LE SYSTEME EDUCATIF SENEGALAIS:  SCEPTICISME AMBIANT

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   Il y’a moins de deux semaines, le Président de la République dressait un bilan noir de l’école sénégalaise, soutenant que c’est le tiers des recettes fiscales de l’Etat qui est affecté dans un secteur qui ne marche guère. Et pourtant, il vient de prononcer un hommage dédié à la génération des années 1980: « Pur produit de l’Université sénégalaise, elle se retrouve, pourtant, par ses figures emblématiques ou anonymes, au cœur de plusieurs secteurs privé et public. C’est l’âge de la responsabilité assumée ! » Quant à la génération actuelle, il s’adresse à elle en ces termes : « La tentation est forte, pour une génération, de tomber dans l’autoglorification, croyant, naïvement, qu’elle porte le sceau de l’Histoire. Celle des années 1980, du moins du côté de celles et de ceux que je connais, n’a pas cette prétention. »

Une telle approche devrait faire l’objet d’une analyse de la part de la jeunesse actuelle. La réalité est tout autre : certaines personnalités publiques, hommes politiques de vocation et acteurs de la politique politicienne de nature, parlent souvent à une jeunesse à laquelle il n’adresse même pas la parole. Le Sénégal est le théâtre de cette triste réalité depuis des décennies. Les « produits de l’école sénégalaise des années 1980 » citent des compléments d’objet second, affectionnent l’usage de l’imparfait du subjonctif, citent les assertions des personnages historiques qui ont marqué le 20éme siècle, récitent aisément le déroulement de la révolution  française, connaissent par cœur Nuit de Sine de Léopold Sédar Senghor, ont lu maintes fois Candide de Voltaire…Que s’est-il passé entre temps ?  Une adoption du prestige comme moyen de gouverner le Sénégal.

L’accent a été mis sur des secteurs autres que l’éducation. Et pour couronner le tout, on nous sert des bilans insatisfaisants en soutenant qu’une partie assez importante  du budget du de l’Etat a toujours été orientée dans l’éducation. Un discours que nos dirigeants politiques tiennent depuis près de trois décennies. Et Abbé Pierre de rétorquer : « Les hommes politiques ne connaissent la misère que par les statistiques. On ne pleure pas devant les chiffres. » Ce qui faut faire, ce n’est pas seulement d’inaugurer des édifices dédiées à l’enseignement, mais c’est de tenter de sortir de cette crise que le Professeur Souleymane Bachir Diagne qualifie de « scepticisme ambiant. » A défaut de combattre le mal, on verse en permanence dans des actions qui ne feraient que l’intensifier.

Il convient de commencer par interpeller les acteurs. Les discussions entre états et syndicats du système éducatif ne peuvent nullement aboutir à un mariage de raison. Il faut nécessairement que la jeunesse évoluant dans les sphères scolaires et universitaires soit associée à cette démarche. La conscience collective peut témoigner du changement des conditions d’évolution de l’étudiant en milieu universitaire. Elles ne sont pas des meilleures comparées à celles d’il y’a près de trois décennies. A cela s’ajoute le fait que la pédagogie et le niveau d’une grande majorité des enseignants  laissent à désirer. A quoi bon confier la construction de l’édifice de l’avenir d’un enfant à de telles personnes ? Et leurs syndicats de verser dans une contestation permanente qui, même si elle est raisonnable, devrait être associé à une entreprise o qu’urgente : la nécessité de revoir les programmes d’enseignement qui restent les mêmes depuis très longtemps. « On ne peut pas comprendre qu’après avoir fait tant d’efforts nous soyons contraints de recevoir des préavis qui compromettent le fonctionnement régulier de l’école sénégalaise. On ne peut pas au moment où l’on met plus de ressources dans un secteur que ce secteur soit plus instable « , se plaint le Président de la République. Et pourtant, la compréhension d’une telle situation est simple, puisqu’elle peut être résumée à travers une conception d’un éminent penseur sénégalais : « Se servir d’une échelle en or pour cueillir des fruits entièrement pourris. » Heureusement que ce système n’a d’yeux que pour l’enseignement. L’éducation, pierre angulaire de l’acquisition du statut d’homme de culture, n’a jusque-là pas fait l’objet d’actes concrets dans ce cadre ou l’avenir est loin d’être rose.

                                                    

                                                                                                                   CHEIKH AHMED TIDIANE NDIAYE

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