“Macky Sall-Tanor Dieng : Marchandage d’épiciers autour d’une institution-pirate”, Par Momar Dieng

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Le “lien” qui relit et unit des hommes politiques, c’est le bloc d’intérêts que les uns peuvent tirer des autres, et vice versa. Et dans ce système où la corruption fonctionne dans tous les sens et à tous les niveaux, le principe de confiance reste un bien grand mot : on se surveille, on s’épie. Entre le président de la république et le Parti socialiste, ce jeu de gribouille qui dépasse le ridicule a bien fonctionné ces jours derniers.

Macky Sall tient à constituer des listes uniques avec sa garde rapprochée de Benno bokk yaakaar (Bby) pour les législatives de juin 2017. A son niveau, c’est une question fondamentale de survie de son pouvoir qui en jeu. Une posture qui le met naturellement dans une situation de dépendance tenable jusqu’ici. En manque de certitudes sur l’état de l’opinion à son égard, il ne prend aucun risque qui fragiliserait ses alliances. Alors, quand le Ps veut que lui soit accordée la présidence de l’institution-pirate dite Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), il n’hésite presque pas. Ce sera oui d’autant plus que l’ennemi héréditaire des socialistes, Moustapha Niasse, gère scrupuleusement et avec dévotion les intérêts du chef de l’Etat à l’assemblée nationale depuis quatre ans. Question de parallélisme !

Mais en plaçant Tanor Dieng à la tête du machin-Hcct, Sall exige une monnaie d’échange. Celle-ci ne pouvait donc être que l’arrimage du Ps à des listes communes aux élections parlementaires de l’année prochaine. Dans la foulée de la confirmation du leader socialiste au poste convoité, le Ps tenait une conférence de presse – en l’absence de Dieng – pour effectivement annoncer sa pleine disponibilité à suivre la volonté du président de la république.

Pour assurer ses arrières contre toute insubordination qui tenterait son allié, Macky Sall reconduit avec Ousmane Tanor Dieng exactement le même procédé utilisé avec Moustapha Niasse : un contrat à durée déterminée (Cdd) transformable en contrat à durée indéterminée (Cdi) si et seulement si… La convention de sujétion ne dessert ni l’un ni l’autre.

Le Ps n’avait pas trop le choix. Comment refuser des listes communes aux législatives de 2017 après les avoir acceptées à celles de 2012 ? Comment refuser cette perspective alors que le principe de « gouverner ensemble » est mis en œuvre depuis quatre ans ? Comment dire non alors que la cohabitation avec le chef de l’Etat est jugée fructueuse en dépit des fritures intervenues dans le scénario mis en place aux premières heures de la deuxième alternance ?

En fait, le Parti socialiste, comme les autres formations satellites du pouvoir, est allé déjà trop loin dans la collaboration avec le président de la république. Il ne semble plus disposer de marge de manœuvre politiquement acceptable en interne ou devant l’opinion pour se défaire de l’étreinte présidentielle et de ses marqueurs. Les résultats tirés des procès-verbaux de consultation des unions régionales du parti par rapport aux échéances électorales sont en adéquation avec l’ancrage dans le pouvoir des responsables de la ligne Tanor.

Momar Dieng

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