Liberté de la presse et vie privée : l’éthique et la déontologie pour freiner les dérives

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Les atteintes à la vie privée ne seront jamais réglées par la loi quoique restrictive et contraignante. La solution se trouve dans l’appropriation et la pratique quotidienne des notions de l’éthique et de la déontologie des journalistes. C’est la conviction des animateurs de la conférence organisée vendredi dernier  à Dakar, sur « Liberté de la presse et vie privée »
Tant qu’il y’aura la vie, il y’aura une presse qui relaie au risque de dépouiller la vie « privée ». La symbolique est toute trouvée par le journaliste Mbaye Sidy Mbaye, le modérateur de la conférence organisée vendredi dernier à Dakar, par l’Alliance Atlantique pour le dialogue des cultures, Sénégal-Turquie (Atsa) sur le thème « Liberté de la presse et vie privée » animée par le professeur Abdou Aziz Kébé, Pape Samba Kane directeur de publication du journal Le Populaire et Thierno Ndiogou Diagne de l’Organisation nationale pour la défense des droits de l’homme (Ondh). Les termes sont ambivalents. Leurs contours juridiques ne sont pas bien cernés du fait de la difficulté du législateur qui ne parvient pas à les définir clairement. « Il se borne à dire que tout ce qui n’est pas public est privé », note Thierno Ndiogou Diagne.
Pour l’islamologue Abdoul Aziz Kébé, la « liberté est caractérisée par une universalité ». Allant plus loin dans sa réflexion, Abdoul A. Kébé pense que « s’il y’a une liberté, c’est une  liberté  liée » par des principes et préceptes de société qui font qu’on ne « peut pas tout dire et tout faire ».
Pour lui, dés que l’action de l’individu aboutit à un délit, c’est-à-dire a fini de créer un trouble à l’ordre public, elle releve du délit et non plus de la vie privée, note A. Kébé.
La liberté est cernée par l’Islamologue comme « une universalité et l’Islam la consolide à travers l’éthique et la déontologie ». La limite de la liberté se trouve dès qu’elle touche l’intimité de la personne.
Le conférencier est d’accord que « la liberté a des exigences, il ne faut pas dire des choses que l’on ne fait pas, le comportement public doit être conforme aux faits et aux dires en conformité avec ce que l’on dit et fait ». Mais pour M. Kébé, tout tourne autour de l’information que l’on traite. Celle-ci, doit être « vérifiée, authentifiée avant d’être divulguée ». Le journaliste selon lui, doit avoir tout temps à l’esprit sur la finalité de ce qu’il a trouvé en se posant la question de savoir « ce que j’ai trouvé est –il publiable ». En effet, « la liberté du journaliste, ajoute-il,  est lié à ce principe du bien qui dicte la conduite ».
Il a exhorté les journalistes à se poser la question de savoir « où est l’intérêt général », car « la vie privée est sacrée et tout ce qui touche à l’honorabilité mérite une attention ».  Pour Pape Samba Kane, les journalistes oublient souvent que « la vérité n’est pas encore une information » car avant de l’être, « il faut la vérifier, la recouper ».
Parler de la vie privée des gens est très sensible, « nous manipulons chaque jour des bombes, nous devons faire attention car la presse est un couteau tranchant, mais à double tranchant ». En effet, le danger est aussi pour le journaliste que pour celui dont on étale la vie privée dans la presse. Pour Tidiane Kassé, directeur de publication de Walf Sport, le journaliste a un impératif de se poser un certain nombre de questionnements à savoir « qu’est-ce que je cherche », question primordiale à ses yeux car elle va mener le journaliste à adopter une conduite guidée par l’éthique.
Cette question lui permet alors de voir « de quoi j’ai besoin, je cherche quoi ?, l’utilité de ce que je vais dire ? ». Mieux, le journaliste doit se questionner en se « mettant à la place de l’autre et se poser la question de savoir quel est l’impact de mon information ? ». Si les journalistes arrivaient à adopter une telle conduite, les conférenciers sont d’avis que les dérives rencontrées dans la presse seraient réduites car ce ne sont pas les lois qui vont régler les problèmes d’atteinte à la vie privée des gens, mais plutôt l’éthique et la déontologie qui doivent guider quotidiennement le journaliste.

lesoleil.sn

Yathé Nara NDOYE

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