La société turque Summa Limak va terminer les 15% restants des travaux de l’Aibd avec 95 millions d’euros soit 61,75 milliards, équivalant au reste du reliquat de Saudi Bin Ladin Groupe (Sbg). Même si la société turque n’a pas encore reçu l’avance de démarrage des bailleurs, elle a déjà 300 employés sur le chantier. Le Directeur de l’Aibd, Abdoulaye Mbodj, qui a reçu «L’As» sur le site, assure que l’aéroport sera terminé en janvier 2017 et pourra être fonctionnel dans le premier trimestre de ladite année, après la résolution de la problématique du transfèrement de l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar.
La société turque Summa Limak, chargée de terminer les travaux de l’Aéroport international Blaise Diagne, entamés par Saudi Bin Ladin Group, est déjà sur le terrain. Les chantiers ont été arrêtés depuis plus d’un an parce que Saudi Bin Ladin Group (Sbg) avait fait une 5ème réclamation de 64 milliards que l’Aibd avait refusée. Après la résolution de ce conflit, Summa Limack a accepté de terminer le reste de 15% des travaux avec le reliquat de Sbg, soit 95 millions d’euros, environ 61 milliards 750 millions Fcfa. Le directeur général de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd), Abdoulaye Mbodj, qui a reçu «L’As» sur le chantier, indique que le reste des travaux ne concerne que la finition, les équipements de navigation aérienne en plus de la zone du village de Mbadate qui n’avait pas été touché, car les populations étaient sur place jusqu’en fin 2014.
Attente des deux derniers décaissements des bailleurs
Summa Limak a commencé les travaux, avec 300 travailleurs déjà à pied d’œuvre sur le site, sans recevoir son avance de démarrage qui tarde à être décaissé par les bailleurs au nombre de huit. Pour le financement, il y a deux décaissements qui restent à faire, et Aibd attend l‘avant-dernier décaissement de la part des bailleurs, surtout de l’Afd qui doit donner 32 millions d’euros soit près de 21 milliards de francs Cfa. Pour la date de livraison, la société promet de terminer les travaux 8 mois après la réception de l’avance de démarrage, c’est-à-dire au mois de janvier 2017. Cependant, la fin des chantiers ne veut pas dire début des atterrissages sur le tarmac de cet aéroport, car il restera la question du transfèrement de l’aéroport de Dakar. «En janvier, ces chantiers seraient terminés. Il faut simplement y ajouter la problématique du transfert de l’aéroport Léopold Sédar Senghor vers l’Aibd. Selon l’avis des experts, cela varie. On parle de 4 mois, d’autres parlent de 6 mois, ce qui signifie de façon effective que l’ouverture sera faite dans le premier semestre de 2017. Mais l’ouverture sera faite de façon évolutive, ça ne va pas se faire d’un seul coup, de même que le transfèrement de l’aéroport Léopold Sédar Senghor», soutient Abdoulaye Mbodj.
Un contrat de gestion de 25 ans de Summa Limack à la place de la «nébuleuse Daport»
Pour la gestion de l’aéroport, la société Daport, qui avait signé en 2006 un contrat opaque avec plein de privilèges, s’est retirée en demandant une indemnisation financière que la direction de l’Aibd n’a pas acceptée. «Le contrat avec Summa Limak est d’un avantage incommensurable pour l’Etat du Sénégal. Nous avions signé en 2006 un contrat avec Daport qui était plutôt une société en réalité offshore, succursale de Afriport. Sur ce, il y a eu une investigation à la Crei pour découvrir les origines de la société. C’était très nébuleux. Ce contrat avait prévu 3,2% des frais d’assistance techniques à payer à Daport . Il avait aussi prévu 17%, les 7 premières années, ensuite 20% de redevance de concession et enfin ce contrat avait prévu une société où le Sénégal n’avait aucune action», explique l’ingénieur en génie civil diplômé de l’Ept de Thiès. Abdoulaye Mbodj de poursuivre que dans un contexte de promotion du tourisme avec la réduction de la redevance passager de 16.000 francs à 8.000 et de la redevance sûreté de 4.000 francs à 2.000 francs, Daport a estimé que le contrat n’était plus rentable et s’est dit prête à se retirer à l’amiable en demandant le remboursement des frais dépensés depuis 2006 qu’ils ont estimés à 6,7 millions d’euros. «Nous avons dit à Daport que vous nous laissez au milieu du guet au moment où les bailleurs exigent un contrat de gestion pour le dernier décaissement, nous causant ainsi préjudice. On a exigé un départ à l’amiable avec Daport sans indemnisation et on a signifié à Daport cette résiliation depuis plus d’un mois», explique le directeur de l’Aibd.
C’est ainsi que la gestion a été passée à Summa Limack pour une durée de 25 ans avec une clause revoyure tous les 3 ans. «Le groupe Summa Limak a accepté de nous fournir une redevance de concession de 20% sur le total des revenus bruts. La taxe d’assistance technique qu’on devait verser annuellement, le Groupe Summa Limak y renonce ; ensuite, là où le contrat était à 100% d’actions pour Daport, Summa accepte de nous donner un minimum blocage de 34% des actions. Daport n’acceptait pas aussi de prendre la maintenance lourde à l’aéroport, mais le Groupe Summa Limack l’accepte ; nous partons de 3 millions de passagers et si on arrive à 5 millions de passagers par an, il va falloir agrandir l’aérogare et là, Summa accepte de faire les investissements nécessaires et de poursuivre la gestion. C’est un contrat à 100% avantageux pour l’Etat du Sénégal», dissèque Mbodj.
Dans le même ordre d’idées, Selim Erkal, Project Manager, responsable de Summa Limak au Sénégal, soutient que son entreprise va terminer les travaux dans 8 mois. Sur leur bonne volonté, il assure qu’ils n’ont pas encore reçu leur avance de démarrage, mais il y a déjà 300 travailleurs sur le chantier de l’Aibd. Il assure aussi que, dès la réception de l’avance de démarrage, 600 autres travailleurs vont rejoindre le chantier pour terminer le chantier, car, dit-il, « Summa Limak a l’habitude de respecter ses délais». Les travailleurs sont composés de Turcs et de Sénégalais.
Oumar KANDE (L’AS)
