Législatives françaises: les élus issus de la diversité plus présents que jamais à l’Assemblée nationale

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Selon un décompte effectué par France 24, hors élus de l’Outre-mer, 35 députés issus de la diversité siègent désormais à l’Assemblée nationale, contre dix en 2012. Un bond en avant à mettre principalement au crédit de la République en marche.

L’Assemblée nationale offre décidément un nouveau visage. Plus de jeunes, plus de femmes, plus de primo-députés, et (enfin !) beaucoup plus d’élus issus de la diversité. D’après le décompte effectué par France 24, au moins 35 d’entre eux, soit 6,53 % de la chambre élue dimanche, sont issus de la diversité sur les 551 députés hors Outre-mer.

La collecte de données démographiques fondées sur l’origine ethnique étant interdite en France, les statistiques officielles sont inexistantes et nous avons cherché à recenser ces élus par avec notre propre méthode, qui n’est pas infaillible. Nous avons ainsi identifié les élus dont au moins un des parents était issu de l’immigration non européenne ou originaire des DOM-TOM. Pour les députés originaires des DOM-TOM, nous n’avons retenu que ceux élus en métropole. Ainsi, si George Pau Langevin, députée PS de la 15e circonscription de Paris, et originaire de la Guadeloupe, figure dans notre décompte, nous en avons exclu tous les élus représentant l’Outre-mer.

Trente-cinq députés, c’est une indéniable progression par rapport à l’Assemblée sortante, qui ne comptait que dix députés issus des minorités visibles (moins de 2 % du total), d’après une note publiée par l’Institut Diderot en 2012. « C’est une nette amélioration, la représentation de la diversité a plus que triplé, ce dont nous nous réjouissons », commente Thiaba Bruni, porte-parole du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), qui dénonce depuis des années le manque de représentation de la diversité parmi les élus.

LREM compte 23 élus issus de la diversité

Si l’on regarde parti par parti, c’est sans surprise : La République en marche fournit le plus important contingent avec 23 députés issus de la diversité, soit 6,53 % de ses 298 élus, hors Outre-mer.

Les plus emblématiques de ces nouveaux députés ont gagné leur siège à Paris. L’avocate Laetitia Avia, proche d’Emmanuel Macron, a ainsi remporté dimanche la 8e circonscription de la capitale avec 65 % des voix. La jeune femme de 31 ans, d’origine togolaise, a grandi en Seine-Saint-Denis avant d’intégrer Sciences-Po puis de fonder son propre cabinet d’avocats.

C’est surtout Mounir Mahjoubi, 33 ans et tombeur du premier secrétaire du parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis dans la 16e circonscription de Paris, qui a incarné durant la campagne d’En Marche ! la figure montante de la diversité au sein du mouvement. Ce spécialiste des nouvelles technologies, fils d’ouvriers marocains, est par ailleurs secrétaire d’État au numérique du gouvernement d’Édouard Philippe.

Derrière LREM vient son allié le MoDem, qui affiche quatre élus sur 41 issus de la diversité (soit 9,75 % de ses élus) et le PS/PRG (quatre élus également, 11,7 % de ses 34 députés hors Outre-mer). Au sein de La France insoumise, malgré de nombreux candidats issus de la diversité présentés aux législatives, un seul des 17 députés entrants à l’Assemblée présente ce profil. Il s’agit de Danièle Obono, qui a raflé la 17e circonscription de la capitale. L’anthropologue et politiste, militante féministe et antiraciste, est née au Gabon en 1980.

Le cancre LR

À droite, c’est le vide. Si l’UDI compte un député sur 18 issu de la diversité, pas un seul des 101 élus Les Républicains n’est dans ce cas, ce qui fait du parti le cancre de l’Assemblée en la matière. Sans surprise, on peut en dire autant pour le FN et ses huit sièges. Idem pour les 10 élus du Parti communiste. En 2012, déjà, le Cran avait fait le même constat concernant ces trois partis.

Pour le chercheur Éric Kerrouche, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la sociologie des élus, rien d’étonnant à ce que ce bond en avant de la diversité à l’Assemblée soit à mettre au crédit de La République en marche. « Depuis le départ, Emmanuel Macron a marqué sa volonté de renouveler le personnel politique, de présenter plus de femmes, plus de novices en politique, plus de personnes issues de l’immigration… », explique-t-il.

« Mais au-delà de ça, un mouvement qui se pose en ‘outsider’ attire forcément des catégories, qui ne sont pas représentées par les partis classiques. » Enfin, plus facile pour un novice de se lancer dans un nouveau parti, sans avoir à subir les lourdeurs et la lenteur de la sélection, qui a cours au sein des mouvements traditionnels avant d’être désigné comme candidat à la députation.

Le Cran ne crie pas victoire

Le sociologue souligne que c’est au début des années 2000 que les partis ont commencé à prendre conscience de la non-représentation des minorités, sans toujours se donner les moyens d’y remédier.

« Cependant, l’amélioration de la représentation de la diversité a commencé dans les élections locales, car le scrutin proportionnel qui y a cours favorise la diversité, contrairement au scrutin majoritaire à deux tours, qui est la règle pour les législatives », poursuit-il. À titre de comparaison, Éric Kerrouche indique qu’aux élections municipales de 2008, dans les communes de plus de 9 000 habitants, 11, 24 % des élus étaient issus de la diversité.

Mais si LREM permet enfin de diversifier les bancs de l’Assemblée, le Cran est loin de crier victoire. « On considère que 11 % de la population française est issue de la diversité, donc on est encore loin d’avoir une représentation suffisante à l’Assemblée », estime sa porte-parole Thiaba Bruni.

Surtout, rappelle la jeune femme, au sein du gouvernement, seuls Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État au numérique, et Laura Flessel, ministre des Sports, sont issus de la diversité. « Ce ne sont pas des ministères régaliens, et c’est un net recul par rapport aux gouvernements du mandat de François Hollande. Si Emmanuel Macron veut être cohérent, il doit nommer davantage de ministres issus de minorités visibles. »

Ultime réserve avancée par Éric Kerrouche : la représentation de minorités visibles ne doit pas faire oublier le manque de diversité sociale des élus, LREM en particulier. Ainsi, d’après une étude du Cevipof portant sur le profil des candidats En Marche !, 68,6 % d’entre eux étaient issus de classes supérieures.

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