L’actuel ministre de l’Economie et des finances de Côte d’Ivoire, Charles Koffi Diby, aurait une fortune dérangeante au point de faire l’objet d’investigations sans précédent ces dernier temps. Il serait donc, selon les résultats de ces investigations de presse rendues publiques récemment, propriétaire, au bas mot de 22 sociétés, toutes gérées par les membres de sa famille restreinte ; de plusieurs maisons en France, des Hôtels à Abidjan et ailleurs ; d’une fortune personnelle estimée à plusieurs milliards de francs Cfa. Bref, Charles Diby se serait trop vite enrichi, pour ne pas éveiller des soupçons. Et le confrère n’y est pas allé du dos de la cuillère. Comme s’il avait un guide qui lui tenait la main, il a « pénétré » l’univers des Diby pour dénicher la richesse insolente jusque-là cachée. C’est avec délectation que les informateurs auront donc fourni « toutes les preuves » de la forfaiture du ministre Diby. Bien de lecteurs ont ainsi pu lire le parcours « illicite » d’enrichissement des Diby. Nous aussi. Mais à y regarder de très près, on ne peut s’empêcher de remarquer que ce qui est reproché au Ministre Diby, c’est d’avoir créé « directement ou indirectement » des entreprises et de les confier à ses proches quant à la gérance. Il lui est reproché aussi de devenir par la suite ministre et de ne pas avoir mis fin aux activités de ces entreprises, qui continuent à postuler aux appels d’offres et à remporter des marchés. A première vue, l’on voulait parler de délit d’initié, en la matière. Mais dans le cas d’espèce, il est difficile de parler de délit d’initié dès lors qu’il a lancé ses affaires avant de prendre le contrôle à tout hasard du ministère de l’Economie et des finances. Quelle est donc cette loi qui fait interdiction à un parent d’un ministre d’avoir à gérer une affaire ? … Nulle part, il n’a été établi, avec preuve, que les moyens avec lesquels les entreprises ont été créées, les maisons et hôtels ont été bâtis ou achetés ont été tirés des caisses de l’Etat de Côte d’Ivoire, même si des gens estiment que de par sa position, le ministre Diby peut s’enrichir sur le dos du contribuable. Les investigations ne mettent pas cela en évidence. Elles se contentent d’énumérer et de répertorier les biens du ministre et de ses parents. Aussi, serait-on amené à demander si cela constituait un crime de s’enrichir, surtout que Diby Charles est un financier, qui sait comment et où investir pour faire produire le capital dont il dispose, un homme qui a démontré qu’il a le sens de la gestion.
La Banque mondiale et le Fmi complices ?
Le plus curieux est que cet homme présenté comme un enrichi trop rapidement, donc forcement illicitement a toujours reçu les encouragements des différents gouvernants. Il a été nommé ministre délégué en charge de l’Economie et des finances en 2005 sous Laurent Gbagbo, avec pour Premier ministre Charles Konan Banny, ex-gouverneur de la Bceao ; il a été nommé ministre de l’Economie et des finances en mars 2007 toujours sous Laurent Gbagbo, mais avec pour Premier ministre Guillaume Soro ; il a été nommé ministre de l’Economie et des finances par le président élu, Alassane Ouattara, dès le 04 décembre 2010, puis confirmé à ce poste en avril 2011 par le président Ouattara. Doit-on croire que toutes ces hautes personnalités sont complices de l’enrichissement illicite et rapide de Diby au point de le couvrir ou de ne rien voir ? Mieux, le 13 octobre 2010, en marge des Assemblées annuelles des la Banque mondiale et du Fmi, le journal « Emerging Market » de Washington Dc, a reconnu les mérites de Diby Koffi Charles en tant que ministre de l’Economie et des finances et lui a décerné un prix. Doit-on, là aussi, croire que même la Banque mondiale et le Fmi qui prônent la bonne gouvernance soutiennent la « forfaiture » de Diby ? Visiblement, le péché de Diby Charles doit se trouver ailleurs. Notamment dans sa volonté de lutter contre la corruption et de « sévir sans état d’âme contre tous ceux qui sont tentés de ramer à contre-courant des valeurs nobles de l’intégrité, de l’honnêteté et du respect du bien public ». Pour le reste, on serait heureux que tous ceux qui ont des raisons de suspecter Diby de s’enrichir illicitement et rapidement, jettent les masques et portent plainte devant les juridictions compétentes. Les Ivoiriens leur en sauraient gré s’il est prouvé ce que nous avons lu. Faute de quoi, on pourrait penser à tout sauf à une envie de dénoncer. Au moment où a lieu ce débat, le Ministre Charles Diby est en mission à Génève pour le compte de l’Etat de Côte d’Ivoire.
Eddy PEHE
abidjan.net
