Les cracks, les redoublants et les exclus…

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Il est de tradition de tirer  un bilan pour chaque discipline sportive à la fin de chaque saison. Nous allons donc procéder à cet exercice pour ce qui concerne la lutte. En effet, ce sport a fini de supplanter, au niveau de la popularité, toutes les autres disciplines. Et ce même s’il gagnerait à lutter plus efficacement contre la violence qui le gangrène. L’argent continue de couler à flots et les lutteurs sont rémunérés à hauteur de plusieurs dizaines, voire centaines, de millions à chaque combat. Il s’y ajoute que  d’autres éléments nouveaux sont venus s’engouffrer dans l’arène. La médiatisation à outrance a transformé la lutte en un véritable phénomène de société tandis que  les voyantes ont investi le créneau. Le Témoin a décidé de revenir sur les grands moments d’une saison faste mais qui a aussi connu des ratés, ainsi que sur  les acteurs qui ont marqué cette saison qui vient de s’écouler. Dans cette première partie, nous parlons des lutteurs qui ont assuré, des valeurs montantes, de ceux qui ont stagné, et des lutteurs qui ont entamé leur descente inexorable aux enfers…

Balla Gaye, le Roi confirme son statut

La lutte s’est trouvé un nouveau Roi avec l’intronisation de Balla Gaye 2. Ce dernier a grandement confirmé son statut, suite à sa brillante victoire sur Tapha Tine. Après avoir mis fin à  l’invincibilité de Yékini, le champion de Guédiawaye a réussi à battre avec la manière et sans bavure l’enfant de Réfane au cours d’un duel mémorable. Ce combat, qui avait charrié beaucoup de passions  a permis au fils de Double Less de révéler une nouvelle facette de son immense talent. Lutteur complet et courageux, il a réussi à faire douter  Tapha Tine qui avait montré des signes de nervosité avant ce choc. Cette brillante victoire a eu pour effet de permettre à Balla Gaye de continuer à trôner au sommet de l’arène même si son seul tombeur jusque-là, Eumeu  Sène, refuse d’admettre la suprématie du nouveau champion des arènes. Le combat de revanche  tant attendu entre Eumeu Sène et Balla Gaye 2 sera donc certainement l’un des grands événements de la prochaine saison.

Eumeu Sène, la confirmation  malgré sa blessure

Le leader de l’Ecurie Tay Shinger est incontestablement sur une pente ascendante. Et ce même si son combat contre Modou Lo a capoté suite à sa blessure. Après sa confrontation héroïque contre Gris Bordeaux, Eumeu Sène a réussi l’exploit d’infliger à Lac de Guiers 2 sa première défaite. Un exploit qui le place inévitablement en très bonne posture au niveau de la hiérarchie de la lutte. Le  chroniqueur de lutte avait raison de dire que ce lutteur est comme un dollar car il fluctue en fonction des événements. Son parcours en dents de scie permet de juger de la véracité de cette assertion. Il piaffe d’impatience d’en découdre avec Balla Gaye 2, mais avant cela il lui faudra nécessairement  se débarrasser de Modou Lo. Ce choc organisé par Aziz Ndiaye est prévu pour le mois de mars 2014 à la suite de son report consécutif à la blessure d’Eumeu Sène.

Malick Niang,  la révélation et la grande confirmation

L’ancien lieutenant de Yékini a muri et pris du galon. Cette saison encore, il a réussi à sortir victorieux  de son duel contre Sa Thiès, le fils de Double Less.  Une victoire  acquise de haute lutte car Malick a su être à la hauteur et gérer au mieux ce combat qui n’était pas sans risques. Après ce succès, il a vite hérité  de Ama Baldé, fils du légendaire champion de lutte Falaye. Ce qui témoigne de son ambition  et de sa farouche volonté de continuer sa marche victorieuse. Le patron de l’Ecurie de Yoff est conscient de son potentiel et il ne compte pas brûler les étapes.

Yékini, un retour risqué

L’enfant de Bassoul rêve de retrouver les sommets de l’arène. Après treize mois de silence, suite à son premier revers concédé face à Balla Gaye 2, l’ex-« Roi » Yakhya Diop dit Yékini a enfin rompu le silence au mois de mai dernier. C’était juste pour annoncer qu’il compte revenir en force. Pour ce faire, il veut livrer deux combats chocs avant de passer le témoin aux jeunes. Pourtant, force est de dire que ce retour est risqué. Yékini a lui-même avoué qu’il trainait une blessure qui a failli le paralyser et que les jeunes loups sont avides de victoires. C’est ce challenge qui le fait rêver. Même s’il ne le dit pas, il rêve surtout de prendre sa revanche sur Balla Gaye.  Il n’a en effet toujours pas digéré sa défaite contre le « Lion » de Guédiawaye. Lequel, de toute façon, ne veut pas d’un combat contre Yékini  pour le moment.

Boy Sèye,  un retour en force

Il avait connu une entrée fulgurante dans l’arène  en 2004/2005, avant de sombrer dans l’oubli. L’ancien pensionnaire de Pikine Mbollo a eu du mal à confirmer depuis. A la tête de son école de lutte de Keur Massar, il avait aligné les défaites et semblait filer tout droit vers le purgatoire. Il  a mis fin à la série noire en fin de saison puisque, après avoir aligné cinq défaites, il a sorti le grand jeu devant Siteu,  le phénomène de Lansar, au cours de sa dernière sortie du mois dernier. Ce succès probant lui permet de scruter l’avenir avec sérénité et de prétendre affronter les ténors.

Abdou Diouf, un retour gagnant

Le géant de Guédiawaye,  Abdou Diouf, a lui aussi réussi son retour en signant une brillante victoire sur Tchéck. Le pensionnaire de l’Ecurie Walo semble avoir pris conscience de ses énormes possibilités. Après une longue introspection, il a décidé d’imprimer une nouvelle marque à sa carrière chancelante. Suite à ses défaites devant Souley Dop et  Tapha Tine, il lui était impératif de marquer son retour par une victoire. Il a réussi ce pari et cela lui permet d’éclaircir un horizon passablement assombri. Son combat contre Bombardier ayant avorté, Thieck trouve l’occasion de rebondir et de reprendre sa place de leader au sein de son écurie devant l’incurie de Lac de Guiers 2. Cependant, il ne doit pas dormir sur ses lauriers car il a un large éventail d’adversaires redoutables qui n’attendent que l’occasion pour en découdre avec lui.

Gouy Gui,  Zoss, Papa  Sow

Des champions comme Gouy Gui, Zoss et Papa Sow  ont tiré leur épingle du jeu au cours de la saison qui s’achève. Suite à son revers devant Papa Sow de Fass, Zoss a su trouver assez de ressources pour effectuer un come back victorieux devant de  redoutables adversaires. Il a su battre Boy Niang,  Gouy Gui et Tidiane Faye  en usant de ruse. Ce qui  lui ouvre de nouvelles portes. Il refuse de servir de piédestal aux jeunes loups et confirme sa réputation de bourreau des espoirs. Gouy Gui a su dompter Ness  après un combat âprement disputé. Cette victoire  a permis de découvrir un nouveau visage du fantasque protégé de Mor Faddam Il et lui offre l’opportunité de viser le niveau supérieur. Papa Sow a aussi confirmé  en réussissant à battre Baye Mandione sans trop forcer son talent. Une victoire qui vaut son pesant d’or car elle lui permet d’entrevoir l’avenir avec plus de sérénité. Dans ce lot victorieux, on peut aussi citer Youssou Ndour, Jordan, Elton, Ama Baldé et tous les jeunes  qui ont su bien gérer cette saison.

Modou Lo  restitue une pâle copie

Le champion de Rock Energie, qui a frôlé l’année blanche la saison écoulée, n’a pas réussi à éviter le repos forcé cette année. Et pour cause, son combat tant attendu contre Eumeu Sène n’a pas pu se tenir. L’année dernière, il avait réussi à battre  Gris Bordeaux aux points.

Après cette victoire peu probante, certains ne manquent pas de se poser des questions sur la réelle valeur de Modou Lo. Il est vrai que depuis un bon moment ses combats connaissent toujours des issues plus ou moins heureuses. Avec sa victoire contestée sur Baye Mandione et son nul face à Lac de Guiers 2, il a vaincu sans convaincre devant Gris. Ne va-t-il pas donner raison à ceux qui avancent que son poids constitue un handicap et qu’il ne fera jamais bonne figure devant les lourds ?

Gris Bordeaux, Tyson, Lac de Guiers 2… des VIP obligés de vivre une année blanche

Pour cette année encore, Gris Bordeaux n’a pas fait grand-chose. La saison dernière, le  « troisième Tigre de Fass » avait connu une défaite lourde de conséquences face à Modou Lo. Gris Bordeaux, qui n’a pas réussi à faire l’unanimité à Fass, est obligé de se remettre en cause. Depuis son « intronisation » comme   successeur de Moustapha Guèye, il  tarde à confirmer son indéniable talent. L’héritage semble trop lourd pour ses épaules et il n’a pas su bien manœuvrer en se mettant à dos, à un moment donné, Tapha Guèye et Moussa Gning. Il lui faut beaucoup de ressources pour rebondir car, sur ses cinq dernières sorties, il a concédé quatre défaites pour une seule victoire. Ce qui est peu reluisant pour quelqu’un qui aspire à bousculer la hiérarchie de l’arène. Son combat contre le vieillissant Tyson est agité et il lui faut redoubler d’efforts pour mériter son statut de VIP.

Tyson et Lac 2 au creux de la vague. Tous les deux ont connu une année blanche et vivent des moments difficiles. Ils ont aussi été battus au cours de leurs dernières sorties. Le champion de Kaolack continue d’aligner les revers. Sa dernière sortie face à Balla Gaye a fait ressortir de grosses lacunes et confirmé une réelle perte de repères. Mais le théoricien  du « sport business » continue d’avoir la cote et il est courtisé par les promoteurs Aziz Ndiaye et Gaston qui se livrent une guerre sans merci pour avoir le privilège de le faire signer.

Baye Mandione, Tcheck,  Rock Mbalakh,  Bathie Seras… les grandes déceptions

Ces trois lutteurs n’ont pas réussi à gagner leurs combats de la saison écoulée. Cependant, c’est la manière avec laquelle ils ont perdu face à leurs adversaires qui a surpris les amateurs. Baye Mandione et Tcheck  ont tout simplement été  corrigés par Papa Sow et Abdou Diouf respectivement. Rock Mbalakh a complètement raté son retour. Il n’a été que l’ombre de lui-même face à un Issa Pouye pourtant terne. Quant à Bathie Seras, il a subi la loi de Modou Anta, le champion de Thiès, qui l’a facilement battu. Une défaite qui va grandement contribuer à l’envoyer au purgatoire pour un bon moment.

LE TEMOIN/ SENEPLUS.COM

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