La répression en Libye a fait au moins 62 morts dans la capitale Tripoli depuis dimanche, a indiqué mardi l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW), précisant dans un communiqué se baser sur des informations émanant de deux hôpitaux.
« Des témoignages de médecins travaillant dans deux hôpitaux de Tripoli ont confirmé qu’au moins 62 personnes avaient été tuées (dans la capitale libyenne) depuis le 20 février », a indiqué HRW, une organisation basée à New York.
Elle a souligné que ces chiffres ne provenaient « que de deux hôpitaux », laissant ainsi entendre que le bilan pourrait être plus lourd.
D’autres témoins ont indiqué à HRW qu’au moins 50 corps de victimes de la répression se trouvaient à la morgue de l’hôpital Abou-Salim, tandis que selon un médecin, l’hôpital central de Tripoli a reçu 12 dépouilles.
Lundi matin, HRW avait fait état d’un bilan de 233 morts depuis le début du mouvement de contestation en Libye, le 15 février, sans faire état de morts à Tripoli. Les violences meurtrières d’abord concentrées à Benghazi, deuxième ville du pays à 1.000 km à l’est de Tripoli, ont touché la capitale dimanche soir.
Des témoins dans le quartier de Fachloum à Tripoli ont raconté à HRW que les forces gouvernementales tiraient « au hasard » dans la nuit de lundi à mardi.
« Ils tirent au hasard quand ils passent près d’une maison », a déclaré une femme à HRW, alors qu’une protestataire disait avoir « entendu des tirs toute la nuit ».
« Si quelqu’un venait chercher un corps, il se faisait aussi tirer dessus. Les gens habitant près de la place Verte ont rapporté que des corps étaient étendus sur la place et que personne ne pouvait venir les chercher », a raconté un autre manifestant.
« Nous avons vu des Land Cruisers, plein d’hommes masqués en tenue militaire, équipés d’armes lourdes, se rendre vers les lieux des rassemblements dans le centre-ville. Des hommes en civil nous tiraient dessous (…) J’ai vu des types enlever leurs T-shirts et montrer leurs poitrines aux snipers. Je n’avais jamais rien vu de tel », a dit un autre protestataire, avec qui l’organisation a pu s’exprimer via Skype.
Selon lui, « les hôpitaux à Tripoli manquaient de sang » lundi soir.
Dimanche soir, les forces de sécurité avaient également violemment dispersé un groupe d’avocats, de juges et médecins notamment, rassemblés devant le palais de justice de Tripoli, et procédé à plusieurs arrestations, a indiqué le fils de l’un d’eux à HRW.
L’organisation a appelé à « des actions concrètes pour convaincre (le colonel Kadhafi) d’arrêter ce bain de sang », comme un « embargo sur toutes les armes », des « sanctions ciblées visant les dirigeants tant que les atrocités se poursuivent » et une enquête indépendante et rapide sur les crimes commis.
Mouammar Kadhafi « doit rappeler immédiatement ses forces, y compris ses mercenaires », a indiqué Leah Whitson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, citée dans le communiqué.
(©AFP / 22 février 2011 16h41)
