Les vacances gouvernementales : Ndéné Ndiaye, Karim, Ablaye Diop à l’étranger… Fada à la maison pour s’occuper de sa famille… Kalidou Diallo en permanence

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Les inondations, les coupures d’électricité et les perturbations dans le secteur de la santé mettent un point d’interrogation sur les vacances gouvernementales. Onze ministres sont davantage concernés.

Le dernier Conseil des ministres avant les vacances s’est tenu jeudi 5 août. Le chef de l’Etat a sonné la récréation et ‘profité de l’occasion pour remercier et féliciter le gouvernement pour le travail remarquable accompli un an durant’.

Avec l’aval présidentiel, certains membres de l’équipe du Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye ont aussitôt confirmé leur réservation pour l’étranger (Karim Wade, Abdoulaye Diop…). D’autres prévoient de rester au pays en se consacrant à leurs enfants et épouses (Modou Diagne Fada…). Un troisième groupe s’engage à assurer la permanence, eu égard aux urgences qui assaillent les secteurs dont ils assurent la tutelle (Kalidou Diallo, Khadim Guèye, Thérèse Coumba Diop…).

Le break durera 45 jours au plus et sera marqué en deux temps : sans plus de détails, une source autorisée informe qu’un groupe a pris ses congés tandis qu’un autre attend son tour. De toute façon, les activités gouvernementales sont au ralenti. Et, période de crise oblige, c’est là que le bât blesse.

Coordonnateur de la commission électorale de Bennoo Siggil Senegaal, Ousmane Badiane éructe : ‘Le gouvernement devait dire que “cette année est particulière, dans un pays où il n’y a pas eu d’énergie et où les inondations continuent”. Ils (les ministres) doivent donner l’exemple en décidant de ne pas prendre de vacances pour que cela puisse servir de déclic.’

Dans le camp du pouvoir, l’on acquiesce. Mais si l’opposition laisse entendre que l’ensemble de l’attelage devait être réquisitionné, sans exception, le porte-parole de la Cap21, Matar Guèye, pense que seuls les responsables de départements touchés par la conjoncture difficile doivent se passer de congés : ‘Les ministres concernés n’ont pas d’autre choix que d’être sur le champ de bataille. (Ils) n’ont pas le temps d’aller en vacances.’

Pédale douce présidentielle

En 2009, Me Abdoulaye Wade s’était montré moins clément. Il était monté au créneau pour réduire la durée des congés pour tous les ministres. Chaque membre du gouvernement n’avait droit qu’à quinze jours. Le contexte économique international difficile de l’époque justifiait cette coupe présidentielle.

Un an après, pédale douce du patron. Pourtant, la situation a empiré. L’état de la conjoncture nationale est tel, que la paix sociale tient à un fil. Et, à cause des coupures d’électricité, un recul de 1 à 2 % du Produit intérieur brut (Pib) est à craindre, selon une étude réalisée conjointement par la Banque mondiale et l’Agence française de développement. Sans compter les inondations et leurs nombreuses conséquences sur le quotidien de dizaines de milliers de foyers.

A Médina Gounass, Wakhinane Nimzath, Djiddah Thiaroye-Kao, Dalifort, certaines familles pataugent encore dans les eaux des pluies tombées en juillet. A Saint-Louis, Matam, Vélingara et, récemment, Kolda, des infortunés vivent le même calvaire. Lequel devrait se prolonger dans plusieurs endroits du pays, au mois d’août et de septembre, à cause des fortes précipitations annoncées durant cette période, sur le Sénégal, la Gambie, les deux Guinée, le sud de la Mauritanie et le sud du Tchad, par le Forum africain sur la prévision saisonnière (Presao, les 27 et 28 mai à Niamey, Niger).

Avec ces sombres perspectives, plusieurs membres du gouvernement risquent d’être complètement à la bourre les semaines à venir. Les concernés, pas moins de onze, doivent faire face. Ils doivent accepter de faire l’impasse sur leurs congés. Pour une question d’efficacité et pour l’exemple. Sinon, aux yeux de l’opinion et des adversaires du pouvoir, ils seraient coupables du délit de non-assistance à personne en péril.

Sous la direction du ministère de l’Intérieur, maître d’œuvre du plan Orsec, les travaux de pompage des eaux pluviales et d’écrêtage des bassins de rétention devraient se poursuivre dans les zones ‘sensibles’. Si les prévisions de fortes pluies s’avèrent, la coordination des opérations de relogement des sinistrés deviendra plus complexe pour le département de l’Habitat, qui en est le pivot. Concernée au premier chef par la distribution de l’aide destinée aux victimes des inondations, la Solidarité nationale se dirige, le cas échéant, vers des semaines chargées.

Conformément à une recommandation de l’Agence nationale de la météorologie du Sénégal (Anams), le ministère des Infrastructures doit mener des ‘actions préventives pour la protection des ouvrages publics (ponts, routes, buses, bâtiments) et des travaux en plein air en cours’. Aussi, le département dirigé par Karim Wade, auquel est rattaché l’Aménagement du territoire, est également invité à assurer la ‘sensibilisation, en rapport avec les collectivités locales, des populations occupant les zones à risque d’inondations (forte occurrence)’.

Deux maux sur la Santé

Le ministère de la Santé est tout autant interpellé. L’Anams l’invite à ‘prévenir l’émergence de maladies d’origine hydrique et les épidémies de paludisme’. Dans cette perspective, le département du Cadre de vie pourra se charger du volet sensibilisation des populations sur le danger que constituent les eaux stagnantes, nid des larves des moustiques, principaux vecteurs du paludisme.

Cependant, la prise en charge des malades risque d’être perturbée par les grèves cycliques des personnels des structures publiques de santé, qui durent depuis deux mois. Le 10 août, la Convergence Sutsas-Sas (Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale-Syndicat autonome de la santé) est entrée dans la troisième phase de son plan d’actions, avec comme mot d’ordre la ‘rétention de l’information sanitaire’ à l’échelle nationale, sauf sur la fièvre jaune, la rougeole, la poliomyélite, la méningite, entre autres maladies à fort potentiel épidémiologique.

Les grévistes n’écartent pas de passer à la vitesse supérieure, si aucune avancée n’est notée dans les concertations avec le gouvernement. Malgré l’optimisme du ministre de la Santé, Modou Diagne Fada, et le service minimum promis par les syndicalistes, les semaines à venir s’annoncent délicates pour les patients des établissements publics sanitaires.

Au ministère de l’Agriculture, la vigilance doit être de mise afin d’arriver à une campagne agricole avec le moins de ratés. L’Education nationale, pour sa part, n’aura pas de répit avant d’avoir bouclé les Crd (Comités régionaux de développement) programmés dans les 14 régions du Sénégal en vue de la rentrée prochaine.

Les Finances sont en pleine période de préparation du budget de 2011. Et, pour accompagner les actions du gouvernement contre les inondations et les coupures d’électricité, les services de l’argentier de l’Etat doivent se tenir prêts à répondre à d’éventuelles demandes de fonds d’urgence.

Au ministère de l’Energie, les vacances seront, pour le moins, studieuses. Le ministre, Samuel Sarr, est attendu sur la baisse de la fréquence des délestages. Devant l’Assemblée nationale, réunie en session extraordinaire le 21 juillet, il avait promis d’atteindre cet objectif avant le 15 août, dimanche dernier. L’opinion ne lui pardonnerait pas le non-respect de son engagement.

Convaincre et rassurer : comm’ toujours

Parallèlement aux actions sur le terrain pour abréger la souffrance des Sénégalais, l’Etat doit se montrer rassurant et compatissant avec les populations. Pour ce faire, il doit améliorer sa stratégie de communication, qui est fortement décriée actuellement, autant par le camp du pouvoir que par celui de l’opposition. Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, est interpellé. Le nouveau porte-parole du président de la République, Serigne Mbacké Ndiaye, aussi.

Ce vaste programme devait pousser le président de la République à imposer aux hommes de Souleymane Ndéné Ndiaye la même rigueur que lors du dernier hivernage. Voire davantage. Par exemple, à défaut de mobiliser les 41 ministres de l’attelage durant tout ou partie du mois d’août, il aurait été de bon ton de priver tout bonnement de congés les responsables des secteurs actuellement sur la brèche. Mais Me Wade en a décidé autrement.

El Hadji Ibrahima FALL

walf.sn

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