L’endettement nous a tout pris ! Quand le progrès social paye la facture du mandat à tout prix !( Par Moussa Bala Fofana)

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Ma conviction est que le développement de l’économie d’une nation est la résultante d’une société ayant consenti à des changements profonds en termes de leadership, de culte de la planification et de l’organisation du cadre, du mode et du milieu de vie. Ma vision est qu’une politique d’infrastructure doit intégrer des plans de planification territoriale qui soutiennent une stratégie d’émergence incubée depuis nos territoires. La logique de planification étatique et le dispositif de maitrise d’ouvrage doivent bonifier l’impact économique des infrastructures et en assurer le respect de la prévision budgétaire. Ainsi, sans une maitrise de l’impact financier, le recours à des ajustements de la structure budgétaire est inévitable et se fera au détriment, encore et toujours, de la politique de santé, d’éducation, du monde rural, du cadre de vie et de notre souveraineté. Lors du 1 Mai, Les représentants des syndicats ont donc goûté aux conséquences de la politique du bilan matériel : pas d’augmentation de salaire en attendant le pétrole !

En effet, premièrement, les indicateurs généraux sont aux rouges et les signes de tension étaient visibles depuis 2017 quand je faisais ma première alerte, avec le premier indicateur qui est le niveau d’endettement avec une hausse du service de la dette de 140% en 5 ans (347 milliards LF-2012 à 839 milliards LF-2018). Voilà pourquoi l’État ne peut augmenter les salaires car le service de dette a augmenté de + 500 milliards en 5 ans. Ainsi à plus de 60% du PIB, le service de la dette absorbe près de 40% des recettes. La boulimie du second mandat par des infrastructures est la seule et unique raison de l’incapacité à pouvoir financer le progrès social des sénégalais !

Voilà la preuve que les retombés de la croissance ne sont pas au rendez-vous car la croissance doit avoir un impact sur le pouvoir d’achat des consommateurs. A la place nous avons un taux de croissance de 6% sur 4 ans dopé par l’État via un endettement. Et comme nous le savons, une croissance captée par les entreprises étrangères. Depuis 5 ans, le budget de 3 000 milliards est essentiellement porté par l’emprunt qui représente près de 900 milliards sur le budget.  Comprenons bien que toute dette, justifiée ou non, se traduit par de nouveaux versements réduisant la trésorerie de l’État. Ainsi, le paiement de la dette est passé à 839,8 milliards contre (347 milliards en 2012), le personnel (633 milliards) et le fonctionnement (785 milliards) représentent 2257 milliard, soit 97% des recettes évaluées à 2 328 milliards sur un budget 2018 complété par 237 milliard de dons et 921 milliards d’emprunts.

Voilà l’enjeu et le danger de l’endettement inopportun d’un État dont l’allergie à la planification se traduit par une mauvaise maitrise du financement des projets qui plombe toute prévision budgétaire. Prenons l’exemple de L’AIBD qui passa d’une évaluation de 229 milliards à 430 milliards, soit une marge d’erreur de 87% sur le financement avec 5 ans de retard et des avenants. Avec les mêmes carences et incohérences, le projet de TER va subir les mêmes dépassements avec déjà un coût réel caché dépassant les 568 milliards annoncés.  Alors, quand on prend conscience que le portefeuille de prêt est concentré dans des infrastructures dont la marge d’erreur en termes de maitrise du coût et de maitrise d’ouvrage peut aller à 87% du coût initial, on comprend l’étendue des risques de tension de trésorerie, d’arbitrages sur des situations d’urgences et donc d’ajustements de la structure budgétaire.

Voilà pourquoi je me réclame Liberal-Social. Pour réussir le développement, la stratégie de création de richesse par des instruments financiers et la préservation du capital ne peuvent occulter la finalité du progrès social. L’émergence de notre économie, montrant ainsi la voie à l’économie africaine, ne se fera que par l’émergence du vrai type de sénégalais. Pour ce faire, il nous faut bâtir des Sénégalais entreprenants, mieux formés et mieux préparés à être des acteurs du changement, dans des cadres et des milieux de vie planifiés et stimulants. Car on ne peut pas changer le Sénégal sans changer les Sénégalais et cette transformation sociale commence avec un leadership qui incarne lui-même le changement qu’il aimerait voir s’opérer dans sa nation.

Moussa Bala Fofana 

Ancien conseiller technique du Gouvernement du Sénégal

Banquier / Développement des Entreprises au Canada Expert en Planification, Développement Territorial & Ingénierie urbaine. [email protected]

2 Commentaires

  1. Tant que la classe politique ne montre pas l exemple ,notre pays stagnera..
    Aux politiciens , les mairies…tout le reste doit être géré par des non-alignés et apoliticiens triés par appel a la candidature.
    Merci pour votre contribution

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