Lettre d’un combattant à sa mère à la porte de la mort. Par James Campbell-Badian

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(APS) – Le comédien et acteur sénégalais James Campbell-Badiane, inhumé samedi au cimetière Saint-Lazare de Béthanie à Dakar, comme sentant la mort venir, avait écrit une lettre à sa mère pour lui dire son amour et regretter son absence au moment où il fait face à la grande faucheuse. Le texte a été lu juste avant la messe de requiem à l’église Saint-Pierre de Baobabs.

« Lettre d’un combattant à sa mère à la porte de la mort.

SARR l’éléphant, Yaye boy souma sope.

Mère, oh ma Mère, j’aurais tant aimé, j’aurais tant et tant voulu poser une dernière fois ma tête sur tes seins, goûtant la chaleur de ton ventre qui m’a fait naître.

Je pars ma Mère, je m’en vais rejoindre ceux qui nous ont quittés, ceux dont je porte le nom, ceux qui sont partis dans l’au-delà. Mère, je ne voulais pas partir, je ne voulais pas te quitter. Mais ils sont venus. Je ne pensais pas dans la douceur de ton être qui me berçait, je pensais que rien ne pouvait, que personne ne pouvait nous séparer. Hélas, il en fut autrement. Ils sont venus.

Tu m’as mis au monde, m’as fait naître du destin qui a accusé le sort. Il a fallu que l’on m’arrache, qu’on nous éloigne toi et moi si vite, si brutalement.

J’ai souffert Mère, j’ai lutté contre la mort. Je souffre Mère, j’ai peur et tu n’es pas là. La douleur envahit mon esprit, étouffe mes sens et je tends les bras vers toi, rien. Je griffe cette terre de France baignée de ton sang. Rien, ton visage m’apparaît et disparaît, me sourit et s’emplit de larmes. Rictus gravé dans la peine endurée, masque de douleur, ton beau visage Yaye Boy, et s’élève un chant d’amour Ayo Néné qui emplit la plaine mais cette fois-ci ton chant, ton doux chant ne calme pas ma douleur. Ayo néné, Ayo néné, ton rire amusé d’antan, s’est transformé dans mon esprit chancelant en un râle. La douceur, ta douceur, l’odeur, ton odeur mêlées à l’odeur de la poudre, à la violence de la guerre se livrent en moi un combat où la mort prend le dessus.

Mère je pars. Je m’en vais rejoindre les miens. Elle me fait face, la mort. Cette vilaine dame, et je lui fais face. Mère je ne voulais pas partir. Je ne voulais pas te quitter et ils sont venus et rien n’a plus été comme avant.

Adieu ma Mère. Veilles sur toi. Au vent, à la pluie, aux étoiles, à la mère, que toutes les forces de la nature te protègent car ton fils bien aimé ne sera plus là pour le faire. Mère adorée que le tout puissant créateur des forces visibles et invisibles t’accordent miséricorde.

Poste de secours. Périmètre de combat Vassogne. Chemin des dames. »

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