Macky 2012 : Un coup de froid par Mamadou Thiam

L’Etat est froid a t-on l’habitude de dire, mais les hommes qui le dirigent ne doivent pas l’être. Le réaménagement ministériel opéré ce lundi 29 Août nous sert de prétexte pour donner une opinion sur la façon dont le Sénégal est gouverné depuis l’avènement du Président Macky Sall.
Certes, depuis plus de six mois que le nouveau gouvernement est mis en place, l’impression la plus partagée est que les choses ne bougent pas. Les sénégalais se sont levés comme un seul homme pour élire un homme à la tête d’une équipe, pour apporter des solutions durables aux maux qui gangrènent notre société, depuis plus de cinquante ans.
Mais depuis six ou plus mois c’est le statu quo. Des interrogations fusent de partout. Le Président Macky Sall en Chef d’Etat responsable a jugé nécessaire d’opérer des mesures appropriées pour palier à cette situation. Mais en voulant satisfaire la demande sociale, et aussi s’épargner les foudres de BBY, il ignore, à la limite snobe même ses soutiens d’hier. Ceux qu’il considère comme ses alliés d’aujourd’hui ne travailleront jamais pour sa réélection ; ceux là n’ont pas donc intérêt à ce qu’il fasse des résultats.
Idrissa Seck du REWMI a annoncé la couleur à l’occasion de la fête de la Tabaski. L’histoire nous édifiera, mais nous sommes fondés à croire que le Président Macky Sall est entrain d’engraisser ses adversaires de demain. Aussi, ce semblant de remaniement a-t-il mis a nu des relents de trahison ourdis par des hommes tapis dans l’ombre. Qui sont-ils ? Je donne ma langue aux chats. Mais leurs victimes par contre sont connues de tous. Ils ont pour nom : Alioune Badara Cissé(le téméraire et tribun hors pair), Mbaye Ndiaye ( le dévoué) Ibrahima Sall (l’ami et infatigable rassembleur), mais le plus grand laissé pour compte demeure la coalition Macky 2012. Cette coalition « primaire » (c’est le terme à connotation péjorative qu’on lui attribue aujourd’hui), composée d’hommes et de femmes qui ont tout donné pour faire accepter la pertinence d’une candidature plurielle contre Abdoulaye Wade, cette coalition se voit réserver aujourd’hui le sort d’une entité équivalente à moins que rien. Cela alors explique tous ces soubresauts orchestrés auparavant pour ternir l’image de son coordonnateur Ibrahima Sall. Des énergumènes se sont levés pour tirer à boulets rouges sur le seul ministre que comptait Macky 2012. Ce qu’on lui reprochait cependant dépendait de la seule compétence du Président de la République qui nomme à tous les postes, civil et militaire. Mais qui veut tuer son chien l’accuse de rage.
Le Président du MODEL, fièrement, quitte le département de l’Education Nationale avec des réalisations spectaculaires effectuées en un temps record de six mois. Entre autres succès à son actif nous pouvons noter : le sauvetage de l’année scolaire après cinq mois de grève, l’organisation des examens du BFEM et du BAC sans anicroches et avec à la clef les meilleurs résultats de ces trois dernières années ; peut-on noter aussi le sauvetage de 590 écoles des inondations, une rentrée scolaire calme dans un moment trouble, sans oublier l’assainissement financier dans un ministère ou depuis 5 ans, des préavis de grève étaient lancés dès le mois d’octobre, synonyme de fin de budget. Il faut noter un dialogue renoué avec les syndicats qui depuis huit mois ne parlaient plus avec l’Etat. Le lancement des premiers jalons des assises de l’éducation et l’instauration la semaine dernière d’un plateau de dialogue consensuel avec les syndicats, constitue le point d’orgue. Certes sur les 53 syndicats existants, seuls 2 ont contesté le Ministre Ibrahima Sall qui est traité « d’aérien » par un ancien secrétaire général débarqué ; par contre les 50 autres le trouvent concis et performant. Même le Bon Dieu n’a pas l’unanimité. Mais notre ministre « aérien » a réaliser en 7 mois ce que ses prédécesseurs n’ont pu faire en 5 ou 6 ans.
On nous rapporte souvent l’adage selon lequel « on règne avec ses amis, mais on gouverne avec des compétences ». Et quid des amis compétents et loyaux jusqu’à la proclamation des résultats finaux ? On a beau moraliser, mais nul analyste politique ne saurait douter de la compétence d’un ABC ou de l’entregent politique d’un Mbaye Ndiaye. On gagne ensemble et on gouverne ensemble. Et on assume les conséquences ensemble.
Le peuple est le seul juge et je ne pense pas qu’il puisse comprendre la manière dont ces valeureux tombeurs du régime Wade sont sortis, manière qui frise l’humiliation. Je ne pensais pas le Président Macky Sall capable de procéder ainsi, bien qu’un homme d’Etat ne doive pas avoir d’état d’âme. Le Président est élu pour servir le Sénégal et non ses alliés, tout de même il doit respect et considération à ces derniers. On ne peut pas aller jusqu’à dire qu’il a trahi des hommes, toutefois certains de ses engagements n’ont pas été respectés, osons le dire. C’est le sentiment de quelqu’un qui se sent blessé dans son orgueil, mais aussi victime de sa naïveté. Président un jour, mais pas pour toujours. Un autre Président disait ceci : « quand on saute et se retrouve sur ses fesses, il reste encore un autre à faire ». Il s’agit du Président Lamine Gueye. Cette maxime est à méditer.
Nous prenons acte de cet état de fait qui du reste, constitue un premier coup dur d’un compagnonnage jusque là sincère. Nous renouvelons notre confiance au Président du MODEL Monsieur Ibrahima Sall, qui a toujours été un exemple de fierté et de persévérance dans les plus difficiles épreuves.

Mamadou Thiam
Secretaire National Chargé des Elections
Et du Marketing Politique
MODEL (Mouvement pour la Démocratie et les libertés)