Les résultats au référendum dévoilent une véritable crise politique

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À peine les résultats sortis, l’opposition assimile tendancieusement le fort taux d’abstention à un Non silencieux. La majorité présidentielle préfère fermer les yeux sur le désintérêt éloquent des populations à son projet soudain. Décidément, ils n’auront rien appris du signal manifeste d’une crise de confiance qui se solde par un mépris de l’électorat vis-à-vis de toute la classe politique. Les sénégalais se sont abstenus majoritairement au scrutin parce que les combines électoralistes ont pris le dessus sur les confections de recettes et d’engagements patriotiques.
Le fort taux d’abstention dépasse un simple fait de cynisme, il traduit une indication claire de désillusion des sénégalais et d’alarme sur la fragilité de la démocratie sénégalaise. Pourtant, la politique est le domaine de prédilection de nos compatriotes, elle occupe jusqu’à l’espace familial en passant par les lieux de travail et les marchés publics. Mais, quand il s’est agi, cette fois-ci, d’aller voter, l’électorat s’est rebiffé. Le paradoxe est là. Les sénégalais s’intéressent beaucoup à la marche de leur pays, mais n’identifient plus les enjeux nationaux, les solutions et leurs porte-étendards à la classe politique.
Plus que le mal, c’est maintenant la résistance au mal qui absorbe et pulvérise l’énergie des masses populaires. L’émiettement du pouvoir public est tel que tous les efforts des hommes politiques sont captés et grugées par les effets d’annonce et les faux-semblants. Ce qui a changé, c’est précisément la substitution des intérêts immédiats du public à l’intérêt supérieur de la nation. À dieu l’idéal d’émergence des consciences citoyennes, les dirigeants politiques ne font plus rêver. Pour être élus ou adoubés, ils caressent perversement la sensibilité des uns et des autres de leurs propos flâneurs.
Démocratisme, quand tu nous tiens! Le plus petit dénominateur commun est devenu une cible électoraliste omniprésente et banalise du coup la fonction de leader politique. Les politiciens, dans leur déroute, malmènent l’exercice et l’expression de la citoyenneté et évacuent en même temps toute aspiration aux aventures collectives. L’inexistence des formations militantes de parti, l’orientation des débats politiques sur les personnes et le nomadisme des leaders politiques confortent l’opinion publique sur l’insignifiance du vote, acte citoyen.
Le fort taux d’abstention au référendum du 20 mars est la mesure d’une nécessité de changement. Il n’est plus question de changement qui porte sur un homme ou une femme. Dorénavant, un nouveau type de dirigeant est exigé pour mériter et mobiliser l’ardeur et l’enthousiasme des sénégalais. À présent, les clivages habituels en bon et en méchants ne suffiront plus à intéresser les populations aux promesses de rupture et de lendemains meilleurs.
Tant que la classe politique s’emmurera dans ses combats de coq, ses bravades et ses règlements de compte, les sénégalais se tiendront loin de la souillure répugnante qui en émane. Voilà le message retentissant du citoyen désabusé : « Je refuse de constituer proie facile dans vos parties de chasse à courre. De toute façon, ça ne changera rien parce que vous vous ressemblez tellement mes frères. »
Birame Waltako Ndiaye
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1 COMMENTAIRE

  1. L’arène politique,ce n’est pas une mare à grenouilles.Sans doutes des esprits,des mœurs et des approches à revoir pour repartir ensemble et autrement

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