LONASE, CICES, PAD, COSEC… Ces scandales que “piste” le régime de Macky

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L’audition hier, jeudi 31 mai, par la Division des investigations criminelles de Pape Diop, Président du Sénat, et de Farba Senghor, ancien ministre libéral, par la gendarmerie de Colobane, annonce-t-elle l’offensive judiciaire que le régime de Macky Sall entend lancer, dans la foulée des audits de 2008 et 2011, contre les responsables de l’ancien régime ? Lonase, Cices, Port autonome de Dakar, Cosec, Ageroute, Dakar Dem Dikk, ministère de l’Enseignement technique, ministère de la Femme et de la famille… Autant de sociétés et d’institutions indexées par le Procureur de la République, du fait d’une gestion qualifiée de « scandaleuse » des deniers publics.

Moins de trois mois après son accession à la magistrature suprême, Macky Sall remet au goût du jour les « frasques » du régime de Wade dévoilées par les rapports d’audits de 2008 et 2011. Des rapports qui avaient inspecté la gestion de plus de 98 sociétés publiques et ministères avant d’épingler les pratiques « mafieuses » y ayant cours. Détournement de deniers publics, pillage systématique, prébendes, corruption, allocation indue et injustifiée d’avantages, non respect des procédures classiques d’octroi des marchés…

La réactivation de certains dossiers de ces audits par le Procureur de la République Ousmane Diagne avant-hier, mercredi, met ainsi sur la sellette des services de la DIC et de la Gendarmerie d’anciens ministres et directeurs de sociétés publiques qui n’avaient jusque-là pas été rattrapés par le glaive de la justice. Les protections dont jouissaient au plus haut sommet de l’Etat ces responsables, presque tous militants du Parti démocratique sénégalais au pouvoir, avaient fait leur rôle. Sauf pour Modibo Diop, ancien directeur de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser) qu’un rapport d’audit avait rattrapé et conduit en prison. Avec la mise en route de la DIC et de la Gendarmerie, il semble que c’est le pillage systématique que Wade et ses partisans avaient installé comme règle d’or dans toutes les grandes sociétés qui est en train de retomber sur la tête desdits dirigeants.

AWA NDIAYE ET LES CARAFES ET CUILLERES A 37.500 F CFA

L’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) avait décelé une dérive à outrance dans la gestion 2008 de la ministre Awa Ndiaye. Le rapport qui portait la signature du cabinet Mamina Camara avait défrayé de fait la chronique avec les présomptions de surfacturations dans l’achat de certains ustensiles. Le rapport relevait l’achat d’un tapis de prière à 15. 850 F Cfa, d’une cuisinière grand modèle à 2.115 000 FCfa, d’une cuillère à 37000F, d’un couteau à 42000F, d’une carafe à 47 100, d’une imprimante à 845000, d’un sac en cuir de luxe à 245 000, voire d’une clé Usb à 97 500 FCFA. Même si ces révélations avaient choqué l’opinion, ce ne furent pas les seuls faits relevés par le rapport transmis au ministère public. Le document faisait état également d’une somme de 133,637 millions de F Cfa pour quatre fournisseurs logés à la même adresse, de l’inexistence d’une base de données des fournisseurs et prestataires agréés. Ce qui a permis la « répartition » de la majeure partie des commandes à un groupuscule de 04 entreprises choisies par une commission interne plus d’une fois. Que dire par ailleurs de l’achat de brouettes à…14.927.000, un « prix jugé exorbitant par rapport à la réalité du marché, comme du mystérieux gré à gré de 1,116 milliards contracté par Awa Ndiaye avec les « Grands Moulins de Dakar ».

QUAND BAILA WANE JOUE AVEC LA LONASE

La Lonase de Baïla Wane n’échappe pas au cercle de feu. Surfacturation, fractionnement, dépenses sans traces de procès verbaux ou de rapports, signatures en dehors de jours ouvrables, marchés non conformes aux appels d’offres ou sans appel à concurrence… Mené par le cabinet Global management services Audit & Expertise, le rapport dévoilait les dysfonctionnements dans la gestion de la Lonase et de son directeur général, Baïla Wane. La Revue indépendante de la conformité de la passation des marchés des autorités contractantes révèlait en effet des pratiques de rapports ludiques de la Lonase avec la gestion des deniers publics. Les auditeurs faisaient état aussi de dépenses effectuées sans appel à concurrence pour un montant total de quelque 5 milliards 912 millions, de «l’absence d’appel à concurrence» pour le marché de nettoiement des locaux attribué à la société Nickel pour un montant de 34 millions, voire du recours à deux entreprises (Sodic et Ducform) qui présentent des «offres identiques» pour un montant de 110 millions pour la fourniture des programmes de jeux Pmu et Pari sportif. A cela se greffaient, selon le rapport, divers autres gaps dont les fractionnements de marchés, l’absence de permis d’ouverture des plis sans critères techniques et sans rapport d’évaluation…Quid enfin de l’immeuble de la Lonase en construction sur la Foire de Dakar estimé à presque 1 milliard 305 millions et dont les contours financiers révèlent un véritable trou noir.
Dans le sillage des audits, la gestion de Bara Sady a été également passée au crible. Dans la kyrielle de violations du Code des marchés, on note la signature d’avenants pour des montants significatifs non soumis à l’avis préalable de la Direction Centrale des Marchés Publics.

PORT AUTONOME: LE FESTIN DE BARA SADY

Le Port autonome de Dakar a effectué des achats d’un montant d’un milliard 244 millions de F Cfa sous forme de commande sans appel à la concurrence. Ce marché ne s’est fait que sur la base de lettres de commande. Pis, faisaient remarquer les auditeurs, la non inscription de certains marchés dans le plan de passation 2008 s’agrégeait aux cas de fractionnement sur des marchés. Dans le même temps ; un rapport de la Cour des comptes découvrait un partage indu d’une prime de 100 millions de F Cfa par des cadres après l’attribution du marché du terminal à containers. Dans le sillage, on reprocherait également à l’ancien directeur du Port d’avoir distribuer prébendes et avantages divers sans aucune base légale.

KANE DIALLO ET SES «AVANTAGES ROYAUX» AU COSEC

Au chapitre des frais médicaux, les auditeurs relèvent que le Port a supporté pour 84 135 013 F Cfa des frais de proches non couverts de ses agents. En outre, Bara Sady aurait accordé, à hauteur de plusieurs centaines de millions, des « subventions » et « dons » à des structures comme Jappal Majap (5 millions) ou autre Dello Njukkel (3 millions),
L’ancien Dg du Cosec et ministre conseiller à la Présidence sous Wade avait été, lui aussi, épinglé par un rapport avant même son limogeage. Le document évoquait le salaire de base brut mensuel de Kane Diallo qui s’élèverait à 5 millions de francs Cfa. Qui plus est, le directeur du Cosec coûterait mensuellement plus de 8 millions de francs Cfa. Il bénéficiait en effet d’une « gratification égale à 30% du montant global à verser au personnel, d’une dotation mensuelle de 2 000 litres de carburant, d’une indemnité mensuelle de logement établie à 2 millions de francs Cfa et d’un forfait de participation aux frais d’eau, d’électricité et de téléphone de 2 millions de francs Cfa ». Comme si cela ne suffisait pas, le responsable libéral de Ndioum avait « souscrit une police d’assurance maladie pour un montant de 3,3 millions de francs Cfa à 100% pour lui et sa famille ».

Seulement, pour le cas du Cosec, outre les rapports d’audits 2008 et 2009 de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), un rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige) a été greffé à la procédure. Le rapport en question épinglait plusieurs décaissements financiers suspects, ainsi que des marchés entourés de la plus grande nébulosité, orchestrés par le directeur et le président du Conseil d’administration Ahmet Fall Braya. Des éléments confortés par les audits successifs de l’Armp qui ont, entre autres, révélé que l’argent du Cosec a servi à acheter des tissus pour des militants du …. Parti démocratique sénégalais (Pds).

LE CICES, FOIRE RENTIERE DE SEYDOU TOURE

Le Centre international pour le commerce extérieur du Sénégal (Cices) est lui entré dans le collimateur de la justice, à la suite de la transmission au parquet d’un rapport d’audit (cabinet Business System consulting Group-2008). Le Cabinet a épinglé des contrats par entente directe non autorisée, pour un montant global estimé à 96.350.870 FCFA. Mais aussi des marchés non-inclus dans le plan de passation des marchés, pour un montant estimé à 17.700.000FCfa (aménagement parking, désensablement…). A côté, les auditeurs relèvent les informations inexactes de certains procès-verbaux de réception et d’ouverture des plis, le fractionnement des marchés avec des commandes additionnelles quasi-systématiques, la location de groupes électrogènes pour un montant de 13.559.000 F CFA TTC, alors que l’appel d’offres pour l’acquisition des groupes a été déclaré… sans suite par la Commission des Marchés.

La liste des structures et de sociétés éclaboussées par ces rapports d’audits n’est pas exhaustive. Au total, c’est en effet une flopée de directeurs et de responsables libéraux qui sont dans le collimateur de Dame justice. Et surtout sous sous l’œil du Parquet et du Procureur de la République qui ont aussi, dans la ligne de mire, les gestions problématiques de Christian Salvy à Dakar Dem Dikk, de Mbaye Kébé à l’Agence de Développement municipal), d’Ibrahima Ndiaye à l’Ageroute, d’El Hadj Malick Sarr à l’Anreva ou autre Mathiacco Bessane à l’Anacs.

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