Les egos meurtriers par Vieux Savane

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Un communiqué signé par le chef d’état-major des armées du Burkina Faso, Nabéré Honoré Traoré, a annoncé hier jeudi, la mise en place d’un gouvernement de transition avec l’objectif d’un retour à l’ordre constitutionnel « dans un délai de douze mois ». Même s’il n’en précise pas les contours, il consacre toutefois la prise du pouvoir par l’armée après une journée marquée par de violentes manifestations organisées par les populations insurgées de Ouagadougou et des villes de l’intérieur.

L’Assemblée nationale qui s’apprêtait à examiner le projet de révision de l’article 37 de la Constitution qui limite à deux les quinquennats présidentiels, afin de permettre au Président Blaise Compaoré de se représenter en 2015, à la fin de son dernier et second mandat, venait d’être incendiée.

Le pouvoir burkinabé a donc basculé suite à l’aveuglement d’un homme qui, après 27 ans passés au sommet de l’Etat, n’a pas su ou voulu comprendre que les temps ont changé. En dépit de l’importante mobilisation de mardi venue rappeler la vague de mutineries et de grandes manifestations qui ont eu lieu en 2011, comme enfermé dans un autisme dévastateur, il s’est voulu adepte de l’adage selon lequel les chiens aboient et la caravane passe. Même s’il dit avoir compris le message adressé par les manifestants, force est de reconnaître que le Président Blaise Compaoré a fait montre d’un aveuglement extraordinaire face à une réalité en mouvement, et qui se traduit un peu partout en Afrique par l’émergence de sociétés civiles fortes décidées à prendre leur destin en main et à écrire leur propre histoire. Celle qui va au-delà des élections et qui pose l’exigence de transparence, de reddition des comptes et d’alternance démocratique.

Une nouvelle aube se lève en Afrique et il faut être complètement à côté de ses pompes pour croire qu’il est possible de manipuler les gens tout le temps, à sa guise. Blaise aura finalement compris, au terme d’un entêtement suicidaire, comment cela pouvait insupporter. Il est, en effet, un moment où les peuples n’en peuvent plus de supporter les prétentions mégalomaniaques et les egos meurtriers de leurs dirigeants, décident de s’en débarrasser et de sonner la révolte rédemptrice. Le tout maintenant est de pas se faire voler cette victoire en veillant à parachever le mouvement amorcé et à asseoir des institutions fortes animées par des hommes et des femmes portés par le sens de l’Etat et du service public. Pour tout cela, Blaise doit « dégager ».

Après le Sénégal qui a dit non à la manipulation de sa Constitution et le Burkina Faso qui s’inscrit dans ce sillage, il est plus que temps pour les chefs d’Etat africains de comprendre que le monde a changé. En l’occurrence ceux qui, comme au Congo Brazzaville, au Burundi, en République démocratique du Congo et au Bénin, sont suspectés de vouloir se livrer à des tripatouillages constitutionnels, pour se maintenir au pouvoir. Encore faudrait-il qu’ils sachent que ce sera à leurs risques et périls.

sudonline.sn

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