Les politiciens, le mal du Sénégal par Dr Fode Sarr

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Les dernières statistiques de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie ont fait couler beaucoup d’encre. Elles montrent que l’économie du Sénégal va relativement bien. Le gouvernement du Sénégal a repris le contrôle des dépenses publiques. Ces dépenses augmentent toujours surtout à cause du Plan Sénégal Émergent, mais à un rythme plus lent et plus soutenable à moyen et long terme.

Le président Macky Sall a hérité d’un pays en quasi-faillite financièrement en 2012. Le déficit public avoisinait les 7% du PIB. Il fallait impérativement le réduire pour avoir des marges de manœuvres indispensables à la mise en œuvre du PSE et de son financement par endettement. Le nouveau gouvernement dirigé par Abdoul M’baye a fait un excellent travail en ayant une autre vision de la gestion des finances publiques et de la relance de l’économie. Ils ont réussi en deux ans à réduire le déficit public à 4,7% du PIB en mettant en place une politique de réduction des dépenses de fonctionnement et la réduction de certaines agences créées uniquement dans le but de satisfaire une clientèle politique. L’assainissement des finances publiques devrait entrainer une baisse du ratio d’endettement à moyen et long terme. Les recettes fiscales n’étant pas suffisamment élevées pour couvrir les dépenses, il fallait soit réduire les dépenses ou augmenter les impôts. Le gouvernement a choisi la première option puisqu’avec un taux de croissance de 1.8% en 2011, il serait inapproprié d’augmenter la taxation. Une hausse d’impôt ralentirait davantage l’activité économique déjà morose. Un fardeau fiscal élevé entraîne un développement économique moins important.  C’était un choix judicieux et très responsable de faire des économies de dépenses sans atteindre nécessairement l’équilibre budgétaire. Les dépenses publiques représentent environ 30 % du PIB en 2014, soit environ le même niveau qu’en 2011.

La croissance économique au mois de novembre 2015 est de 6,4% selon les statistiques de l’ANSD. Elle est plus élevée que prévu, probablement parce que les exportations ont généré autant de revenus qu’anticipé (+10,8%), aussi parce que la mise en œuvre des premiers investissements du PSE ont stimulé l’activité économique. D’après le dernier rapport du FMI,  l’activité économique a été renforcée au cours de la première moitié de 2015, en raison de la bonne performance globale dans l’industrie et les services. Ces évolutions reflètent, principalement, la mise en œuvre initiale du Plan Sénégal émergent (PSE), le commerce renforcé avec le Mali, et la baisse des cours du pétrole. La restructuration du secteur de l’énergie en cours avec les centrales nouvelles et plus efficaces, qui devraient entrer en production en 2016, devrait améliorer l’approvisionnement et pourrait réduire le coût de l’électricité. Avec les investissements réalisés dans le secteur agricole, l’agriculture devrait faire mieux que prévu. Les perspectives de croissance économique plus élevées sont fortes d’après le FMI.

Le rapport du FMI et les publications de l’ANSD montrent  que les pessimistes, ceux qui exploitent mal les statistiques, sont toujours prompts à proclamer que l’économie du Sénégal va très mal, se trompent royalement sur les perspectives économiques du Sénégal. Ce rapport est passé inaperçu chez nos politiciens comme par hasard. Il risque de  nuire à la vision pessimiste de certains d’entre eux, toujours les mêmes, qui ne se gênent pas de donner des conclusions simplistes et des solutions sommaires et superficielles. Ces politiciens véreux ne se gênent d’ailleurs pas à vouloir jeter le discrédit sur les propos d’experts sénégalais reconnus dans les hautes sphères de l’économie, du droit et de la science politique s’ils ne partagent pas leur négativisme. Même les hommes politiques qui ne sont pas dans leur mouvance, qui font un bon travail et qui ont un parcours politique respectable, sont méprisés par ces petits égos qui croient tout savoir et mieux que quiconque. Les gens biens informés ne se laisseront pas berner par cet excès de pessimisme de certains opposants, nourri de préjugés, de haine et aveuglé par une mentalité de politiciens primaires, clairement dépassée.

Tout porte à croire qu’ils ne souhaitent que du mal au pays qu’ils prétendent aimer et dont ils se sont servis pour s’enrichir honteusement. Comment pouvons-nous progresser si on ne se souhaite que du mal, si on ne laisse pas au gouvernement la possibilité de mettre en place le programme économique pour lequel il a été élu? L’échec perpétuel qu’on souhaite à nos gouvernants à longueur de journée ne nous avance en rien. Il noircit nos cœurs et nous détruit sous toutes les formes. Les différents agissements de ces politiciens qui, à un moment donné de l’histoire, ont eu à exercer les plus hautes fonctions de ce pays; soit en tant que Maire, député, Ministre, Premier ministre ou président de conseil régional demeurent individualistes. Ils ne peuvent avec certitudes nous donner le nombre d’emplois qu’ils ont eu à créer directement ou indirectement, les financements mobilisés pour améliorer le sort des populations locales ou à justifier l’immensité de leur richesse financière. Pour eux le développement économique repose sur les choix et les orientations de l’administration centrale. A quoi servent dans ce cas leurs mandats s’ils ne peuvent rien faire pour les populations des localités qu’ils dirigent? Ils parlent beaucoup et agissent très peu, voire même pas du tout. Le débat politique doit aller au-delà des insultes, du mensonge, des invectives, de la calomnie, des accusations et de la manipulation. Ce débat pue l’insolence, l’arrogance, l’indiscipline et la haine. Il doit plutôt être un débat d’idée, de programme économique accès sur la création de richesse collective invitant au bien-être de la population. Le Sénégal dispose d’un coté de ressources humaines de qualités capables de relever les défis du développement mais d’un autre côté nous avons des politiciens pathétiques, de vrais clowns qui nous dirigent, des menteurs et des hypocrites qui ne cherchent qu’à maintenir leurs privilèges et à accéder au pouvoir par tous les moyens. Ils constituent le mal du Sénégal et sont aidés dans leur propagande éhontée, leur désinformation du public par des médias fraudeurs du trésor public, qu’ils ont créés ou qu’ils contrôlent indirectement en mettant place un système de corruption de journalistes quémandeurs et amateurs. Ce sont les mêmes politiciens qui, hier, ont profité de leur position pour piller le pays, l’enfoncer dans le gouffre et dans la pauvreté qui s’érigent aujourd’hui en donneur de leçons.

L’émergence ou le développement est une question de moyen et long terme. Les politiciens nous mentent en nous faisant croire qu’ils peuvent changer les choses en très peu de temps. Si certains le pouvaient comme ils le prétendent, ils auraient fait émerger la collectivité locale qu’ils dirigent. La seule chose qui émerge en eux c’est l’insolence de leur enrichissement à partir des fonds publics, leur absentéisme qui est devenu une maladie pour certains députés et pourtant ils n’ont jamais renoncé à leur salaire, les députés pigeons voyageurs convertis en députés des sénégalais de l’extérieur et qui gagne en popularité en jouant sur les émotions. Ce sont des marchands d’illusions qui ne comprennent rien de la politique économique et de l’émergence.  L’économie du Sénégal est  aujourd’hui plus productive qu’en 2011 et le gouvernement doit mettre l’accent sur les investissements productifs dans le secteur agricole et dans l’industrie des services pour doper davantage l’activité économique, réduire le taux de chômage et améliorer le bien-être des populations. L’efficacité de sa politique économique dépendra de ses choix et orientations. Les belles performances macroéconomiques de l’année 2015 ne signifient pas que tout est rose. Au contraire tout peut et doit s’améliorer. L’économie sénégalaise progresse mais à un rythme lent. Les défis pour le développement économique ne manquent pas?: l’environnement, la santé, l’enseignement, les inégalités, la sécurité, la lutte contre la pauvreté, le dynamisme du secteur privé, les infrastructures, le transport, la corruption. Il est temps que les performances économiques, l’augmentation de la production invite au bien-être de la population.

Tous les sénégalais aspirent, comme toutes les autres populations du monde, au développement économique et à l’enrichissement collectif. Nous réussissons d’ailleurs assez bien cet enrichissement collectif mais à notre façon; c’est-à-dire sans amélioration sensible des conditions de vie des populations et encore moins sans l’urgence ni la pression caractéristique que d’autres sociétés se sont mises comme conditions pour sortir du sous développement. La croissance économique c’est bien mais si elle ne peut s’accompagner d’une amélioration des conditions de vie des populations, d’une réduction du taux de chômage, du taux de pauvreté, elle reste une croissance sur papier.

Dr Fodé Sarr

Montréal, Québec

 

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