Macky Sall veut dégager toute responsabilité face à la situation économique et sociale catastrophique du pays (par la Cellule Economique de la République des Valeurs)

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Face à nos alertes répétées sur la dégradation de la situation économique, budgétaire et sociale, le Président Macky Sall a été contraint de réagir entre deux accolades avec son « père » politique réconcilié. Les réponses de Macky Sall, relayées largement par la Presse, ont consisté à nier la situation économique et budgétaire catastrophique du Sénégal, les engagements pris auprès du FMI pour un ajustement structurel, l’appauvrissement et la dégradation des conditions de vie des sénégalais.
Pour Macky Sall, tout va mieux dans le meilleur des mondes. Soit le Président, issu des couches les plus modestes de notre société, s’est embourgeoisé et a perdu tout contact avec le vécu des citoyens et entreprises sénégalais, soit il veut à dessein présenter une situation fausse du pays.
Nous vous présentons ici une analyse des propos du Président avec des faits vérifiables qui contredisent sa présentation d’illusionniste de la situation de notre pays. Pour rappel, voici la déclaration du Président Macky Sall : « Quand j’entends que le Sénégal est en train d’aller vers des ajustements je me demande de quel pays on parle. Un pays qui fait des gratuités de soins pour les enfants de zéro à cinq ans, pour les plus de soixante ans, qui vient de décréter la gratuité de la prise en charge de la chimiothérapie des cancers féminins. Qui a développé tant de politiques sociales. Qui donne 30 milliards de bourses aux familles les plus démunies, 30 milliards à la Der. »
Macky Sall a bien décidé et débuté un ajustement budgétaire. Les premières mesures gouvernementales d’ajustement budgétaire ont été prises dès le mois de juin 2019 avec une hausse des taxes douanières suivie de l’augmentation des prix de l’essence et du gasoil. Il y a également des pressions financières et syndicales fortes pour hausser les tarifs de l’électricité, et les prix du ciment et du pain entre autres. Le Président Macky Sall a lui-même annoncé d’autres « potions magiques » et « mesurettes budgétaires » telles que la fermeture de certains consulats et la réduction du coût des appels téléphoniques de l’Etat. La dernière mission du FMI (voir leur communiqué de presse du 23 septembre 2019) a bien confirmé l’objectif de ces mesures et annoncé la couleur pour 2020 : « Des mesures à court terme ont été déployées pour accroître le recouvrement des recettes fiscales. La préparation du budget 2020 repose sur des efforts visant à accroître la mobilisation des recettes fiscales et à rationaliser les dépenses de fonctionnement du gouvernement. » Pour les yeux moins avertis, entendez que le FMI continuera à pousser Macky Sall à augmenter la pression fiscale, à hausser les prix des produits énergétiques et denrées alimentaires et à comprimer les dépenses publiques. Ainsi, après avoir surendetté le Sénégal avec des infrastructures sans fondement économique et sociale, Macky Sall continuera à demander aux sénégalais les plus pauvres et les plus fragiles – les paysans, les éleveurs, les travailleurs précaires, les étudiants – à payer le prix de sa mauvaise gouvernance et gestion économique du pays.
L’enjeu de la sortie médiatique de Macky Sall est de nier toutes conséquences sociales de l’ajustement qu’il a lui-même causé. Et pour cela Macky Sall est prêt à amener les sénégalais vers de fausses bonnes idées qui fragilisent notre économie et les services publics. La gratuité des soins ne se décrète pas elle se construit. Imposée sans analyse préalable, elle a contribué à affaiblir la situation financière de nos hôpitaux et à dégrader la qualité des soins. Par conséquent, aujourd’hui, face à un Etat surendetté et sans liquidité, la grande majorité des hôpitaux refusent d’appliquer ces décisions et demande presque tout à leurs patients, jusqu’à l’achat de seringue dans certains établissements. Concernant les bourses familiales, d’après la Banque mondiale « ce programme lancé par le Président de la République (en 2013) doit démontrer son impact et son efficacité » (Projet de Filets Sociaux, Second Financement Additionnel, page 3 paragraphe 8). Comprenez que ce programme n’avait encore démontré ni impact ni efficacité au moment où ces lignes étaient écrites par les experts de la Banque mondiale (Décembre 2018). Le seul indicateur de « succès » avancé par le gouvernement a été le nombre croissant de bénéficiaires…donc de familles pauvres ! En effet, deux ans après le lancement des bourses familiales, plus de 56 pourcent des sénégalais se considéraient comme pauvres, soit 8 millions d’entre nous (voir rapport de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie sur la pauvreté et les conditions de vie des ménages, 2015).
Fort est de constater que Macky Sall fait fausse route : une stratégie de développement et de réduction de la pauvreté basée sur des infrastructures de prestige et électoralistes non productives combinées à des transferts monétaires faibles est inefficace. Notre pays a plutôt besoin que l’on modernise et développe ses secteurs et filières pour les rendre plus productifs, créateurs d’emplois, et de revenus décents, et que l’on garantisse l’accès à des services de base de qualité dans tout le territoire national. Pour cela, il nous faut renforcer notre gouvernance économique pour la rendre plus efficace, transparente et juste.
Macky Sall a montré qu’il n’incarnera pas cette rupture. Il ne lui reste plus qu’à continuer son plan d’ajustement structurel en essayant de limiter la grogne sociale et les conséquences politiques pour son dernier mandat. Pour cela le dialogue national et les amnisties réciproques pour crimes économiques lui serviront de paravent et d’accélérateur des mesures les plus dures de l’ajustement structurel. Ainsi le Président Macky Sall finira son dernier mandat en dégageant toute responsabilité individuelle face à la situation catastrophique du pays et aux conséquences économiques et sociales de l’ajustement structurel. Non ! Monsieur le Président de la République, c’est aussi cela la reddition des comptes.

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