Six mois après l’avènement de Macky Sall à la tête du pays, la diplomatie sénégalaise a vécu des hauts et des bas. En choisissant Banjul comme destination de sa première sortie officielle pour rencontrer son homologue gambien Yaya Jammeh, le tout nouveau président du Sénégal a posé un acte perçu par de nombreux observateurs, comme un signal fort dans la recherche d’un règlement de la crise casamançaise.
Dakar a démontré par cette visite, la nouvelle orientation que les nouvelles autorités veulent imprimer au processus de paix, par l’implication de ses voisins. La Gambie est, avec la Guinée Bissau deux terrains propices à renouer le dialogue avec les dirigeants du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc). A ce jour, seul la Gambie a reçu Macky Sall en visite officielle, pour ce qui concerne ces deux pays-clé pour la résolution de la crise. Avec des résultats mitigés, peut-on constater. Car si, d’une part, la rencontre avec Jammeh a permis un retour à la normale des relations après des épisodes plutôt crispés sous l’ère Wade, la suite a soulevé des nuages après que deux Sénégalais condamnés à morts ont été exécutés. L’ire du dirigeant sénégalais suivie de la convocation d’urgence de l’ambassadeur gambien à Dakar par le premier ministre Abdoul Mbaye, a quelque peu refroidi les ardeurs des retrouvailles au sommet.
La question qui a défrayé la chronique et mobilisé l’opinion nationale et internationale semble maintenant connaître un apaisement avec l’implication de Me Souleymane Ndéné Ndiaye ancien et dernier premier ministre du président Abdoulaye Wade. Son déplacement en Gambie a permis d’arrondir des angles.
Sur le même registre, la visite du président Sall en Mauritanie a permis de dissiper les nuages grâce aux bons offices du président Ould Abdel Aziz qui après avoir envoyé un émissaire en Gambie pour une conciliation, a facilité la reprise du contact entre les deux chefs d’Etat, au téléphone. D’une pierre, Macky Sall a fait deux coups à Nouakchott, en abordant avec son homologue du Nord le très sensible dossier de la pêche, le transport transfrontalier et la situation des Sénégalais vivant en Mauritanie. Là aussi, les relations ont été lancées dans la perspective de renforcement de l’amitié et de la fraternité entre les peuples.
Fait inédit dans la sous région, la crise malienne s’impose comme un autre dossier brûlant et une source d’inquiétude pour le président Sénégalais. Aziz et Sall ont eu des échanges sur la question, les deux capitales craignant des effets de contagion dans leurs propres pays. Les avis et conseils du président mauritanien sont à cet égard les bienvenus pour Dakar, le chef de l’Etat mauritanien ayant une certaine expertise dans la lutte contre les bandes armées dans le Sahel. La Mauritanie n’est plus membre de la Cedeao, mais peut beaucoup apporter à l’organisation régionale, notamment pour le traitement de crise comme celle qui prévaut dans la partie nord du Mali occupée par des groupes dont des éléments d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Sauf que pour les autorités sénégalaises et jusqu’à nouvel ordre, il n’est pas envisagé d’envoyer des militaires sénégalais combattre sur le terrain. L’armée sénégalaise est déjà engagée dans plusieurs pays en crise, expliquent des sources autorisées pour justifier la position de Dakar qui a déjà accueilli un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, sur le Mali et la Guinée Bissau, alors que Macky Sall venait d’être investit président de la République.
Toujours dans la sous région, le Président Sall a eu à recevoir son homologue du Nigéria Goodluck Jonathan dont le pays est la première puissance économique et militaire de l’Afrique subsaharienne.
Après la sous-région, c’est plutôt du côté de la France que le nouveau président a regardé, avec deux audiences avec les présidents successifs, Nicolas Sarkozy et François Hollande. La rencontre avec ce dernier à l’Elysée a permis de passer la coopération bilatérale au peigne fin. Des sources avancent aussi que François Hollande effectuera un voyage éclair au Sénégal, avant de rejoindre la RDC où doit se tenir le sommet de la francophonie les 12 et 14 octobre prochain.
Avec les Etats-Unis, le ton a été donné par la visite à Dakar de Mme Hillary Clinton. La Secrétaire d’Etat américaine a saisi l’occasion de louer la démocratie sénégalaise. Notre pays a été donné en modèle pour l’Afrique, d’autant que le Sénégal reste le seul pays d’Afrique de l’Ouest à n’avoir jamais connu de coup d’Etat militaire.
Le chef de l’Etat vient également de rentrer à Dakar au terme d’un séjour de cinq jours aux Etats-Unis où il a pris part à la 67ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Au cours de son séjour à New York, Macky Sall s’est entretenu avec son homologue béninois, Yayi Boni à l’occasion d’une table ronde organisée par le Millenium challenge corporation (Mcc) sur l’Etat de droit, la démocratie et le développement économique et social.
Le financement de 280 milliards de FCFa du Mcc au profit du Sénégal va permettre de démarrer dans les prochaines semaines, les travaux de réalisation d’infrastructures routières : le tronçon de la nationale 6 qui relie Ziguinchor à Vélingara en passant par Kolda, le Pont de Kolda et la route Richard-Toll-Ndioum, avec la construction du pont de Ndioum ainsi que l’aménagement de 10.000 hectares de terres irriguées dans la Vallée du fleuve Sénégal.
Dans les pays arabes, le président Macky Sall en sa qualité de président en exercice de l’OCI, a été l’hôte du serviteur des deux saintes mosquées.
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