L’émergence se cultive ! Elle ne se décrète pas! par Moussa Bala Fofana

Date:

 

– Les 3 facteurs classiques de la croissance…

                                                                                       « Le temps de la réflexion est une économie de temps »

Publius Syrus

Artiste, écrivain, Poète

La courbe de croissance de l’économie d’une nation n’est pas une montée sans fin et les pays européens ne me contrediront pas. Mais à l’inverse, une économie comme la notre, incapable de créer suffisamment de richesse pouvant d’une part contenir l’effet de notre croissance démographie (2.64%) et d’autre part absorber l’inflation du coût de la vie des ménages n’est pas une fatalité non plus. C’est ainsi que les prouesses en politique économique et monétaire de nos homologues médians africains nous démontrent qu’une bonne croissance du PIB/Habitant (par une bonne proportion des revenus de salaire et d’entreprises) est possible. On peut citer le Burkina Faso, avec une croissance à 6%, l’Éthiopie à 7%, le Mozambique à 8%, le Rwanda à 10%, la Tanzanie à 6% et enfin l’Uganda à 7%.

Mon postulat est qu’un Sénégal émergent ne sera possible que par la création de richesse depuis nos territoires grâce aux tissus économiques de nos entreprises et la maîtrise de notre économie. Toujours dans une approche objective, contributive et technique, je réponds sans ambages que la première étape de l’émergence est avant tout la maîtrise des 3 facteurs classiques que sont : le Capital Humain, le Capital Financier et les Ressources des Territoires qui ont un impact direct sur les deux acteurs clefs de toute économie, c’est-à-dire les Entreprises et les Ménages.

1- le capital humain: Il faut l’acquérir, l’éduquer, le former et le développer. Car des diplômés, majoritairement, en langue, en histoire ou en littéraires n’aident pas l’économie. Il faut favoriser l’ingénierie et l’accompagnement technique et continu de l’entreprenariat. Ainsi, la formation technique doit soutenir la production, la mécanisation, la transformation, la conservation et la commercialisation des ressources spécifiques des territoires. Aujourd’hui, l’État doit mettre en place des mesures pour intervertir la tendance et la proportion d’étudiants formés en littérature, en droit, en  langues et développer et encourager les formations scientifique et techniques.

En Allemagne, par exemple, 50% des diplômés du secondaire poursuivent des formations professionnelles dans 340 métiers reconnus. C’est près d’un demi-million de postes à temps plein que le système éducatif crée, car il a été planifié comme tel. Ainsi, une ressource humaine qualifiée donne des revenus salariaux dont l’impact sur les entreprises et les ménages est plus qualitatif. Prenons l’exemple d’Apple dont les dépenses en main-d’œuvre (chinoise) non qualifiée représentent moins de 4% (soit 8$) du coût de production d’un ordinateur  de 2000$. Aujourd’hui, on gère les conséquences d’un système éducatif hérité des colons et on ne propose pas une approche prospective pour une éducation à la sénégalaise et pour le Sénégal. In fine, la question de fond est : Quel est le système d’éducation qui peut nous garantir une force ouvrière professionnalisée, une main-d’œuvre de haute qualification technique, un esprit d’entreprenariat et des aptitudes en développement des affaires ?

2 – le capital financier: Parallèlement à la planification du capital humain moteur de la productivité, il faut bâtir un tissu économique formel et surtout doter notre nation d’une architecture financière et fiscale capable de construire la base Défensive de notre économie et de réduire son extraversion. Le système financier est un outil décisif et obligatoire. Il est d’une part nécessaire à la maîtrise des chocs externes liés à la fluctuation des marchés  mondiaux  et d’autre part il est comme une sorte de boîte de vitesse permettant d’assurer l’équilibre entre la demande de consommation des ménages et l’offre de production des entreprises. Pour le cas du Sénégal,  l’État doit prôner une politique économique et fiscale fondée sur la mission essentielle d’enrayer l’informel, la non-bancarisation,  l’amateurisme dans l’entreprenariat et une plus grande capitalisation des entreprises. Ainsi, le capital financier passera par la création de richesse par des plans de développement territorial, une fiscalité territorialisée et une architecture financière défendant l’intérêt de l’économie nationale et capable d’impulser un rythme, des taux et des flux de liquidité et de fonds de placement et d’investissement capables de motiver les entrepreneurs, les épargnants et les consommateurs.

3 – Les ressources naturelles: La disponibilité des ressources naturelles n’a pas un lien direct avec la croissance du PIB, mais c’est l’usage de ces ressources par le tissu économique sénégalais qui va faire la différence. Nous devons donc partir de nos ressources spécifiques et développer des stratégies de développement économique à l’échelle de chaque zone éco-géographique. Ces outils d’orientation économique des territoires, de protection de l’environnement et de prospection des ressources de chaque territoire serviront de cadre d’orientation pour les municipalités en matière d’aménagement urbain, de développement commercial, d’industrie et de la politique agricole. Ainsi, c’est à partir des plans économiques durables depuis chaque territoire, portés par la dynamique stratégique de la territorialité et d’une décentralisation sérieuse, que notre tissu économique pourra soutenir une vraie émergence du pays. Car un Sénégal émergent dépend des entreprises et des ménages.

Conclusion :

En somme, nous ne pouvons pas axer notre stratégie d’émergence essentiellement sur l’appât des capitaux étrangers qui n’ont jamais développé un pays dans l’histoire de l’humanité (dixit Le Docteur en Économie Mr Amadou Aly Dieng). Notre stratégie d’émergence n’est pas assez défensive pour atténuer sur le long terme la situation d’extraversion du Sénégal.

Ainsi, l’Objectif global d’émergence du PSE est menacé par les manquements dans l’Objectif spécifique et stratégique qu’est la construction d’une véritable économie sénégalaise, par des ménages ruraux et urbains capables absorber la production d’un entreprenariat sénégalais et déclencher ainsi le cycle fructueux de la création de la richesse par nos entreprises.

Il nous faut construire notre tissu économique, depuis nos territoires, avec nos ressources, pour nos intérêts et par nos stratégies, car l’émergence se mesurera par la capacité de production des entreprises sénégalaises et la  capacité de consommation et d’épargne des ménages. Par ailleurs, la rentabilité des projets du PSE (1), leur impact positif direct et indirect sur le tissu économique sénégalais (2) et un coût réel des intérêts de la dette inférieur  aux rendements projetés par les projets du PSE (3), sont les trois indicateurs et moyens de conservation du fond public investi.

A l’évidence, l’économie de marché nécessite un patriotisme économique, un esprit décomplexé,  des aptitudes techniques et un sens des affaires guidé essentiellement par l’amour de la patrie avant toutes autres considérations.

 

Moussa Bala Fofana

*Expert & Consultant en Ingénierie de la Planification de l’action publique (INPL)  l’Institut National Polytechnique Lorraine.

*Spécialiste en  GAR – Gestion axées les Résultats et Développement Économique Territorial et Transfrontalier.

*Ancien Conseiller Technique du Gouvernement du Sénégal (2012-2013)

*Actuellement Conseiller Financier en Banque (Canada-Montréal)

[email protected]

https://www.facebook.com/moussabala.fofana

 

5 Commentaires

  1. Il y a encore des gens qui n’ont pas compris qu’avec Macky Sall, il ne sera question que du médiatique. Tout ce qui ne se réglera pas par sa presse ne sera jamais réglé. Macky Sall n’a pas prévu autre chose. Si son programme de colonisation des cerveaux par ses journalistes échoue, alors lui même reconnaîtra publiquement son échec. Il n’a aucunement prévu autre chose.

  2. En tout cas le président Wade avait compris que pour progresser,son pays ne peut s’appuyer que sur ses propres ressources.Au besoin il a mis en place une stratégie de développement économique basée sur les ressources humaines et sur l’agriculture,socle de son projet de vie social(plan omega).
    -la création des golden boys Sénégalais comme se fut le cas aux États-Unis d’Amérique juste après la guerre du Vietnam et ses dégâts collatéraux initiés par le président Reggan.
    -Le renouvellement du parc automobile national donnant plus d’une dizaine de millier de transporteurs en faillite devenus d’un coup millionnaires.
    -les déguerpissements opérés au niveau des zones occupées anarchiquement choisies par l’État pour la construction d’auto-routes etc…ont aussi engendré autant de millionnaires au niveau des populations démunies.
    -Au delà le PR Wade a jugé nécessaire d’investir sur les étudiants pour assurer l’avenir de ce pays en réussissant l’exploit d’octroyer à chacun une bourse ou une aide sociale. Ce qui est une première en Afrique.
    Par contre aujourd’hui le pays s’engage dans la subversion,le mensonge et la gouvernance par slogan.Mais en réalité c’est la personne du président Macky qui est le problème fondamentale de la décadence de notre économie.Il n’est pas l’homme de la situation.Ce qu’il nous fallait,après Me WADE c’était un visionnaire.Quelqu’un qui est capable de corriger certains imparfaits du PR Wade et de poursuivre sa vision.Et pour cela,en 3 ans le président Macky en mauvais élève a montré ses limites et constitue la déception des 35% qui sont contre lui et de la moitié des 69% des populations qui avaient votées en sa faveur.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Révolution dans la Gestion des Ressources Humaines de la Santé : Le Projet Mirsas mis en place avec 22 643 agents

XALIMANEWS-Le système de santé bénéficie d'une large gamme de...

REPONSE DES CADRES DE TAXAWU SENEGAL A MONSIEUR GUY MARIUS SAGNA (par Made Code Ndiaye)

L’honorable député Guy Marius Sagna a entrepris de répondre...

Sortie de Ousmane : Les analystes politiques passent au crible son « changement de discours »

XALIMANEWS-La première sortie de Ousmane Sonko, après sa libération...