L’histoire émouvante de Dibé Niang, tuée par son époux et racontée par sa sœur : « Il dit qu’il n’a fait que tuer sa femme hélas ! »

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XALIMANEWS- C’est une histoire des plus émouvantes. Dibé Niang, mère de 10 enfants, a succombé sous le sabre d’un époux violent. C’était en 2016, l’histoire du suicide de Dibé Niang a été démontée aussitôt par la police. Arrêté puis mis en prison, le meurtrier devait purger une longue peine mais elle ne sait pour quel miracle, Thiabé Niang ne verra jamais le meurtre de sa sœur résolu. A Fatick précisément, cette histoire n’a pas fini de délier les langues. Mais au sein de la famille, elle devra être enterrée malgré la souffrance de Thiabé Niang qui ne lâche pas et crie justice.
« C’était le matin du 24 mars 2016. Le mari de ma grande sœur a appelé mon frère pour lui dire que Dibé est décédée. 5 minutes plus tard, il rappelle pour dire qu’aucun homme n’a besoin de venir et qu’on peut seulement envoyer des femmes. Surpris, mon frère lui demande pourquoi, il répond, c’est parce qu’il s’est passé quelque chose, elle s’est suicidée par pendaison. Mon frère lui demande de ne surtout pas l’enterrer avant qu’il n’arrive.

Après, il est parti voir ma mère et des proches de la famille pour aller sur place. À leur arrivée, ils ont trouvé du sang partout dans l’enclos, la tête saignait sans arrêt et le reste du corps était caché. La gendarmerie les a mis dans une voiture après leur avoir demandé s’ils l’ont trouvée avec des selles et la branche où était attachée la corde. Après, les limiers ont mis un fer de même poids que ma sœur pour vérifier mais la branche s’est brisée.

Puis mon frère est allé avec l’ambulance pour des examens médicaux. Dans le constat de décès, c’est écrit que Dibé est décédée à la suite d’un TCE ouvert (large fracture ouverte du crâne fronto-pariétal + hémorragie cérébrale). Le même jour, le mari et son grand frère sont arrêtés et envoyés à Guinguinéo, puis transférés au mac de Kaolack 2 jours plus tard.

J’avais saisi Maitre Assane Dioma Ndiaye qui suivait le dossier. Mais le 22 juin 2019, quelqu’un m’a dit au téléphone qu’ils (le mari et son frère) sont libérés. J’ai appelé Maître pour voir ce qu’il en est et il m’a dit qu’il n’a pas été notifié. Après vérifications, il me dit qu’ils ont bénéficié d’une décision de non-lieu.
Actuellement, le meurtrier est chez lui à Tewrou Nguari (dans la région de Fatick), selon ce que j’entends de lui mais je n’ai pas échangé avec lui ou un autre membre de sa famille, à part mon mari.
Notre avocat n’a pas encore reçu la décision officielle de non-lieu, c’est-à-dire qu’elle n’a pas été notifiée. En ce moment, on est en train de travailler pour la réouverture du dossier. Nous remettrons au procureur tous les éléments que nous possédons pour lui permettre d’apprécier ou non l’ouverture ou la réouverture du dossier. C’est ce mardi même que nous devons rentrer en possession de la décision officielle de non-lieu. Nous espérons que les autorités, notamment le procureur, nous soutiendront dans notre quête de poursuite de justice.
Par ailleurs, ma famille ne me soutient pas parce qu’elle considère que le meurtrier est le mari de la victime ; comme si cela devait justifier ce qui s’est passé. Il a eu 10 gosses avec ma sœur. Il reste le papa des enfants et que ses enfants doivent impérativement suivre leur papa peu importe ce qu’il a fait, parce que c’est lui le papa et le papa est très fort dans la culture sérère.

Personnellement, je suis marié à un cousin du mari de ma sœur et si je me plains de ce meurtre, il ne sera pas fier de moi. Par conséquent, je dois me taire comme les autres. Le contraire serait mal vu dans la culture sérère. La cohésion familiale est, selon ma famille, prioritaire à tout et qu’on doit gérer cette affaire en famille. D’ailleurs, la famille exige que je présente mes excuses au meurtrier de ma sœur pour avoir engagé des procédures à son encontre. Ce que je ne ferai jamais.
Je ne perds pas espoir que justice se fasse un jour quoiqu’il en coûte. Les sénégalais m’appellent de partout dans le monde. Je ne réussis même pas à lire tous les messages d’encouragement et de sympathie que je reçois au quotidien. J’ai eu le soutien des Sénégalais d’un peu partout dans le monde. Et même des sympathisants qui ne sont pas Sénégalais, et cela m’aide à oublier l’abandon de ma famille et me donne plus de courage.
Toutefois, j’attends des autorités sénégalaises qu’ils réagissent en acceptant notre demande d’appel. J’attends d’eux qu’ils organisent un procès juste et équitable pour que justice puisse être faite sur le meurtre de ma sœur pour le repos de son âme et aussi pour que je puisse faire mon deuil d’une perte si chère et atroce. Les enfants de ma sœur ont besoin de savoir la vérité sur la mort de leur maman et surtout savoir que le mariage ne légitimisme pas une violence, à plus forte raison un meurtre.

2 Commentaires

  1. Tenez bon madame ! Vous touchez du doigt le problème n°1 de notre société : étouffer les drames familiaux ! Et ce sont surtout les enfants et les femmes qui souffrent de cette hypocrisie nationale. C’est très méchant, très rétrograde, très inhumain d’entretenir d’indignes mensonges au détriment des couches les plus vulnérables de notre société. Soyez assurée que votre cri de cœur sera partagé partout madame…

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