L’indiscipline, une tare bien sénégalaise (Par Pr Demba Sow)

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L’indiscipline est un fléau qui détruit lentement mais surement les fondements de notre société tout en compromettant notre développement économique. Cette tare bien sénégalaise est perceptible sur l’étendue du territoire chez des compatriotes de tous les âges, de tous les sexes et de toutes les ethnies. L’indiscipline des sénégalaise nous éloigne de jour en jour de la rampe de l’émergence. Les sénégalais, dans leur écrasante majorité, ne respectent rien ; ils ne pensent qu’à eux et considèrent que les interdictions sont réservées aux autres. L’indiscipline des sénégalais est observable dans tous les secteurs de la vie économique et sociale du pays. Le Sénégal est devenu un pays en désordre où tout semble permis et le sénégalais ne s’en prive pas. Le citoyen fait ce qu’il veut au mépris des règles élémentaires de la vie en communauté surtout en milieu urbain. Le sénégalais d’aujourd’hui croit que le pays lui appartient à lui tout seul considérant que les autres citoyens ne comptent pas. Au volant de sa voiture, il n’a aucun respect pour les autres conducteurs. En cas d’embouteillage, il se crée des raccourcis au mépris du code de la route et des autres automobilistes qu’il n’hésite pas à injurier si ceux-ci lui font des observations. Sur l’autoroute à péage, en cas d’embouteillage et il y en a souvent, certains automobilistes empruntent la bande d’arrêt d’urgence en roulant à tombeau ouvert. Sacrés sénégalais. Les piétons s’illustrent aussi dans l’indiscipline à leur manière. Ils traversent les routes sans le moindre respect des règles édictées par le code de la route. Peu de piétons utilisent les passerelles ou les passages cloutés pour traverser les routes ou autoroutes. Sachant bien que la traversée de l’autoroute à péage est interdite, les piétons n’hésitent pas à sectionner les grilles de protection pour passer de l’autre côté de la voix rapide, à toute allure, ignorant les passerelles qui leur sont pourtant réservées.

Les transports publics urbains et interurbains illustrent de fort belle manière l’indiscipline des sénégalais. Les chauffeurs de taxis ou de Ndiaga Ndiaye ou de véhicules assimilés font ce qu’ils veulent sur les routes en dépit des nombreux policiers et gendarmes affectés à la sécurité routière. Le naufrage du Joola n’a pas servi de leçon ni à l’Etat qui laisse faire impunément, ni aux chauffeurs de transports publics, maitres absolus des routes dans les faits. C’est pourquoi le nombre de morts par accidents routiers augmente crescendo, d’année en année.

L’indiscipline des sénégalais s’observe aussi au niveau de leur relation avec les ordures. Si Dakar est la capitale africaine la plus salle c’est par ce que les familles et les consommateurs sénégalais jettent les déchets n’importe où. Le sénégalais n’a aucun respect de la chose commune, surtout la voix et les places publiques.

Un peuple aussi indiscipliné que les sénégalais connaitra difficilement l’émergence. Il est prouvé que le développement d’un pays ne peut pas se faire dans le désordre et dans l’indiscipline. Beaucoup d’illustrations de ce constat existent à travers le monde. Tant que le Sénégal ne mettra pas un terme à l’indiscipline, l’émergence restera un mirage pour des générations et des générations.

Pour atteindre l’émergence l’Etat a certes fait beaucoup de choses importantes depuis 2000 : infrastructures, éducation formelle, agriculture, santé, social, etc. Il est temps maintenant que les pouvoirs publics s’intéressent enfin à l’homo senegalensus. Le sénégalais doit changer de comportent dans sa société. Il doit respecter les règles qui fondent la vie en société. Il doit respecter les lois et règlements de la république. Les comportements que nous voyons tous les jours doivent changer obligatoirement pour que notre cher Sénégal se développe enfin. Pour arriver à cette fin, il appartient à l’Etat, à la société civile, à l’école, à l’université, aux chefs religieux, aux élus locaux, aux intellectuels, à la police, à la gendarmerie, à la justice de conjuguer leurs efforts pour ramener les sénégalais à la raison. L’indiscipline a atteint un summum qui menace notre société et notre Etat. Tous les secteurs de la vie économique, culturelle et sociale sont touchés. Parallèlement au travail d’éducation des populations, il est temps de commencer à réprimer sévèrement les actes d’indiscipline caractérisés sur l’étendue du territoire quel que soit leur nature et leurs auteurs. L’Etat doit initier aussi des lois spécifiques applicables aux auteurs d’actes d’indiscipline.

L’indiscipline constitue un obstacle au développement. L’Etat a l’obligation de la combattre sans complaisance s’il veut un Sénégal émergent. Dans le désordre et dans l’indiscipline, point d’émergence quelle que soit la pertinence du plan de développement proposé par les politiques.

Pr Demba Sow

Ancien député

Ancien Conseiller Economique et Social

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