Les grands absents de notre panthéon national

Date:

13 Août 1969- 13 Août 2016 ; voilà 47 ans que le Président Ibrahima Seydou Ndaw, parrain des plus grands leaders politiques de sa génération nous a quittés en nous noyant dans une profonde affliction et une incertitude absolue.

Fondateur et Président du Syndicat des Commerçants du SINE-SALOUM, Agent d’Affaires agrée près le Tribunal de première instance de KAOLACK, cet autodidacte qui s’est révélé un éminent juriste tout au long de sa carrière, a été le premier adjoint au maire de KAOLACK pendant la colonisation avant de devenir son premier maire après l’indépendance.

Ancien Président de la Commission permanente du Conseil Général sous la Présidence du Président Lamine GUEYE, il a fondé en 1948, le Bloc Démocratique Sénégalais (BDS) et a été ainsi à l’origine de toute la fortune politique du Président SENGHOR et de leurs compagnons après avoir contribué, de la manière la plus décisive, à l’avènement du Président Lamine GUEYE à la tête du Conseil Général du Sénégal en 1945.

Premier Président de l’Assemblée Territoriale constituante, et Législative du Sénégal, il a présidé, à ce titre la formation et l’installation du premier gouvernement du Sénégal sous la Loi-Cadre avant de disparaitre avec les fonctions de premier Président Honoraire de l’Assemblée Nationale du Sénégal.

Homme politique d’une dimension exceptionnelle, il a été, pour l’ensemble de le classe politique de son temps, une véritable Université péripatéticienne. D’un abord très facile, il a été un Président pas comme les autres. Il était si proche de son peuple que celui-ci, pour le rencontrer, n’avait nullement besoin de recourir à un intermédiaire, encore moins à une demande d’audience.

Aussi dans ses innombrables audiences, il privilégiait le citoyen aussi modeste soit-il par rapport même à l’Administrateur de colonie et autres agents de l’administration coloniale, comme a eu à le témoigner le Président Ousmane CAMARA dans son dernier ouvrage.

La politique de proximité qu’il a initiée au Sénégal lui avait permis de faire visiter tous les coins et recoins du pays par le Président Mamadou DIA et d’y implanter le (BDS). Cette stratégie dont il avait seul le secret s’était révélée d’autant plus efficace que le Président Abdoulaye WADE n’a pas manqué de s’en inspirer pour assoir le (PDS).

Plus tard, par ignorance, il a attribué cette trouvaille à son parrain et père fondateur de son parti, Léopold S. SENGHOR à l’occasion de l’hommage qu’il lui a rendu à ses funérailles. Le Président Macky SALL, à son tour, lui a emboité le pas avec le succès que l’on sait. Tous devraient, aujourd’hui, témoigner de leur reconnaissance au Président Ibrahima Seydou NDAW qui leur a balisé le chemin du pouvoir comme le dit le vieil adage : « Chaque jour l’on se régale de poisson dont on ne connait pas le pécheur ».

Avec le président Roosevelt, le Président Ibrahima Seydou NDAW a été le seul homme d’Etat à avoir gouverné son pays avec succès à partir d’une chaise longue et d’un fauteuil roulant.

Le 22 Mars 1948, le Président Ibrahima Seydou NDAW avait quitté Saint-Louis pour se rendre à Dakar en mission commandée en sa qualité de Président de la Commission permanente du Conseil Général, en compagnie d’un de ses meilleurs amis le Président Léon Boissier PALUN et de leur chauffeur Mr. Ben JALLUNE. Ainsi il a été victime d’un accident à la hauteur de ALOUP KAAGN. Des graves blessures reçues à cette occasion, il est resté paralysé à vie de tous ses membres.

Ce qui ne l’a pas empêché, une fois à la tête de l’Assemblée territoriale du Sénégal de gouverner le pays de la manière la plus admirable comme en témoigne cette grande figure emblématique Mohamed Fadel KANE ancien Directeur du bureau des affaires Domaniales que nous citons dans l’hommage qu’il lui a rendu à sa disparition :

« C’est l’un des plus grands hommes politiques que le Sénégal compte depuis plusieurs générations. Je dirais même : c’est le plus grand, compte tenu des conditions physiques dans lesquelles il a joué son rôle, lequel s’est distingué par la totale efficacité. Il dominait tout le monde de son autorité.

Ne fut-il pas le sage et le courageux Conseiller de notre jeune autonomie ? Qui ne connait pas l’efficience et l’efficacité de son action ? Qui ne connais le dynamisme et l’intense activité de cet infirme qui solutionnait sur son lit pliant toutes les questions et répondait utilement à toutes les correspondances ? » En dépit de sa paralysie générale, l’homme ne s’est jamais considéré handicapé, estimant que tout handicape qui n’affecte pas le cerveau n’en est pas un. Cet exemple héroïque face à une épreuve aussi douloureuse mérite d’être connu et reconnu de tous, particulièrement des handicapés qui devraient s’en inspirer.

Rendons encore grâce à Dieu et aux hommes de valeur exceptionnelle qui l’on soutenu dans l’accomplissement de sa mission au service exclusif de son pays. Parmi ceux-là, nous ne pouvons ne pas citer les Présidents Mamadou DIA, Léon Boissier PALLUN, Andres GUILLABERT ainsi que Amadou Arona SY, Alioune Badara MBENGUE, Ibrahima SARR, Ousmane Alioune SYLLA, Ousmane NGOM de Thiès, Mbaye Diagne DEGAYE et tant d’autres encore.

Rendons particulièrement hommage à Amadou Arona SY et à Alioune Badara MBENGUE, tous deux responsables de la communication du (BDS) à travers son journal : « Condition Humaine ».

Ils ont efficacement contribué à la construction de ce parti. Amadou Arona SY était connu pour sa plume d’or sensationnelle tant appréciée voir même admirée de SENGHOR et de tous ceux qui ont eu le privilège de le lire. Quand à Alioune Badara MBENGUE, ses grandes qualités intellectuelles et ses hautes valeurs morales connues de tous lui ont valu le titre élogieux de meilleur Ministre de la justice que le Sénégal ait connu.

Tous les deux ont eu le mérite de figurer parmi les plus proches collaborateurs du Président Ibrahima Seydou NDAW. Tout comme ceux cités plus haut, ils se sont sacrifiés lourdement pour un meilleur devenir du Sénégal. Nous ne saurions jamais assez manifester toute notre reconnaissance à ces pionniers du (BDS) compte tenu des conditions particulièrement difficiles dans lesquelles ils se sont acquittés de leurs taches.

Ce grand parti de masse a eu entre autres mérites celui d’avoir réalisé la première et seule véritable alternance politique au Sénégal et à avoir conduit notre pays à la souveraineté internationale, dont l’acte a été signé de son premier Secrétaire Général, le Président Mamadou DIA. L’on sait que s’il n’avait pas été dévié de sa trajectoire initiale après le coup d’Etat du 17 Décembre 1962, ce parti serait resté encore, aujourd’hui au pouvoir.

Malheureusement tous ceux qui ont fait les beaux jours de ce parti politique, unique dans l’histoire de notre pays, sont aujourd’hui tombés dans l’oubli le plus total. Comme si l’abstrait devait l’emporter sur le concret, à la place de ces grands hommes ont été célébrés de simples théoriciens pour ce qu’ils ont dit ou écrit. Dans cette triste dynamique, mêmes des arbres et des animaux ont été pris en compte.

Tous ces grands patriotes étaient animés d’une réelle volonté inébranlable et pétris d’un nationalisme sans faille pour sortir le Sénégal de l’ornière en conférant une place de choix à la reconversion des mentalités sans laquelle toute entreprise est vouée à l’échec.

A la place de ces véritables héros ont été célébrés d’autres qui se sont toujours employés à pervertir nos valeurs morales allant jusqu’à s’engager, de manière solennelle à œuvrer pour faire de la majorité de notre peuple de mauvais musulmans à défaut de les convertir à autre chose. Malgré tous les sacrifices qu’ils ont endurés, ces modèles de la société sénégalaise sont toujours interdits d’accès au Panthéon National.

Malgré tout, nous demeurons optimistes, persuadés que même si la présente alternance venait par malheur à échouer comme les précédentes, un choix plus méticuleux de la prochaine permettrait de réparer, dans une véritable rupture, toutes ces injustices que nous subissons. Ainsi, toutes nos icones retrouveraient leurs places au sein de nos plus prestigieux édifices publiques.

En attendant, nous devons tous ensemble avec ce que le pays compte de vrais patriotes, travailler à la reconversion des mentalités avant qu’il ne soit trop tard. Car à en juger par le comportement d’une grande partie de nos populations et de certains de nos dirigeants, ce souhait satanique exprimé de voir nos valeurs morales et spirituelles s’effondrer, risque de se réaliser à notre grand détriment.

EnQuête

4 Commentaires

  1. Plusieurs questions…

    1. Celui qui a écrit cet article connaît-il la signification du mot PÉRIPATÉTICIENNE ? J’ai des doutes…

    2. A qui appartient ce torchon nommé « l’Enquete » ? Il doit certainement avoir une rancune sourde contre Président Abdoulaye Wade… Utiliser l’expression « par ignorance » en direction de Wade, ce ne peut être la basse œuvre que d’un ignare rancunier et sournois….

    Poubelle !

    • Je partage votre indignation exprimée dans votre question n°2. En effet, si « Chaque jour l’on se régale de poisson dont on ne connait pas le pécheur », peut-on pour autant prétendre qu’Ibrahima Seydou NDAW (en dépit de ses immenses qualités) fut le seul « pêcheur politique » du Sénégal ?
      Au fond, tout ce qui est excessif devient dérisoire. C’est ce que m’inspire cet article-témoignage un peu surfait.

      Pour votre question n°1, l’auteur voulait sans doute faire allusion à l’école péripatéticienne créée par Aristote au Lycée d’Athènes. Ce qualificatif (péripatéticienne) provient étymologiquement du grec « peripatetikós », signifiant qui « aime se promener ». En effet, Aristote enseignait en marchant avec ses élèves. Cette signification a évolué avec le temps pour désigner vulgairement aujourd’hui « prostituée ».

    • Je partage votre indignation exprimée dans votre question n°2. En effet, si « chaque jour, l’on se régale de poisson dont on ne connait pas le [pêcheur] », peut-on pour autant prétendre qu’Ibrahima Seydou NDAW (en dépit de ses immenses qualités) fut le seul « pêcheur politique » du Sénégal ?
      Au fond, tout ce qui est excessif devient dérisoire. C’est ce que m’inspire cet article-témoignage un peu surfait.

      Pour votre question n°1, l’auteur voulait sans doute faire allusion à l’école péripatéticienne créée par Aristote au Lycée d’Athènes. Ce qualificatif (péripatéticienne) provient étymologiquement du grec « peripatetikós », signifiant qui « aime se promener ». En effet, Aristote enseignait en marchant avec ses élèves. Cette signification a évolué avec le temps pour désigner vulgairement aujourd’hui « prostituée ».

  2. ces gens (ibrahima seydou Ndao, patati patata) que tu designes comme notre pantheon sont ceux qui ont vendu la senegal a la France. Un colonialisme qui fleurit aujourdhui encore. Notre Pantheon ce n’est pas tous ces clowns: ses heros sont Cheikh omar, lat Dior, Cheikh Anta, Maba, Aline sitoe, Mamadou Lamine, Cjeikh Bamba, Cheikh Tidiane…bref ceux qui refuserent de s e plier. Notre mentalite et nos complexes du blanc nous feront toujours prendre des vessies pour des lanternes.

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