème de santé publique, alerte Lamine Diarra. «Les travailleurs sont exposés à beaucoup de risques du fait de ce mauvais combustible qui peut leur causer des problèmes pulmonaires», dit-il, annonçant que les travailleurs du Cap des Biches vont, dans les prochains jours, tenir une Assemblée générale pour se déterminer par rapport à cette situation dangereuse du combustible pour l’entreprise, les employés et les usagers.
Pour le responsable syndical, même si on fournissait du bon fuel à l’entreprise, les groupes ne pourraient pas retrouver leur charge normale. «La solution réside dans l’achat de plusieurs pièces de rechange. Toutes les machines qui ont été dégradées par le mauvais combustible doivent être remplacées», recommande-t-il. Prenant le cas de la centrale de Kounoune dont Senelec fournit du combustible, Lamine Diarra indique que cette centrale privée refuse systématiquement le mauvais fuel. «Même s’il faut arrêter leurs machines, ils rejettent le mauvais fuel, contrairement aux centrales de Senelec où l’on met n’importe quel combustible de mauvaise qualité», se plaint-il. Le marché du pétrole, soutient-il, est très vaste. «Il suffit d’un appel d’offres très exigeant sur la qualité du contribuable pour avoir du bon fuel. Et, si l’on vous fournit un mauvais produit, soit vous refusez, soit alors vous assignez le fournisseur en justice pour être dédommagé. Ce que l’Etat du Sénégal n’a jamais fait», s’indigne le Secrétaire général de la sous-section Sutelec du Cap des Biches.
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