Les hommes du protocole de Rebeuss

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En plus des ‘’acteurs clés’’ tel Me Abdoulaye, il y a des ‘’acteurs secondaires’’, à l’instar de l’ancien ministre de l’Energie Samuel Sarr et encore Birahime Seck, du Forum Civil.

Une affaire de gros sous. Au total, la bagatelle de 74 milliards F Cfa, dixit Samuel Sarr et non 21 milliards, comme on l’a longtemps cru. Et surtout, comme l’ont martelé des acteurs principaux de cette affaire. En l’occurrence, Me Ousmane Sèye et le colonel Malick Cissé. Aujourd’hui que le procureur de la République s’est résolu à élucider cette affaire, EnQuête fait un focus sur les acteurs de cette affaire de ‘’grands bandits’’, selon le mot d’Idrissa Seck. En plus des ‘’acteurs clés’’ tel Me Abdoulaye, il y a des ‘’acteurs secondaires’’, à l’instar de l’ancien ministre de l’Energie Samuel Sarr et encore Birahime Seck, du Forum Civil.

ME ABDOULAYE WADE

La constante

Acteur principal de ce qu’il est convenu d’appeler le ‘’protocole de Rebeuss’’, Me Abdoulaye Wade est comme toujours une constante. Dans cette affaire, tout part de lui. La preuve par cette conversation avec Me Nafissatou Diop Cissé rapportée par Le Quotidien.

‘’Les enquêtes ont révélé que vous êtes la notaire de Idrissa Seck. J’ai un message pour lui. Il faudrait bien qu’il comprenne que si je le laissais avec ces gens-là, ce serait très grave. Ils lui ont déjà préparé Kédougou. Je sais qu’il a de l’argent. Il m’avait dit lui-même qu’il pouvait financer la campagne électorale de 2007. Alors il n’a qu’à le faire et toi tu t’en portes garante.’’

Ainsi, dans cette affaire très grave, tout découle de la volonté farouche de l’ex-chef d’Etat de recouvrer l’argent qu’on lui a pris. Au cours de la même discussion, Me Abdoulaye Wade lance à la notaire : ‘’Tu es son amie. Tu pourras lui parler. Il a dû t’apprendre à enregistrer les conversations. Tu peux m’enregistrer si tu veux. Je ne comprends pas ce que je lui ai fait. Je lui ai tout donné : le parti, le pouvoir, l’argent. Il est mon fils. Je lui ai même dit que de tous ceux qui sont susceptibles de me remplacer, c’est lui le moins mauvais. Pourquoi m’a-t-il enregistré ?’’

Alors, pour que la vérité triomphe dans cette affaire, la parole du ‘’sage’’ Me Abdoulaye Wade doit être écoutée.

IDRISSA SECK

Le personnage principal

Si Wade devait être le scénariste de ce feuilleton dénommé protocole de Rebeuss, Idrissa Seck en serait le personnage principal. Son nom et sa carrière politique sont définitivement liés à ce dossier politico-judiciaire. Ou alors une histoire de ‘’butin’’ à partager.

Le conflit remonte à 2004 avec l’affaire dite ‘’des chantiers de Thiès’’. Alors maire de la capitale du Rail et Premier ministre, Idy était chargé de conduire les travaux de rénovation de la ville devant abriter la célébration de la fête de l’indépendance. Certains marchés sont gagnés par l’entreprise de Btp, Jean Lefèvre Sénégal, propriété de Bara Tall.

Mais avant même les festivités, une brouille politique survient entre le Président Abdoulaye Wade et son dauphin Idrissa Seck. Sa mise en accusation sera accueillie par des ovations à l’Assemblée nationale par des députés revanchards. Il est poursuivi pour détournement de deniers publics. Quant à l’entrepreneur Bara Tall, il est accusé de surfacturation.

Le Sénégal découvre ‘’Mara’’, un homme qui puise dans le Coran pour se justifier et diaboliser ses adversaires. Son père politique Abdoulaye Wade sera même qualifié d’ancien spermatozoïde et de futur cadavre dans un cd explosif. Mais en réalité, le problème qui l’opposait à Me Wade portait sur d’autres espèces : les fonds politiques. Les témoignages des différents protagonistes révèlent qu’il a subtilisé à Wade une somme importante.

Mais les chiffres varient d’une source à l’autre. 12 milliards, 21 milliards, 74 milliards, sans qu’on ne sache exactement à combien s’élève le butin. L’actuel président du Conseil départemental de Thiès sera arrêté le 15 juillet 2005.

Quatre mois après, commence alors de longues tractations politiques pour sa libération. En novembre 2006, Idy donne sa version du protocole. ‘’Je ne veux pas de liberté provisoire. Je ne demanderai rien. Si je ne peux pas sortir d’ici la tête haute, l’honneur intact, seule condition de pouvoir poursuivre ma carrière politique, je préfère que cette cellule soit ma tombe’’, dit-il à sa sortie de prison suite à un non-lieu.

Aujourd’hui, il nie l’existence d’une quelconque entente. ‘’Je réaffirme comme je l’ai toujours fait, que je n’ai jamais signé un quelconque protocole’’, a-t-il soutenu récemment. Il propose même un jury d’honneur. Le procureur risque de lui offrir l’occasion de se laver au prétoire. Sauf si l’élan de ce dernier n’est pas brisé par le pouvoir. Le report des auditions n’est pas de nature à rassurer.

COLONEL MALICK CISSÉ

L’homme de l’ombre

Le procureur de la République devait commencer hier les auditions concernant ce ‘’protocole de Rebeuss’’. Il est clair que le Procureur Serigne Bassirou Guèye ne devrait pas se passer des lumières du colonel Malick Cissé pour éclairer les zones d’ombre de cette affaire. Justement, il a toujours été considéré comme ‘’l’homme de l’ombre’’ de l’ancien président de la République Me Abdoulaye Wade, qui détient des ‘’secrets’’ à propos de cet imbroglio politico-judiciaire.

Le Colonel Cissé dit lui-même avoir été témoin des négociations qui ont lieu au palais de la République, plus précisément dans l’antichambre du bureau présidentiel, entre Abdoulaye Wade, Me Nafissatou Diop Cissé, la ‘’notaire de Idrissa Seck’’ et l’avocat de l’Etat Me Oumane Sèye. Récemment, dans une sortie dans un quotidien, celui qui a côtoyé les présidents Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade témoigne que tout a commencé, ‘’une soirée du 22 décembre 2005 à 22 heures’’.

Le Colonel Malick Cissé, à qui Me Abdoulaye Wade confiait de nombreuses missions pendant qu’il était à la tête du pays, confirme que dans cette affaire qu’on peut qualifier de ‘’protocole, d’un engagement, d’un traité ou d’un deal’’, c’est selon, Idrissa Seck avait bien pris l’engagement de rembourser à Me Abdoulaye Wade 21 milliards de F Cfa en 3 tranches de 7 milliards de F Cfa.

C’est encore le Colonel Malick Cissé, ancien Commandant en service à la Protection civile, qui était au centre du rapprochement entre Idrissa Seck et Abdoulaye Wade, à la veille de la présidentielle de 2007. Dans l’émission Face-à-Face sur la tfm, le Colonel Cissé révèle qu’il était le porteur de valise de Me Abdoulaye. Mais précision : surtout les valises qui entraient au palais de la République. Une fois, il a été porteur d’une valise de Me Wade qui sortait du Palais.

Mais le destinataire du fameux ‘’colis’’ n’était autre qu’Idrissa Seck. C’était après les retrouvailles entre le ‘’père’’ et le ‘’fils’’, à la veille de l’élection présidentielle de 2007. Évidemment, les liasses qui étaient contenues dans cette valise ont permis à l’actuel président du parti Rewmi de financer sa campagne à cette même élection.

La deuxième valise que le Colonel Cissé a sortie de la présidence de la République était destinée à une manifestation religieuse. L’homme, qui a promis de revenir en détails sur cette affaire, ne devrait pas se faire prier pour tout déballer devant le Procureur Serigne Bassirou Guèye.

ME NAFISSATOU DIOP CISSE

L’ex-alliée

Son nom ne figure pas encore sur la liste des personnalités convoquées par la Sûreté urbaine, dans le cadre de cette affaire. Mais, nul doute que Me Nafissatou Diop Cissé aura à répondre devant les autorités policières en charge de cette affaire. D’ores et déjà, l’ancienne alliée de Idrissa Seck se dit satisfaite de l’auto-saisine du Procureur Bassirou Guèye dans l’affaire du ‘’Protocole de Rebeuss’’ et promet de mettre sur la table de ce dernier tous les détails relatifs à cette affaire.

‘’Il est temps que les Sénégalais sachent réellement ce qui s’est passé dans cette affaire’’, confie-t-elle dans un entretien accordé à un quotidien. Notaire de Idrissa Seck, à l’époque, Me Diop Cissé récuse aujourd’hui ce ‘’fameux protocole’’ dans lequel son nom est cité, mais reconnaît toutefois l’existence d’un ‘’accord ‘’entre le président Wade et son ancien Premier ministre.

Pour l’actuelle collaboratrice du Président Macky Sall, on cherche à salir son honorabilité à travers cette histoire. ‘’Idrissa Seck m’accuse d’avoir failli, alors que tous les actes que j’ai eu à poser dans ce cadre, je l’ai fait en tant que son mandataire’’, dénonce-t-elle.

De son compagnonnage avec le Président du Conseil départemental de Thiès, les regrets pèsent plus sur la balance. ‘’J’ai beaucoup de regrets, car je suis en face d’un homme ingrat. (…) Je dirai toute la vérité et rien que la vérité. Je n’ai rien à cacher. J’ai eu à traverser beaucoup d’épreuves. Je ne reculerai pas’’, promet-elle.

SAMUEL SARR (PDS)

La langue de vipère

Il doit ouvrir le bal des auditions relatives à l’affaire du ‘’Protocole de Rebeuss’’. Dernièrement, l’ancien ministre de l’Énergie s’est distingué par des sorties incendiaires, depuis que le ‘’protocole de Rebeuss’’ a été remis au goût du jour par Me Ousmane Sèye, lors d’une émission il y a quelques jours.

Samuel Sarr n’y est pas allé de main morte face à Idrissa Seck et son parti. Il a enfoncé l’ancien Premier ministre de Me Abdoulaye Wade, en l’accusant d’avoir détourné 74 milliards de F Cfa. Il affirme que le patron de Rewmi a dérobé à Abdoulaye Wade des fonds politiques destinés aux Sénégalais.

‘’Il est un voleur et un blanchisseur’’, accuse l’ancien ministre libéral. Sûr de ses déclarations, Samuel Sarr de poursuivre : ‘’Nous avons toutes les preuves de ses opérations de blanchiment…Idrissa Seck a braqué le Sénégal et Wade comme on braque une banque’’.

Des assertions qui ont certainement conduit le procureur de la République à s’autosaisir du dossier et à promettre de convoquer toutes les personnes impliquées dans cette affaire pour les entendre. Mais le rendez-vous de Samuel Sarr hier à la Sûreté urbaine a été renvoyé à une date ultérieure.

Et pour d’aucuns, le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye a reçu instruction de mettre en veilleuse ce dossier. A son tour, le patron de la Sûreté urbaine, El Hadj Cheikh Dramé, a reçu l’ordre d’arrêter les auditions qui étaient prévus hier à partir de 15 heures.

Né le 23 novembre 1965 dans la capitale gambienne (Banjul), Samuel Amète Abdoulaye Sarr, à l’état-civil, est un fervent défenseur de Me Abdoulaye Wade. Et ce dernier le lui rend bien, car il l’a maintes fois défendu face à ses ‘’frères’ ’de parti qui ont, à plusieurs reprises, souhaité son départ du gouvernement libéral, à cause de la crise énergétique de 2009. Dépeint comme un enfant terrible et débrouillard, Samuel est issu d’un mariage interconfessionnel avec un père musulman et une mère protestante de nationalité gambienne. Ce qui explique sans doute ses prénoms…

BIRAHIME SECK (FORUM CIVIL)

Le défenseur

A la suite de Samuel Sarr, Birahime Seck était attendu à la Sûreté urbaine hier après-midi. Ainsi, le membre du Forum civil s’est également imprégné du dossier, même s’il précise qu’on ne lui a pas défini le mobile de sa convocation. Contrairement à Samuel Sarr, Birahime Seck n’a pas porté d’accusations. Il a plutôt dénoncé l’inertie de la justice dans cette affaire.

Mais le défenseur de la ‘’transparence’’ a vu sa convocation renvoyée sans précision. ‘’N’ayant vu aucun agent de police jusqu’à 07h 44mn, j’ai appelé le lieutenant pour lui signifier que je n’ai pas encore vu son « élément » et qu’il y a un autre devoir que je dois honorer au Conseil Économique Social et Environnemental. Sur un ton très amical, il m’a informé qu’il a reçu instruction de renvoyer la rencontre’’, fait savoir M. Seck sur sa page Facebook.

Cependant, il reste déterminé à répondre à la Sûreté urbaine afin d’élucider cette affaire. Pour Birahime Seck, la formation reçue au Forum civil ne lui permet pas de se dérober devant des questions liées à la transparence. Le Conseiller économique est également toujours disposé à faire des propositions allant dans le sens d’améliorer la bonne gouvernance.

‘’Nous poursuivons toujours le combat avec la même conviction, la même détermination et les même principes qui poussent le Forum civil à défendre les deniers publics et à dénoncer toute sorte de malversations’’, déclare Me Seck.

ME OUSMANE SEYE

Le nouvel allié de Macky Sall

Février 2006, juillet 2016. Plus de 10 ans après, le ‘’Protocole de Rebeuss’’ a été exhumé. Le dossier qui avait connu un non-lieu vient d’être rouvert par le Procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye. Me Ousmane Sèye, mandataire du président de la République d’alors, fut l’un des principaux acteurs de cette affaire. Récemment, l’avocat a confirmé l’existence d’un document signé par l’ancien Premier ministre Idrissa Seck en contrepartie de sa libération de prison en 2016.

Alors que le terme même de ‘’protocole’’ fait débat dans cette affaire. Selon ses dires, l’actuel président du Conseil départemental de Thiès s’était engagé à rembourser à l’Etat du Sénégal 21 milliards de F Cfa, afin d’être élargi de prison.

Ancien responsable du Parti démocratique Sénégalais (PDS), l’avocat à la Cour a joué le rôle d’émissaire dans les négociations qui ont conduit entre 2005 et 2006 à la libération d’Idrissa Seck. ‘’Il y avait 21 milliards en tout. Maintenant, je ne sais pas si monsieur Seck a respecté son engagement concernant cet argent. Car je n’ai pas été mandaté pour recouvrer l’argent’’, dit-il.

Ex-leader du mouvement citoyen Alliance Bleue, proche à l’époque de l’ancien régime, Me Ousmane Sèye fut l’un des principaux souteneurs de la candidature d’Abdoulaye Wade, en 2012, en tant que président sortant. Mais quelques mois plus tard, après la chute du régime libéral, l’avocat a claqué la porte pour créer sa propre formation politique, le Mouvement pour la République.

Cette décision de l’ancien homme de confiance de Me Wade faisait suite au refus de ce dernier de céder son poste de secrétaire général à un autre frère du parti. Aujourd’hui, il coordonne la Coalition pour l’émergence/Taxawu Sénégal, créée quelques jours avant le dernier référendum pour soutenir le président de la République. Le nouveau proche de Macky Sall a dirigé d’ailleurs, lors de ces consultations populaires, le comité électoral de Grand-Yoff pour le compte de l’Alliance pour la République.

EnQuête

1 COMMENTAIRE

  1. Il faut arrêter ces mensonges consernant Birahim Seck . Il était convoqué sur l’affaire petrotim et les 22 milliards sur les puits de pétrole de kayar et autre….. . C’est très grave ce qui se passe dans ce Pays .
    Ibrahim Seck n’a rien à faire sur ce ( mensonge de reubeuss ) .

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