Macky Sall s’est montré plus pro-Exécutif que chef d’État dans la grogne des magistrats

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Le gouvernement sénégalais parle d’efficacité pour justifier la retraite à 68 ans des présidents et procureurs généraux de la Cour suprême et des Cours d’appel. Les magistrats contestent cette orientation au motif qu’elle est discriminatoire. Il est difficile de se ranger derrière une de ces positions manichéennes parce qu’elles sont chacune, à elle seule, source de dogmatisme et de déséquilibre. En prenant fait et cause pour la réforme, malgré l’opposition des principaux acteurs du pouvoir judiciaire, le président de la république s’est défait de sa casquette de chef de l’État au profit de son sommaire statut de patron de l’exécutif.
À peu près 18 magistrats de quelques hautes instances sur 500 vont bénéficier de cette extension de 3 ans de l’âge de la retraite. Dans ces conditions, il est illusoire d’espérer une retombée significative dans la diligence des dossiers soumis à dame nature. Par ailleurs, n’est-ce pas nier la prérogative de l’Exécutif à définir la politique de la justice en s’opposant, sous la menace d’une grève, au projet de révision? À ce niveau, il y a deux réalités dans l’attitude des juges rebelles qui s’entrechoquent et en perdent plus d’un : celle d’employés de l’État et celle de représentants du Pouvoir judiciaire.
Il n’est pas déterminant de constater qu’en France le président de la Cour de cassation prend sa retraite à 68 ans et qu’il est élu par ses pairs. Peu importe les soupçons de calculs politiciens destinés à conserver dans le décor des magistrats favorables au régime ne tiendront pas la route parce que trop charlatanesques. Ici et là, il y va de la préservation de relations saines et sincères entre les pouvoirs judiciaire et exécutif et législatif. C’est aussi ça l’esprit républicain. Et, il incombe au chef de l’État d’y veiller en sa qualité de clé de voûte des institutions.
Birame Waltako Ndiaye
[email protected]

7 Commentaires

  1. Sacré Waltako. J’ai écouté beaucoup de juristes et d’homme politique s’épancher sur le sujet. Je n’ai pas encore entendu quelqu’un aborder la question sous cet angle. Tu as le don d’être très original. Bravo

  2. Monsieur Ndiaye, votre analyse est trop simpliste, voire superficielle et démontre, au passage, un manque de culture juridique et administrative manifeste. En écrivant « n’est-ce pas nier la prérogative de l’Exécutif à définir la politique de la justice en s’opposant, sous la menace d’une grève, au projet de révision? », vous ignorez que nombre d’acquis sociaux que nous bénéficions tous aujourd’hui (congés payés, repos hebdomadaire, assurances sociales, avantages corporatifs, etc.) sont le fruit de confrontations sociales, parfois violentes et contraires à l’ordre légal établi, dont l’issue ne dépendait que des rapports de forces en présence. Par conséquent, la légalité n’empêche pas de contester, surtout lorsqu’on légifère pour des intérêts particuliers. Par conséquent, les magistrats sont dans leur droit de défendre leurs intérêts matériels et moraux et je trouve que vous exagérez ou vous faites preuve de légèreté en les taxant de « rebelles ». Lorsqu’ils se battent pour une meilleure administration de la justice, c’est nous les justiciables qui en seraient les principaux bénéficiaires en bout de ligne. Vous faites preuve de cécité intellectuelle, pour un analyste et/ou vous révélez votre caractère partisan (du pouvoir) lorsque vous écrivez « Peu importe les soupçons de calculs politiciens destinés à conserver dans le décor des magistrats favorables au régime ne tiendront pas la route parce que trop charlatanesques. » En effet, il est manifeste que l’un des enjeux majeurs de cette réforme (qui recèle d’avancées significatives) est purement politique : le contrôle du « Pouvoir » judiciaire. Ignorer cela, vous ôte toute crédibilité. Sinon, comment justifier cette mesure de prolongement de l’âge d’admission à la retraite pour seulement 18 personnes alors qu’elle aurait été plus judicieuse de la prendre pour conserver nos matières grises arrivées à pleine maturité (Professeurs d’université de rang A) ? J’ai beaucoup d’autres choses à dire, mais je ne souhaite pas que mon commentaire soit plus long que votre analyse !
    Ibrahima Sadikh NDour

    • Bonjour M. Ndour
      Le texte ne vise qu’à mettre l’accent sur la confusion entre le principe de séparation des pouvoirs et le rapport d’employeur et d’employés entre l’exécutif qui définit au nom de l’état la politique de justice et les magistrats qui appliquent la loi. Il ne s’agit aucunement de fustiger les réclames d’uniformité des juges. En réalité, ce sont les manquements du chef de l’État à son devoir de garantir l’équilibre entre les pouvoirs que j’ai voulu décriés. Quand je dis que les calculs politiciens sont charlatanesques, vous devez comprendre que c’est pour isoler dans l’analyse la portée politique dans l’analyse dont le but est de mettre en relief les dysfonctionnements dans la mise en œuvre du principe républicain de séparation des pouvoir. Par ailleurs, je comprends que le mot rebelle soit chargé négativement compte tenu du précédent en Casamance, cependant la définition au premier degré n’est que refus de se soumettre à l’autorité.
      Néanmoins, je trouve votre commentaire très constructif et vous en remercie.

  3. Merci beaucoup Monsieur Ndiaye d’avoir pris la peine de me répondre. Avec vos explications, votre texte devient plus clair à mon niveau. Bonne continuation et au plaisir de vous relire.
    Ibrahima Sadikh NDour

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