Le lundi 30 avril, toutes les listes des partis politiques, coalitions de partis politiques et/ou des indépendants qui désirent prendre part aux élections législatives du 1er juillet prochain devront être déposées à la Direction générale des élections (Dge) du ministère de l’Intérieur. On s’arrache les cheveux d’ores et déjà au sein des états-majors pour leur confection. Des listes « introuvables » assurément.
Le président de la République, Macky Sall a promulgué hier, vendredi 27 avril, la loi portant prolongation du mandat de législature en cours, votée récemment par le Parlement. Une prolongation qui décale de facto la date du scrutin des élections législatives au 1er juillet prochain. Le ministère de l’Intérieur a pris un arrêté conséquemment fixant la date de dépôt des listes à après demain, lundi 30 avril conformément aux dispositions du Code électorale dans ce domaine.
Les partis politiques, coalitions de partis et/ou les « indépendants » qui désirent se présenter aux élections législatives du 1er juillet prochain, devront par conséquent déposer le lundi 30 avril leurs listes nationale et départementales auprès de la Direction générale des élections (Dge) qui a jusqu’à minuit, ce jour là, pour les recevoir et les enregistrer. Déjà demain dimanche 29 avril, les coalitions, regroupements politiques ou encore les listes indépendantes lui indiqueront leurs titres, adresses et les noms et adresses de leurs mandataires. Ils déposeront le lendemain, lundi 30 avril comme les partis politiques, leurs listes qui, en sus des pièces administratives et judiciaires justificatives des candidats, devraient respecter scrupuleusement la loi sur la parité homme-femme et lestées d’une caution bancaire de 20 millions de Fcfa.
La difficile clé de répartition
Si au Parti démocratique sénégalais (Pds) où l’on semble s’être épuré avec le départ de pans entiers depuis la débâcle du 25 mars dernier à la présidentielle, vers d’autres cieux plus cléments, « il n’y a aucune difficulté pour confectionner nos listes », observe, Me El Hadji Amadou Sall, le porte-parole du candidat Wade, c’est loin d’être le cas dans plusieurs autres coalitions qui entendent briguer le suffrage des Sénégalais le 1er juillet prochain.
A « Benno Bokk Yakaar », (Unis dans le même espoir) la coalition victorieuse du 25 mars dernier, l’heure était encore hier aux réglages. Selon certains militants de formations politiques ou regroupements de ce cadre qui en compte énormément, « c’est un véritable casse tête chinois auquel nous sommes confronté. La répartition des députés sur les listes nous pose énormément de difficultés, il faut le dire ». La clé de répartition adoptée, basée sur les résultats du 1er tour de la présidentielle pour départager les différentes coalitions et regroupements qui la composent, n’en soulève pas moins récrimination notamment à la base.
C’est ainsi que selon Abdoulaye Willane, le maire socialiste de Kaffrine, « la confection des listes se fait dans des conditions alambiquées. Tout indique que nous risquons d’engendrer beaucoup de frustrations à la base ». Et Willane d’indiquer que dans sa région Kaffrine, les coalitions Benno siggil senegaal, de Moustapha Niasse, Macky 2012 du président Macky Sall raflent la mise. Tandis que Benno ak Tanor et Idy4 président se contentent de la portion congrue. Dans le département de Kaffrine, informe-t-il, « en fonction de la clé de répartition adoptée, c’est Benno siggil Senegaal de Moustapha Niasse qui a le poste de titulaire. Tandis que Benno ak Tanor aura le suppléant. Il en est de même pour Birkilane, Maléme Hodar, tandis qu’à Koungheul, la coalition Macky 2012 et Benno Siggil Senegaal se partagent les postes en compétition ».
Une situation quasi similaire sur l’étendue du territoire national, soulignera-t-il pour s’en plaindre. Selon lui, le parti du président de la République, l’Alliance pour la république (Apr) « devrait faire preuve de plus de générosité et de solidarité et céder plus de places aux alliés. Le chef de l’Etat nomme à tous les postes civils et militaires. Quand on sait que nos coalitions respectives regroupent chacune, plus d’une quarantaine d’organisations politiques ou de la société civile et de fortes personnalités, on peut imaginer d’ici l’immensité de la tâche pour confectionner ces listes ». Son camarade Nicolas Ndiaye de la Ligue démocratique (Ld), dont la formation est membre de Benno siggil Senegaal ne dit pas autre chose. « C’est difficile », renseigne-t-il tout en s’empressant cependant d’indiquer « que nous allons y arriver parce que nous avons la volonté d’aller ensemble ». Peut-être, mais c’est difficile tout de même.
A « Benno Bok guis guis », (Unis dans la même vision) la coalition née des flancs du Pds, que dirige un quinté composé de trois présidents d’institutions encore en activité, Pape Diop du Sénat, Mamadou Seck de l’Assemblée nationale, Ousmane Masseck Ndiaye du Conseil économique et social, du maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé et de Abdou Fall qui a mis déjà en place son mouvement : « andou nawlé » (le regroupement des égaux, traduction approximative), la confection des listes n’est point une sinécure. D’autant plus « que tout le monde nous arrive de partout. Il ne se passe pas un jour où des frères et de sœurs qui étaient encore avec eux (Wade et Omar Sarr l’autre frange du Pds) de toutes les régions ne nous rejoignent. Nous devons les intégrer et tenir compte pour dresser les listes ». Pape Diop tête de liste « désignée » de Benno Bok guis guis assure cependant que la confection desdites, « sera démocratique et transparente ». Il entend marquer la rupture d’avec la pratique ancienne au sein de sa formation, le Pds.
Au Pds, El Hadji Amadou Sall lui, apporte la réplique. « Il faut seulement noter qu’à notre récent congrès tenu après la présidentielle, nous avons donné carte blanche au président Wade, notre frère Secrétaire général national pour confectionner les listes et avons désigné Omar Sarr comme le mandataire de ces listes. Le président Wade a reçu depuis toutes les Fédérations, mieux il leur a demandé d’investir à la base et lui se chargera d’arbitrer en cas de nécessité. Il est faux donc d’affirmer que ce n’est pas démocratique et que c’est pour favoriser Massamba ou Mademba ». A la question de savoir quelle formule a été adoptée pour investir, Me El Hadji Amadou Sall répond : « nous avons décidé d’investir au niveau des départements tous nos ténors, tous ceux qui parmi nous bénéficient d’une popularité certaine. Ceci non seulement pour porter la dragée haute à nos adversaires, mais également dans le but d’offrir le maximum de points à notre liste nationale où nous allons investir des députés à la hauteur ». L’ancien Garde des sceaux, porte-parole du candidat Wade défait le 25 mars dernier, déclare s’investir à la base, dans le département de Pikine.
Le lundi prochain, les Sénégalais connaîtront des listes qui brigueront leur suffrage le 1er juillet prochain sur l’étendue du territoire national et dans les bureaux de vote à l’étranger. Mais déjà la compétition fait rage au sein des partis politiques, coalitions ou regroupements intéressés.