Lettre à la jeunesse de mon pays

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« Tout homme ou institution qui essaiera de me voler ma dignité perdra, » disait Nelson Mandela.

Il avait raison. L’Histoire l’a confirmé. De la trempe des grands hommes de Dieu à la foi inébranlable, il a combattu toute sa vie durant la discrimination, et toute forme d’avilissement de l’homme.

Il faut en effet en toutes circonstances refuser que sa dignité soit bafouée. Elle est le socle de toutes valeurs qui doivent être chez nous comme les principes intangibles des frontières de nos pays.

Elle doit valoir tous les sacrifices.

Dussions-nous en payer la sauvegarde au prix de notre vie. Oui ! La devise même de l’armée de notre pays affirme qu’« on nous tue, et [qu’]on ne nous déshonore pas. » Il s’agit de regarder dans ce cas-là la mort en face, et la préférer à l’ignominie.

Nous ne devons pas la craindre, la mort. Epicure le grand philosophe disait qu’il ne craignait pas la mort ; et il justifiait sa position en demandant pourquoi il devait craindre quelque chose qui n’est pas tant qu’il était, et qui est si seulement il n’était plus. A sa suite, Senghor rappelait que « le suicide était la dernière exigence de l’honneur. »

Il faut que nous nous rebiffions. Que nous ayons un but dans notre vie, et que ce but vaille tous les combats, et tous les sacrifices. Comme ce fut le cas de Nelson Mandela.

C’est en cela que nous assumerons notre destin, avec lucidité, avec détermination, avec courage.

Qu’est-ce que le courage, dans ce cadre ?

« Le courage, (…) c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel », aurait répondu Jean Jaurès, à la suite de Jean Jacques Rousseau qui affirmait qu’« il n’y a point de bonheur sans courage, ni de vertu sans combat ».

Jeunesse de mon pays, sachons que notre avenir devra s’écrire avec nos propres mains. Le monde dans lequel nous désirons vivre sera construit de nos propres mains, la société que nous souhaitons pour nos enfants sera édifiée par notre propre génération.

Dès lors, engageons-nous.

Il est temps, quelque soient les contraintes que nous devrions surmonter : « tout obstacle renforce la détermination. Celui qui s’est fixé un but n’en change pas ».

La devise de notre pays est inscrite en lettres d’or au fronton de notre République : un peuple-un but et une foi !

Apprenons de notre passé, inspirons-nous de notre présent, et en tant qu’hommes du monde, « ouverts à tous les vents, poreux à tous les souffles », taillons-nous la place que nous voulons occuper.

Il n’y a pas de secrets pour y parvenir. Il faut apprendre, et entreprendre.

« L’ignorance mène à la peur », disait Averroès. Vainquons dès lors cette peur, allons à l’assaut du savoir !

C’est comme cela que nous en viendrons à n’« avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l’avenir. »

Il ne sert à rien de revendiquer un leadership que nous ne pourrions jamais assumer, et en être réduits à conduire notre pays vers un destin à la Tamango de Mérimée.

Changeons nos comportements. Soyons des hommes d’honneur, réhabilitons nos us et coutumes qui magnifiaient la sacralité de l’engagement chez nos anciens.

« Le bonheur, c’est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles » disait Indira Gandhi.

Soyons des hommes de valeur, et nous changerons notre vie, et transformerons le monde.

« Si tu rencontres un homme de valeur, cherche à lui ressembler » enseignait Confucius. « Si tu rencontres un homme médiocre, cherche ses défauts en toi-même, » conseillait-il.

C’est comme cela que nous acquerrons l’exemplarité.

Et M. W.B. Briton de nous rappeler que « La valeur d’un homme ne se mesure pas à son argent, son statut ou ses possessions. La valeur d’un homme réside dans sa personnalité, sa sagesse, sa créativité, son courage, son indépendance et sa maturité ».

Pensons-y !

C’est comme cela que nous revendiquerons légitimement l’héritage des Kéba Mbaye, Lat Dior, et autres ténors de la jeunesse estudiantine des années de braise comme Blondin Diop.

Nous avons le devoir de faire plus et mieux que nos anciens. Car nous sommes dans un monde chaque jour plus compétitif aux enjeux vitaux qui commandent d’avoir le courage et le savoir et les qualités morales qui feront de nous des hommes d’Etat résolument ancrés dans leur terroir, mais ouverts aux apports fécondants de l’extérieur, en toute responsabilité et clairvoyance.

C’est en cela que nous pourrons revendiquer, sans avoir le sentiment de l’usurper, notre sénégalité !

Et c’est comme cela que nous mettrons fin à tous les comportements saugrenus que nous décrions, au premier rang desquels celui des politiciens de métier dont la seule compétence est d’abêtir les masses populaires, et de les transformer en bétail électoral.

« Si vous désirez la sympathie des masses, vous devez leur dire les choses les plus stupides et les plus crues » théorisait Adolf Hitler.

Cette époque est révolue. Elle est dépassée. Tout comme celle qu’évoquait Clémenceau, quand il constatait, amer, qu’« en politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables ! »

L’imposture politique est finie. Au moins, ayons-en la conviction, en décrétant sa fin.

« L’imposture est l’hypocrisie de la conviction. L’hypocrisie n’a pas la puissance de la conviction, comme le mensonge n’a jamais la puissance de la vérité, » affirmait Lamartine. Il ne croyait pas si bien dire, au vu de la tortuosité, de l’inconstance et de la versalité des politiciens.

Nous devons réhabiliter notre haute et historique conscience morale d’où germe la satisfaction du devoir accompli qui donne la paix du cœur, et une tranquillité d’esprit à nulle autre pareille. C’est comme cela que nous serons des patriotes, citoyens modèles engagés pour le développement de notre pays, dignes héritiers de nos ancêtres dont notre hymne implore qu’on nous rende l’honneur, leur honneur, « splendide comme ébène, et fort comme le muscle » !

Rien ne vaut une conscience tranquille aurait dit Victor Hugo, qui la préfère à « une destinée prospère. J’aime mieux un bon sommeil qu’un bon lit », lançait-il.

Vive le Sénégal !

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