Libye : Kadhafi espionnait ses opposants avec du matériel français

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Pour espionner ses opposants, Mouammar Kadhafi s’est fourni ces dernières années auprès d’une filiale du groupe informatique français Bull, Amesys, révèle mardi le Wall Street Journal. Cette société d’ingénierie, basée à Aix-en-Provence et spécialisée dans les systèmes sécuritaires, rachetée par Bull en 2010, a équipé en 2009 le centre de surveillance d’internet de Tripoli avec le système Eagle, qui permet notamment d’observer le trafic du réseau internet et de surveiller les courriels.

Amesys a équipé le QG de Kadhafi en «technologie de contrôle»

Les journalistes du Wall Street Journal décrivent ainsi une salle, au rez-de-chaussée du QG abandonné de Kadhafi à Tripoli, où les agents du régime espionnaient sur le net en piratant des e-mails, en décryptant des appels sur Skype, en censurant des vidéos Youtube et en se protégeant grâce à des serveurs proxy… Dans cette salle, des manuels de prise en main des logiciels sont estampillés Amesys. Sur la porte, un macaron affublé du sigle de la firme hexagonale avertit en anglais : « Merci d’assurer la confidentialité des données sensibles. Ne discutez pas d’informations classifées en dehors du quartier général». Les reporters tombent ensuite sur la retranscription complète d’un chat d’une quinzaine de minutes sur Yahoo entre une femme et un homme, visiblement opposant au leader, évoquant sa peur de devenir une cible du régime.

Début 2011, des dirigeants libyens ont de nouveau approché Amesys pour augmenter les capacités de filtrage d’internet du pouvoir. D’autres sociétés, comme une filiale du constructeur aéronautique américain Boeing, Narus, et l’équipementier chinois en télécommunications ZTE, auraient également vendu leur technologie au régime libyen pour des opérations de surveillance.

Le groupe Bull reste muet

Si la firme Narus a nié toute vente de sa technologie en Libye, le groupe Bull a lui indiqué qu’il ne faisait «aucun commentaire» sur cette information, selon une porte-parole. Le journal rappelle que de nombreux entrepreneurs, que ce soit dans les nouvelles technologies, l’armement, l’aviation où le pétrole, se sont jetés sur la Libye à la fin des années 90, quand les sanctions commerciales pesant sur la Libye sont enfin tombées. A l’époque, Kadhafi, désirant s’acheter une respectabilité aux yeux de l’Occident, avait accepté de collaborer à l’enquête sur deux attentats aériens dans lesquels la Libye était impliquée, et avait stoppé son programme d’acquisition des armes de destruction massive.

Le journal économique établit ainsi une «preuve de coopération des entreprises occidentales dans la répression subie par les Lybiens pendant les 42 ans de règne du colonel Kadhafi.» Ce dernier est encore introuvable ce mardi tandis que les rebelles libyens, après avoir pris le contrôle de Tripoli le 23 août, continuent de le traquer en direction de Syrte.

(avec le parisien)

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