Les 13000 emplois promis par Dangote: une chimère (Par Amadou Sall)

Malgré nos traditions démocratiques et notre prétendu encrage dans le terrain du droit et de la loi égale pour tous, le Sénégal échappe difficilement à l’image d’un pays de cocagne.
Les signes cliniques du pouvoir corrosif et corrupteur de l’argent roi semblent avoir pris leur quartier dans de larges lieux de décisions. Le symbole de ce naufrage de l’Etat est illustré par l’affaire Dangote propriétaire de l’usine de cimenterie du même nom.

Quel est donc le secret de la force de frappe de Dangote ?

Force de frappe qui balaie tout sur son passage, qui plie toutes les volontés à son bon plaisir, qui fait prévaloir le fait du prince, le « matay » sur les lois de notre pays, qui se promène en territoire conquis précisément sur des terres dont il n’a jamais été l’attributaire authentique.
Monsieur Dangote du haut de son jet privé et qui peut être n’a même plus besoin d’autorisation de survol, n’hésite pas à traiter le Sénégal de laquais néocolonial de la France avant de se faire recevoir en audience par Macky Sall. M. Dangote a le droit d’investir où il veut mais il n’a pas toute latitude de monnayer la dignité et l’honneur des Sénégalais pour une poignée de dollars.
Dans cette affaire de l’usine Dangote, il y a beaucoup de mystification, de mensonge et d’instrumentalisation.

Des rabatteurs de l’homme d’affaire Nigérian n’hésitent pas à séduire le chaland en inondant la presse locale d’informations aussi fantaisistes les unes que les autres.

Dans ce carrousel de mensonges déversés sans vergogne, M Aramine Mbacké fait figure de champion toutes catégories confondues. C’est ainsi que dans le souci de défendre des intérêts personnels, il n’hésite pas à affirmer que l’usine Dangote va créer 12000 emplois poussant parfois la farce jusqu’à avancer le chiffre de 17 000 emplois.

La question de simple bon sens qu’il faut se poser est celle-ci. Comment se fait il que les deux cimenteries qui opèrent au Sénégal comptent au total 1400 travailleurs à raison de 700 travailleurs par cimenterie bien que produisant chacune 3 millions de tonnes de ciment par an. Alors que l’usine Dangote qui ne compte produire que 1 million de tonnes de ciment par an prétend, contre toute logique, embaucher 13 000 à 17 000 travailleurs.

A moins que les responsables de cette usine, pour réussir cette prouesse inimaginable, se mettent à recruter pour chaque poste de travail une quarantaine d’individus destinés à se relayer mécaniquement heure par heure pour le même job.

Ce chiffre de 13000 recrutés va au-delà de l’absurde. Manifestement Monsieur Aramine Mbacké doit confondre cimenterie et de champ de canne à sucre. Ce qui est grave, c’est la manipulation mentale dont sont victimes les populations de Pout embarquées dans de fausses croyances. Mais ce qui est encore plus inquiétant c’est la complaisance suspecte des autorités étatiques à l’égard du des caprices du milliardaires nigérian. Il est l’homme de tous les privilèges, de tous les passes droits, de toutes les complaisances.

Quel est le seul homme d’affairesSénégalais qui peut l’égaler sur ce terrain ? On n’en trouvera pas.
Savez-vous le code d’investissements du Nigeria est particulièrement contraignant à l’égard des investisseurs non nigérians même lorsque ceux-ci, sont des ressortissants de pays membre de la CEDEAO.

A titre illustratif, le protectionnisme nigérian est tellement exclusiviste qu’il est impossible de vendre du ciment made in Sénégal. Aucune facilité d’ordre fiscale, tarifaire etc., ne leur est consentie.
Au Sénégal, on ouvre non seulement toutes les portes quitte à fragiliser les industries locales, mais surtout, il est permis à n’importe quel aventurier de tourner les Sénégalais en bourrique.
Je ne suis pas mouride et je ne connais pas personnellement les membres de la famille de Serigne Saliou Mbacké. Mais je pense qu’ils sont profondément victimes d’un déni de justice.

Amadou Sall – Juriste, consultant